Débranché : Panne d1inspiration
Avec une exposition de photographies sur la crise du verglas, le Musée McCord souligne le premier anniversaire de notre «drame» national. Si ce thème vous laisse de glace, on vous propose une tournée des expositions à voir durant les Fêtes.
Voilà bientôt un an, le Québec vivait sa pire tempête de verglas. Pour garder une trace de cet événement, Marcel Renaud a décidé d’organiser «Débranché, le concours photo». Il a reçu plus de quatre mille clichés (de photographes professionnels et amateurs), parmi lesquels un jury en a choisi près de deux cents. Un album intitulé Débranché (dont on a vendu 25000 exemplaires en 12 semaines!), ainsi qu’une exposition actuellement en cours au Musée McCord (qui voyagera par la suite à travers le Québec) témoignent de ce projet.
Le résultat? Décevant. Tout un chacun y est allé de son pylône plié en deux, de son arbre givré par le verglas, de son amas de branches cassées. Et des clichés, en veux-tu en voilà! Que la nature est (tout de même) merveilleuse…
Certaines photos tiennent de la campagne de publicité pour l’armée canadienne ou pour Hydro-Québec. On y voit des employés dévoués et des soldats en train de secourir la veuve et l’orphelin (et même nourrissant un veau au biberon). Une photo s’intitule «Mon amie soldat»… C’est à se demander si Steve Flanagan ou les agents des relations publiques de l’Armée canadienne ont produit, en cachette, ce livre et l’exposition qui l’accompagne. On peut sérieusement se questionner quant à la présence de certaines photos (et particulièrement dans le livre). On y voit des barrières et des clôtures couvertes de verglas et de neige. C’est d’un bucolique éculé (bien loin de la photo documentaire). Heureusement, le Musée McCord ne nous présente pas tout l’album en question. Mais sa sélection aurait pu être encore plus sévère. Certes quelques images sont un peu plus intéressantes (ainsi la photo montrant la radiologie d’une clavicule fracturée ets plutôt marquante). Mais rares sont celles où l1on sent de la fatigue, de la crainte, de la colère….
De plus, la présentation des «¦uvres» n’est guère réussie. On a l’impression que le Musée lui-même n’a pas cru au projet. Un événement aussi monumental aurait exigé une présentation digne de la démesure et de la perte d’échelle qu’il représente. On aurait pu agrandir certaines photos (et pas seulement trois) à des formats plus grands, voire gigantesques.
L’accrochage est plutôt moyen, et les images sont agencées selon un parcours déambulatoire auquel il manque un sens.
Qu’un dollar sur chaque livre vendu aille à la Croix-Rouge canadienne ne changera rien à la facilité du projet. L’album de photos est fait pour des touristes français que l’on veut époustoufler en leur montrant la rudesse de nos hivers. Ces photos sont enrobées d’un beau discours, bien loin de la réalité à laquelle elles prétendent correspondre. En introduction, Marcel Renaud écrit que, grâce au verglas, on a assisté «à un décloisonnement social sans précédent». Malheureusement cela ne se sent pas dans les images présentées. Dans un texte un peu naïf, Gaston L’Heureux (président du jury et porte-parole du concours) écrit: «Gare à vous… monsieur le monstre de glace. Une solidarité à la fois nouvelle et ancestrale a décidé de vous faire face!» C’est évidemment faire abstraction des commerçants qui ont essayé de profiter de la situation! Quant au commentaire de Jacques Nadeau (photographe de presse) «au fil des pages, c’est la silhouette d’un peuple grandi qui surgit»… Que peut-on ajouter?
Plus intéressante, toujours au musée McCord, est l’exposition intitulée Chaud, propre et confortable: deux siècles de technologie domestique. On peut y voir une multitude d’objets qui ont facilité nos vies quotidiennes. Cela va de la lampe au kérosène (vers 1860) au pot de chambre, en passant par le radiateur au gaz. Sont aussi présentées des affiches publicitaires du réfrigérateur Westinghouse, du fer à repasser General Electric… Amusant.
Jusqu’au 31 janvier
Au Musée McCord
Voir calendrier Arts visuels
Pour vos sorties des Fêtes
Puisque les vacances de Noël sont là, voici quelques suggestions d’expositions à voir à Montréal et ailleurs (principalement dans les musées, puisque la majorité des galeries et centres d’artistes sont fermés):
Au Musée des beaux-arts, on doit aller admirer la fascinante exposition Keith Haring (et puis aussi, malgré tout, celle de Duane Michals). Jusqu’au 10 janvier. Juste à la porte d’à côté, on ira aussi au Musée des arts décoratifs pour regarder les ¦.uvres récentes de l’architecte et designer Gaetano Pesce. Au Musée d’art contemporain, deux bonnes expos: Le Corps et l’Objet: 1984-1997 et Mattering, de l’artiste américaine Ann Hamilton (jusqu’au 17 janvier); ainsi que l’artiste québécois Claude Simard (jusqu’au 10 janvier). Le Centre canadien d’architecture vient d1inaugurer Embarquement pour Katsura: Irene F. Whittome. Nous en reparlerons bientôt.
A la maison de la culture Frontenac, Marie-France Cournoyer présente Je loge ensemble, une série de tableaux-objets (jusqu’au 10 janvier). Quant à Carole Simard-Laflamme, elle expose De Natura (jusqu’au 24 janvier). A la maison de la culture Côte-des-Neiges, Josée Lambert nous propose Ils étaient absents de la photo (jusqu’au 17 janvier). On peut également voir La Mode selon Robert Altman et Pierre Mignot (jusqu’au 31 janvier). A ne pas manquer: Voir la vidéo, les 25 ans de Vidéographe (jusqu’au 24 janvier). A Marie-Uguay, l’exposition Dompteur d’objets, de Serge Roy, est prolongée jusqu’au 10 janvier. A la maison de la culture Plateau-Mont-Royal, sont présentées Fabulation de Miki Gingras et Fruit de l’hyménée d’Élyse St-Amour.
A noter: les maisons de la culture Ahuntsic-Cartierville, Frontenac, Mercier, Notre-Dame-de-Grâce, Pointe-aux-Trembles et Rosemont-Petite-Patrie seront ouvertes les 29 et 30 décembre et fermées du 24 au 28 décembre, et du 31 décembre au 4 janvier Les maisons de la culture Côte-des-Neiges, Maisonneuve, Marie-Uguay, Plateau-Mont-Royal, Rivières-des-Prairies et Villeray-Saint-Michel-Parc Extension seront fermées du 24 décembre au 4 janvier.
A l1extérieur de l1île de Montréal, le Musée d’art de Joliette présente La Série des couvents de Clara Gutsche (jusqu’au 10 janvier). Au Musée du Québec, sont accrochées les aquarelles de Ducros (jusqu’au 3 janvier); les ¦uvres récentes de l’artiste contemporain Roland Poulin (jusqu’au 24 janvier); ainsi que les photographies de Maurice Perron (un des signataires de Refus global). Du côté du Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa, on célèbre le centenaire de la naissance du graveur Escher (jusqu’au 17 janvier). On pourra aussi y admirer les gravures de James McNeill Whistler (jusqu’au 3 janvier). Au Musée des beaux-arts de Toronto, on présente The Art of Betty Goodwin qui retrace la carrière de cette fabuleuse artiste. Et si vous allez à New York, ne ratez pas la rétrospective Jackson Pollock qui se tient au Museum of Modern Art (MOMA), jusqu’au 2 février.