De l’industrialisation et de l’évolution de la technologie ne sont pas sorties que de fabuleuses machines; les pantalons de fortrel, les pantoufles de phentex et les petites saintes vierges qui s’illuminent sont aussi le produit de ces merveilleuses découvertes scientifiques. Qui n’évoque pas avec nostalgie les souvenirs manufacturés de Floride ou de Niagara Falls qui ornaient les foyers québécois? L’installation de Francesca Maniaci ramène le kitsch là où il a si bien fleuri, dans la cuisine de grand-mère, entre la boîte à pain chromée, les photos de famille et la quincaillerie dévote industrialisée. L’artiste est d’origine italienne, mais, croyez-moi, dans le petit espace surchargé de bibelots et animé par une vidéo tournée dans la famille de Maniaci, vous aurez l’impression d’être chez vous. C’est du moins la réaction de la plupart des visiteurs, prenez pour preuve que certains vont jusqu’à s’asseoir dans la cuisine, d’autres ayant même poussé l’expérience jusqu’à manger un biscuit ou un bonbon pris à même ce décor… A la petite galerie de l’Oil de poisson, jusqu’au 13 décembre.
Roland Poulin, Ouvres récentes
Avec Roland Poulin, nous sommes bien loin des crucifix de plastique. On nous propose une vision symbolique du sacré, inspirée du culte mortuaire. Les ouvres récentes de Poulin regroupent six ouvres sur papier et trois sculptures, ces dernières exerçant sur le visiteur une attraction hors du commun. Ces sculptures se présentent d’emblée comme des constructions funéraires, stèles au sol ou encore croix asymétriques, toutes faites de bois peint d’un noir mat et striées de couleurs sombres. Il émane de ces pièces une spiritualité universelle assez bouleversante pour le visiteur. Je décrirais ce sentiment d’oppression en le comparant à celui qui nous envahit lors de la visite d’une cathédrale ou d’un lieu de culte. La blancheur de la salle qui sert de toile de fond à ces pièces sombres et massives nous plonge dans l’ambiance d’une chapelle, moderne soit, mais néanmoins imprégnée de l’essence du sacré. Une fois encore ce sont les visiteurs qui en ont fait la preuve, en déambulant lentement et silencieusement autour des sculptures, puis s’arrêtant devant les ouvres sur papier avec un air de recueillement. Au Musée du Québec, jusqu’au 24 janvier.