A la Galerie Verticale, MARIE-CLAUDE BOUTHILLER propose une nouvelle exposition, intitulée mcb, qui déstabilise notre rapport à l’espace. En plus d’étonner par l’inventivité de sa démarche artistique.
Lors de sa dernière exposition solo, Demande à la peinture (en 1997, à la Galerie Trois Points), Marie-Claude Bouthillier a fait l’unanimité auprès de la critique. Tous ont louangé, avec raison, l’inventivité que recélait son travail. Un éventail de manières de peindre (la peinture dans tous ses états, pourrait-on dire) y était présenté: des monochromes, des surfaces couvertes de sillons à l’encaustique, des tableaux avec des figures et des toiles teintes (à la Rothko) créant des champs lumineux colorés. Certains tableaux étaient accrochés au mur, mais par la pointe du cadre (tel Victory Boogie-Woogie de Mondrian); d’autres étaient appuyés aux cloisons, les uns après les autres, comme un jeu de cartes.
A la Galerie Verticale, Bouthillier propose une nouvelle exposition intitulée mcb, où la manière d’exposer semble s’être assagie. Ses tableaux sont, cette fois-ci, accrochés d’aplomb au mur, à bonne distance les uns des autres, en respectant un peu plus la convention qui veut que chaque oeuvre soit isolée par un espace vide afin d’éviter des contaminations visuelles. Un type d’accrochage «moderne» qui prend ses sources dans l’exposition impressionniste de 1874.
Bouthillier travaille ce dispositif d’accrochage d’une manière plus simple mais, malgré tout, efficace. Dans cette présentation épurée, lentement, le trouble visuel surgit. Ici, deux petits tableaux composés d’un quadrillage font écho à deux grands formats sur le mur opposé. Là, un tout petit carré, avec des formes plus arrondies (qui répètent les initiales mcb), est comme un détail, vu à la loupe, des formes presque organiques qui s’épanouissent en grand sur les autres murs.
Cette exposition met en scène les notions de proche et de loin, de grand et de petit, en déstabilisant notre rapport à l’espace. Parfois, on a le sentiment de perdre notre propre échelle. Il y a dans tout cela quelque chose digne du film Microcosmos. Les initiales mcb créent des formes végétales (parfois presque animales): on dirait des plantes, des racines, des hautes herbes dans les champs, vues par un insecte. Les réseaux de lignes vertes et brunes évoquent des morceaux de gazon (ou de moquette), des fragments de tissus de lin, de jute, de coton vus au microscope. Comme par magie, la matière picturale (composée de cire d’abeille, de pigments et de polymère) se fait matière naturelle. La peinture revient à la nature de son support fait de matière fibreuse.
Les lettres «mcb» qui composent ces ouvres, expriment-elles, malgré tout, un travail narcissique? En minuscules, ces initiales énoncent plutôt un désir de se cacher, de se faire disparaître dans les entrelacs végétaux de ces champs picturaux. Comme si l’accrochage monumental et moderne était miné par ces toutes petites lettres qui ramènent la signature et l’identité de l’artiste à un quasi-anonymat. Il s’agit d’une bien intéressante expo qui donne presque envie (comme aux amoureux) d’aller écrire sur un arbre toute une série de MCB.
Jusqu’au 21 févrierGalerie Verticale