Perdus dans la nature : Consommateurs pervertis
Arts visuels

Perdus dans la nature : Consommateurs pervertis

Ces objets tant convoités, symboles ultimes de notre société de surconsommation, le groupe d’artistes BGL les sculptent dans le bois, faisant ainsi ressortir leur caractère superficiel et toute l’absurdité de nos comportements modernes.

BGL: derrière ce nom énigmatique, qui tient plus de la firme corporative que du groupe d’artistes, se cachent Jasmin Bilodeau, Sébastien Giguère et Nicolas Laverdière. L’an dernier, ils nous ont bien amusés en vendant le cadeau idéal pour la période des fêtes: un beau cellulaire en bois, décliné en quelques modèles et en plusieurs couleurs… Après coup, les spéculations sont allées bon train, chacun se demandant lequel des trois larrons concevait de pareils projets. A ce chapitre, Jasmin Bilodeau commente, après quelques secondes de réflexion: «Tout se fait en équipe, conception, réalisation, on ne sait pas qui fait quoi.»

Ensemble, ils questionnent notre rapport à la nature dans une société où on ne peut vivre sans téléphone, balayeuse, auto et piscine. «Le thème de la surconsommation est dans notre inconscient, dit Jasmin, aujourd’hui on ne peut parler de rien sans aborder l’économie, le coût de chaque choseª.» Travaillant uniquement le bois récupéré, ils réalisent des pièces qui «immergent le visiteur»ª, selon Nicolas, en lien étroit avec l’architecture où elles seront installées. Leur exposition à La Chambre blanche, Perdus dans la nature, présente quelques éléments d’un décor de banlieue reproduits en bois, soit une piscine avec sun-deck et une belle Mercedes décapotable. Pourquoi ces objets? Nicolas répond, en se tartinant une biscotte avec un couteau qu’il vient de créer avec un copeau de bois, «c’est l’idéal d’un bonheur matérialiste, la Mercedes est un symbole de luxe, nous, on en a fait que la carcasse, l’intérieur est vide»ª. Sébastien utilise le thème de la piscine pour faire ressortir la question environnementale: «On vit dans un pays plein de lacs, de rivières, pourtant les gens ont besoin d’avoir leur piscine bien à eux!» Pour commenter le choix de leurs sujets il ajoute: «On travaille comme les sculpteurs d’autrefois, on représente ce qu’il y a autour de nous.»

Cette année le cellulaire de bois sera relancé dans une version emballée, diffusée à Québec et à Montréal. Nicolas espère «que les gens seront intrigués par l’emballage transparent, qu’ils se demanderont si ça fait partie de l’ouvre, s’il faut l’enlever ou pas»ª. Vous avez jusqu’à Noël pour y penser et d’ici là il ne faut pas manquer Perdus dans la nature, question de démystifier quelques icônes de notre société de consommation.

Jusqu’au 20 décembre
A La Chambre blanche