Arts visuels

Bloc-notes : Survivre et laisser rire

François Mathieu manie aussi bien la scie, le tour à bois que les idées. Le sculpteur beauceron est aussi inventeur et ébéniste à ses heures, en plus d’écrire actuellement une pièce de théâtre. Pour ses dernières sculptures, présentées à l’Oil de poisson, il a puisé dans toutes sortes de documents traitant aussi bien de la construction d’attelages à bouf que de moulins à vent. La sculpture la plus imposante de l’exposition est une machine permettant de mesurer le poids du vent. Malgré l’apparente absurdité de sa fonction, c’est une structure absolument vraisemblable. Une grande voile fixée sur un rail en demi-cercle permet d’activer, par l’intermédiaire d’une aiguille géante, une petite charrette qui fait office de balance… Une autre sculpture, réalisée dans le même esprit, représente un chat attelé tirant une petite charrette remplie de roches. Pour François Mathieu, l’inutilité de ces mécanismes n’a rien de dérisoire. Prétexte au bricolage, ses machines complètement artisanales mettent en valeur les qualités propres de l’art qui commande un rapport plus désintéressé qu’un objet fonctionnel. Elles sont aussi là pour son propre plaisir et pour le nôtre. Jusqu’au 8 novembre, à l’Oil de poisson.

Expo sur Tapis
Le trio BGL (Jasmin Bilodeau, Sébastien Giguère et Nicolas Laverdière) travaille le bois avec autant d’habileté, mais la machine est abordée différemment. BGL a réalisé une installation in situ en considérant les particularités de l’espace de la Galerie Trompe-l’oil du Cégep de Sainte-Foy. Ils ont construit un contenant à récupération fabriqué de bois recyclé, recouvert d’un blanc lustré et suffisamment grand pour qu’on puisse y entrer. A l’intérieur, on trouve quelques représentations tridimensionnelles de molécules. Peut-être que ce sont des molécules de poussière? Ce ne serait pas étonnant, puisqu’une douzaine de balayeuses de bois sont dispersées un peu partout sur le tapis de la galerie. On y reconnaît toute la gamme de modèles disponibles sur le marché, des grises et des orange, des portatives, des anciennes, des récentes, etc. Les objets de bois ressemblent à s’y méprendre à leurs modèles, comme d’ailleurs certains objets du pop art américain, ceux de Jaspers John par exemple. Ces fausses balayeuses parsemant le tapis de la galerie et ce grand contenant à récupération presque vide nous rappellent que notre volonté de récupérer est encore doublée d’une surconsommation d’objets. On pourra retrouver BGL en novembre à la Chambre blanche avec une nouvelle installation. D’ici là, profitez de ce dernier week-end pour voir leur expo. Jusqu’au 18 octobre, à la Galerie Trompe-l’oil.