Des pieds et des mains : Le papier beau
Le Musée du Québec propose actuellement trois expositions d’art contemporain. En plus des sculptures de Roland Poulin et des acquisitions récentes de la collection Prêts d’ouvres d’art, il faut voir la rétrospective des 25 dernières années de travail de PAUL LACROIX.
Reconnu surtout pour son travail en sculpture, Paul Lacroix a aussi une importante production d’ouvres sur papier. En fait, il en a probablement accumulé quelques milliers depuis 25 ans. Lisanne Nadeau, historienne de l’art et commissaire de l’exposition, s’est enthousiasmée pour ces dessins et ces photographies. En collaboration avec l’artiste, elle a sélectionné près de soixante-dix ouvres, dont certaines n’avaient jamais été exposées. Cela donne des séries de bouches, de dos, de pieds et de jambes, à la fois paysages et portraits. Le corps y est à l’honneur. Mais, il l’est un peu par la force des choses, car c’est souvent le travail de la matière qui impose les images à Paul Lacroix. Utilisant notamment le graphite, l’encre, la craie ou le crayon, il dessine, brosse, efface, et transforme ses figures parfois presque jusqu’à leur disparition. Le rendu oscille entre la découverte d’une image et celle de formes abstraites en tension avec le blanc du papier. Elles se rapprochent de ses sculptures, faites d’assemblages d’éléments naturels (pierres et bois) devant lesquelles on hésite entre voir l’objet lui-même et ce qu’il représente.
Les ouvres sur papier, réalisées depuis 1975, conservent toute leur actualité. C’est peut-être à cause de cela qu’on a dit que Paul Lacroix a influencé plusieurs générations d’artistes. C’est probablement aussi parce qu’il ne cesse d’explorer de nouvelles avenues, utilisant des photographies Polaroïd, travaillant et altérant ses images avec la photocopie. Sa connaissance des grands maîtres de l’histoire de l’art, dont il a pu admirer les ouvres pendant ses voyages, a assurément contribué au développement de sa remarquable sensibilité aux détails. Paul Lacroix porte en effet une attention toute particulière aux variations de la surface du papier et aux images que font émerger les traits de graphite ou les petits pans d’encre des photocopies. Ses dessins et ses photographies, très personnels et souvent sensuels, sont les témoins de sa passion et de sa grande sensibilité. Léonard de Vinci ne conseillait-il pas aux artistes d’observer avec attention ce qui les entoure, autant les formes évoquées par les fissures d’un plafond que celles suggérées par les nuages? Dans cette perspective, les ouvres sur papier de Paul Lacroix sont exemplaires.
Jusqu’au 3 janvier
Au Musée du Québec