Au fils des ans, la Chambre blanche nous a habitué à des événements tenus dans des endroits inhabituels, curieux, mais jamais dénués d’intérêt. On se souvient, entre autres, des installations à l’église Notre-Dame-de-Grâce et à la Maison Gomin, à l’occasion du 20e anniversaire du centre ce printemps. On n’a pas oublié non plus «Chambres d’hôtel», qui occupait des chambres d’hôtels de la Vieille Capitale ou «D’une marche à l’autre», qui prenait place dans un escalier reliant la Basse et la Haute-Ville.
Voilà donc que le centre d’artistes remet ça, avec une série d’installations dans la tour à boyaux, un endroit singulier où les pompiers de Québec rangeait jadis leur matériel. «On organise régulièrement des événements de ce genre, d’abord par rapport à notre mandat, celui de proposer des ouvres in situ, mais aussi parce que c’est un moyen de prendre contact avec un plus large public. Ces lieux, un peu inusités, sont pour les artistes une source d’inspiration, de beaux défis», explique Lisanne Nadeau, coordonnatrice à la programmation.
«Défi», c’est bien le mot qui convient, en effet, lorsqu’on se met en tête d’occuper, pendant quatre mois, la tour à boyaux du Centre d’interprétation de la vie urbaine de Québec. Surtout si l’on tient compte de l’aspect physique d’une tour, caractérisée par la superficie restreinte du plancher et une hauteur vertigineuse. Pas moins de cinq artistes explorent ainsi les multiples facettes de cette curiosité architecturale et s’y succèdent à tour de rôle. Le premier a exploité l’élévation du bâtiment (Florent Cousineau, du 15 mai au 7 juin), le second s’est attaché à l’étirement formel de la tour (François Lamontagne, du 12 juin au 3 juillet) et enfin une troisième s’est intéressé à l’aspect poétique du lieu (Guylaine Coderre, du 9 au 19 juillet). Très bientôt, un quatrième prévoit se pencher à l’ambiance à la fois brute et mystérieuse du site (François Robidoux, du 28 août au 20 septembre) mais, pour l’heure, voici venu le tour de Mario Girard (du 21 juillet au 23 août). Ses pièces travaillées dans du bois de grève jonchent actuellement le plancher de la tour, avec ces immenses structures métalliques qui les dominent en hauteur. Girard s’est surtout laissé inspiré par l’aspect monumental de l’endroit. Et bien qu’il ne s’agisse pas de l’exposition la plus touchante de l’événement (elle a un petit quelque chose d’éparpillé et d’indécis qui lui fait perdre un peu de sa force), elle marie admirablement et d’une manière assez poétique des matériaux bruts tels que le bois, la vieille pierre des murs et le métal rouillé. En cela, l’ouvre retient tout de même l’attention.
Jusqu’au 23 août
Au Centre d’interprétation de la vie urbaine
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