Neva et Jacky Gotthilf : Tout ce qui brille n'est pas dehors
Arts visuels

Neva et Jacky Gotthilf : Tout ce qui brille n’est pas dehors

Les artistes français NEVA-GOTTHILF ont recouvert de papier d’aluminium des branches d’arbres près de l’escalier Lavigueur, à côté de la tour Martello, créant une ligne argentée sillonnant la falaise. Avis aux promeneurs.

Depuis la fin des années 1960, plusieurs artistes font ce qu’on appelle du land art, ou des interventions dans l’environnement. On pense à Christo qui enveloppe ponts et parlements. Mais aussi à tous les artistes ayant investi les grands espaces inhabités de l’Ouest américain comme Walter de Maria et ses tranchées longues de plusieurs dizaines de mètres formant des lignes dans le désert. Plus près de nous, les artistes québécois Jean-Pierre Bourgault-Legros et Jean-Yves Fréchette ont aussi réalisé ce type d’intervention. Le travail de ces artistes est lié à une volonté de sortir des lieux conventionnels de diffusion de l’art que sont les galeries ou les musées. Ce sont la plupart du temps des ouvres temporaires et éphémères.

On peut inscrire le travail de Neva et de Jacky Gotthilf dans cette perspective. Par exemple, en 1993, le couple d’artistes voyageurs a installé un tube de polyester d’une centaine de mètres dans les montagnes indiennes de l’Himalaya. Leur intervention signalait le mouvement du vent sur ces hautes montagnes dénudées. Cet automne, les deux artistes ont été invités à Québec par La Chambre Blanche dans le cadre du programme d’artistes en résidence. Depuis le début de septembre, Neva et Jacky Gotthilf s’affairent dans la pente boisée de la falaise tout près de l’escalier Lavigueur. Leur travail a commencé par rien de moins qu’un grand nettoyage du sous-bois. Prétexte à l’exploration des lieux, ils ont d’abord enlevé les morceaux de verre et de plastique couvrant le sol de ce petit coin sauvage de la ville. Puis, ils ont choisi les arbres et les branches formant un trait naturel liant la Basse-Ville à la Haute-Ville. Les branches d’arbres sélectionnées ont ensuite été recouvertes de papier d’aluminium. Un long trait sinueux traverse maintenant la falaise. On s’aperçoit, comme le constate Neva Gotthilf, qu’il peut y avoir un certain ordre dans toutes ces branches d’arbres apparemment pêle-mêle. La ligne d’aluminium nous fait aussi entrevoir les possibilités presque infinies de motifs qu’on peut repérer dans les arbres et les branches de ce boisé. Le trait lumineux met aussi en valeur les qualités de cet espace sauvage en plein centre de Québec.

Enfin, on pourrait se demander si ces interventions dans l’environnement suscitent encore une réflexion critique sur les lieux conventionnels de diffusion de l’art. En tout cas, elles sont toujours aussi surprenantes et déroutantes, d’autant plus lorsqu’elles sont accessibles. Mais, ce n’est pas tout. Non seulement les artistes Neva et Jacky Gotthilf travaillent hors des lieux habituels, mais ils révèlent par leurs interventions poétiques les propriétés de la nature qu’ils investissent.

jusqu’au 4 octobre
Près de l’escalier Lavigueur