Insectarium Welcome : Mouche bée
Arts visuels

Insectarium Welcome : Mouche bée

Certains les ont dans la tête, lui les transpose sur papier. Ce qui est en soi plus sain. FRANÇOIS CHEVALIER nous livre une ode aux «bibittes», à La Chambre blanche. De la grande et belle  folie!

Disons les choses franchement: j’ai un faible pour le travail de François Chevalier. D’abord, parce qu’il est l’un des rares artistes actuellement qui exploite le dessin avec autant de pétillant et d’audace. Ensuite, parce qu’il donne aux formes familières, qu’il étudie sous toutes leurs coutures et qu’il jette sur papier à grands coups de traits incisifs et verveux, une saveur irrésistible, à mi-chemin entre l’expressionnisme et la bédé. Ainsi, chez lui la ligne et la tache se font crues et viscérales, mais aussi empreintes d’une gaieté naturelle, guidant le visiteur sur le territoire des sens, du plaisir, voire du jeu. Car Chevalier est aussi de ceux qui s’amusent. Tenez, pour sa résidence de trois semaines dans les locaux de La Chambre blanche, il s’est constitué une banque de près de deux cents ouvres sur papier (de l’estampe, de l’huile, du fusain, de l’encre, du graphite, du crayon, du goudron, du collage, etc.) qu’il a élaborée sur une base quotidienne depuis les huit derniers mois. Un travail de fou, dirions-nous spontanément, d’autant plus qu’il s’agit d’ouvres reprenant exclusivement le motif de l’insecte, du papillon au bourdon, en passant par le grillon.

L’artiste prévoit, au cours des jours mis à sa disposition pour habiter de ses ouvres l’espace de la galerie. Chevalier ne se limite pas au simple épinglage sériel, ni même à l’immobilisme de l’ouvre deux dimensions; il envahit plutôt, d’une part, la totalité du local (plancher inclus) et, d’autre part, réalise un montage vidéo qui, en faisant se succéder en séries ses ouvres, animera littéralement ses petites bestioles.

Déjà, aux prémices de ce «work in progress», Chevalier arrive à créer un univers complètement éclaté, démentiellement démesuré. L’essentiel de l’exploit réside bien sûr dans le nombre incommensurable d’images qui ponctuent le lieu, mais peut-être surtout dans l’incroyable variété d’interprétations et de styles qu’on retrouve d’un insecte à l’autre, atteignant, dans bien des cas, la plus grande sublimité. Je me ferai persistante: François Chevalier est un artiste à suivre à la trace. Et son Insectarium Welcome, une installation qui promet, au terme de son élaboration, de nous livrer l’artiste au sommet de sa forme.

Jusqu’au 4 octobre
A La Chambre blanche
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