L’atelier Big City : Pour la forme
Dans le cadre d’une série d’expositions visant à mieux faire connaître de jeunes architectes montréalais, trois membres de l’atelier Big City ont investi avec leurs projets l’opulent décor de la Maison Shaughnessy. Showroom imaginaire.
Découvrez quelques unes des plus belles photos exposées dans le cadre del’exposition ÇA JAZZ, présentée du 16 juin au 18 juillet à la galerieMistral, Édifice Belgo, 372 rue Ste-Catherine Ouest, espace 424.Du mardi au samedi de 12h00 à 18h00.
Infos: (514)868-1627
Le Centre Canadien d’Architecture ne fait pas que s’intéresser à l’architecture américaine. Depuis quelques années, le CCA réserve à l’occasion la salle Sottsass, située dans l’historique Maison Shaughnessy, à de jeunes architectes montréalais, pour qu’ils s’en servent comme d’un laboratoire. Quitte à y développer un projet expérimental, n’ayant pas forcément de liens apparents avec l’architecture. Jacques Rousseau, par exemple, a transformé la monumentale table de Sottsass, qui donne son nom à la salle, en une forme de théâtre de monuments miniatures. Outre Rousseau, la série a accueilli également Sophie Charlebois, Pierre Thibault, et l’Atelier In Situ.
La cinquième exposition de la série est l’ouvre du groupe Big City, composé d’Anne Cormier, de son compagnon Randy Cohen – en l’occurrence le commissaire invité de cette série (!) – et de Howard Davies. Dans l’esprit de leur travail, qu’ils définissent eux mêmes comme en étant un de structure et de volumes, le trio a inséré dans l’opulent décor victorien de la Maison Shaughnessy une structure en colombage métallique, au sein de laquelle ils ont étalé des images de leurs réalisations et de leurs projets: le centre d’interprétation du Bourg de Pabos en Gaspésie (construit), la Maison de l’Arbre au Jardin Botanique (concours), le Centre d’interprétation de la place Royale (concours), la gare maritime de Yokohama (concours), la parc de l’Aventure basque en Amérique à Trois-Pistoles (construit).
Une sorte de CV tridimensionnel, un «pitch» promotionnel élaboré, comme le titre lui-même le suggère, Showroom x. «C’est une manière un peu ironique de voir ça, explique Anne Cormier. Ce qu’on a voulu montrer, c’est la façon dont on conçoit le projet, dont on travaille. Ces dessins représentent un monde imaginaire; et, dans le meilleur des cas, sur le point d’être réalisé. On voulait aussi inviter le spectateur à entrer dans l’espace. Le travail de conception n’est habituellement pas très bien compris du public. La structure de colombage est en elle-même un échantillon de notre travail.»
Aux images colorées – un point fort de leur travail – , prises à différentes étapes de conception et traitées par ordinateur, se greffent des textes, narratifs ou métaphoriques, qui nous introduisent au cour de leur façon de travailler. «On part souvent d’histoires, comme dans ce projet d’un stationnement pour les Jeux olympiques d’Atlanta (pas construit), pour lequel on a imaginé de grandes cheminées, dans l’esprit des BBQ que les gens se font dans ces lieux avant les matchs.»
Le concept du showroom imaginaire, en tout cas, ne saurait mieux convenir à des architectes qui, malgré qu’ils soient parmi les mieux considérés de leur génération, n’ont que relativement peu de réalisations concrètes à leur actif. «Cela fait dix ans qu’on travaille ensemble, et on travaille beaucoup à travers les concours, qui sont rares, mais pas autant que les commandes», explique Cormier. Il met également en relief, indirectement, la situation difficile dans laquelle se trouvent les architectes, surtout les jeunes, au Québec.
Contrairement à ce qui se fait notamment en Europe, la province n’a pas encore institué le régime des concours. Qui plus est, les règles existant pour les rares cas d’exception tiennent compte des réalisations passées en termes de budgets et de pieds carrés, ce qui ne favorise pas les nouveaux venus. «Ces critères reflètent peut-être l’expérience, mais ne tiennent pas compte de la nature esthétique des contributions», déplore Cormier, qui espère dans le même souffle que le Québec adopte enfin une politique officialisant et normalisant la pratique des concours. En attendant, le petit milieu de l’architecture a les yeux rivés actuellement sur le prochain concours significatif, celui de la Grande Bibliothèque.
Big City. Showroom x
Centre Canadien d’Architecture
jusqu’au 24 octobre
Melvin Charney
Parlant d’architecture montréalaise, on ne saurait passer sous silence la parution récente du livre Melvin Charney: Parcours de la réinvention/About Reinvention. Publié par le Frac Basse-Normandie, où avait lieu l’an passé une exposition consacrée à Charney, ce volume lourd comme un pavé retrace corpus par corpus le travail de cet architecte qui n’a pas fait d’architecture. En fait, pas au sens construit du terme. C’est que Charney, bien qu’architecte de formation, et longtemps professeur d’architecture à l’Université de Montréal, a concentré l’essentiel de son action à commenter l’architecture, par le biais d’écrits, de dessins, de sculptures publiques, d’interventions urbaines, vus entre autres lors du célèbre Corridart, en 1976. Au centre de sa réflexion, l’autoréflexivité de la ville. Outre les textes de Charney lui-même, qui s’explique et se commente de long en large, le volume comprend des essais de Jean-François Chevrier (Paris), de Johanne Lamoureux (Montréal) et de Jun Teshigawara (Tokyo).
ça jazz / All that jazz
Qui dit jazz, dit photographie de jazz. S’il est une musique qui a inspiré les photographes, c’est bien celle-là, au point de devenir un genre en soi, avec ses conventions et son histoire. A l’occasion du Festival de Jazz, la galerie Mistral, créée en décembre dernier avec le projet de se consacrer exclusivement à la photographie, présente les travaux de quatre photographes canadiens ayant pris le jazz pour sujet. Diane Dulude signe de sobres quoique flatteurs portraits de musiciens, en gros plan. Diane Moon brosse ses clichés de spectacles directement sur le négatif comme s’il s’agissait de tableaux improvisés. Chez Jean-François Leblanc, de l’Agence Stock, les concerts deviennent des événements d’actualité, mouvementés, imprévisibles.
Enfin, on appréciera tout particulièrement, pour leur valeur historique et esthétique, les clichés signés Paul Hoeffler. Depuis les années cinquante, ce Torontois qui a eu Minor White comme professeur a capté tout ce que le jazz compte de légendes. La galerie Mistral présente quelques-unes des pièces qui ont fait sa renommée, dont d’admirables images d’Art Blakey et de Sarah Vaughan. Les fans apprécieront. (Tout est en noir et blanc, comme il se doit…) Dans la petite salle, on peut voir des essais d’abstractions paysagistes du Montréalais Charles Gurd.
Galerie Mistral
jusqu’au 18 juillet
Voir calendrier Arts visuels