Pour la première fois, le Conseil québécois de l’estampe présente les finalistes du Prix Albert-Dumouchel chez Engramme. Rencontre avec la relève.
Ne cherchez pas. Les noms des artistes qui ont réalisé la quinzaine d’ouvres qui ponctuent actuellement les murs de la galerie Engramme vous sont assurément inconnus. Bibeau, Radulescu, Gervais et compagnie poursuivent tous des études universitaires ou collégiales en arts plastiques et sont les treize finalistes d’un concours organisé par le Conseil québécois de l’estampe, le Prix Albert-Dumouchel (appellation rendant hommage à cet artiste qui a largement contribué à l’essor de la gravure au Québec, non seulement par son ouvre, mais aussi par son enseignement au point de porter le titre de Père de la gravure québécoise).
Ne cherchez plus, donc. Ils n’ont pas encore leur nom écrit en lettres d’or au panthéon de l’histoire de l’art. Ils sont de la relève et, à voir le professionnalisme et la maîtrise du médium dont ils font preuve dans l’ensemble, elle paraît plutôt prometteuse, cette relève. Entendons-nous: il y a tout de même ici et là quelques ouvres un peu faibles avec des contrastes de noir et de blanc dépourvus de subtilité et de sensibilité, avec des traits en saccade qui dessinent le contour d’une forme au surplus banale. Mais certains marient avec intelligence le substantiel du propos et l’audace de la facture. C’est le cas de Mylène Gervais, lauréate universitaire, dont les deux eaux-fortes illuminent littéralement l’ensemble. Elles ne sont pas sans rappeller les ouvres d’artistes américains des années 80 qui, à l’instar des panneaux publicitaires, interpellaient le spectateur par le truchement d’images fortes doublées de mots puissants. D’un côté, trois corps d’enfants rachitiques, de l’autre, un être retenu sur une table de torture. Alors que ces images-choc sont dotées d’un pouvoir hypnotique, voilà que les slogans qui s’y rattachent nous sortent violemment de notre léthargie: «Ne leur pardonnez pas Seigneur car ils savent ce qu’ils font», dans le premier cas, et «Le génocide se poursuit mais vous préférez l’ignorer», dans le second. On retient aussi la sérigraphie à saveur pop art de Karine Bibeau, où est établi un rapport amusant entre la perte d’identité et le clonage. Également, le «Demolition in the Old Bucharest» très mouvementé et dramatique de Mihai Radulescu (lauréat cégep) et la ligne joyeuse de Maude Guillemette avec ses scènes intimes et urbaines assez rigolotes.
Jusqu’au 13 septembre
Chez Engramme