Rita Letendre : Définition de taches
La Galerie Madeleine Lacerte propose actuellement une rétrospective de l’ouvre de RITA LETENDRE. Entrez dans la lumière.
Une vingtaine d’ouvres abstraites dominent les cimaises de la galerie Lacerte. Des huiles, des pastels, des caséines, des petits formats, des grands formats. L’ensemble rend brièvement compte des cinquante dernières années de production de l’artiste Rita Letendre. Cinquante années au cours desquelles, pour reprendre ses propos, elle ne saurait dire si elle a «précédé, suivi ou été à la remorque des courants picturaux». On devine aisément que sa participation au mouvement automatiste, tout comme ses nombreux voyages en Europe et aux États-Unis ne sont pas étrangers aux différentes transformations, à l’évolution impressionnante qu’a connues son ouvre. Aussi, quand Enchantement de 1951 fait face à Allegro et La Fuite de 1962, on croirait presque voir les deux Américains Arshile Gorky et Franz Kline, adeptes de l’expressionnisme abstrait, se répondre. De la même manière, un sans titre de 1953 et La Fête de 1958 évoquent spontanément une période automatiste marquante, qui lui ouvre pour la première fois l’accès à un art qui range au placard toute représentation réaliste, toute figuration. Mais des empâtements affirmés, de l’abstraction géométrique, de la tache quasi calligraphique, Letendre passe aux effets vaporeux, à la luminosité incommensurable, comme si, en passant par quatre chemins, elle avait finalement trouvé sa propre voie. Et sa voie à elle, c’est la lumière. Une lumière qui s’est aussi faite présente dans les années 50 et 60, notamment en faisant se juxtaposer les couleurs et un fond noir, mais qui prend notoirement son ampleur dans les ouvres plus récentes. Elle y superpose des traits de couleur et des taches nébuleuses qui font penser à des horizons lointains et impalpables que surplomberaient d’immenses nuages. Avec leurs teintes chaudes – des rouges, des orange, des jaunes d’une fluidité irrésistible -, il émane de ces tableaux une lumière invraisemblable, celle qui réchauffe, mais aussi celle qui peut tout embraser. Comme dans Ode to the Sun de 1992, où cette fois l’horizon se fracasse, éclate dans ce torrent, cette tempête de lumière intense. Rita Letendre nous livre ici l’abstraction dans tous ses états, certes, mais elle se fait tout de même lumineusement constante.
Jusqu’au 24 septembre
A la Galerie Madeleine Lacerte
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