Prendre le temps : Le temps d'une pose
Arts visuels

Prendre le temps : Le temps d’une pose

Le Centre de diffusion et de production de la photographie Vu présente Prendre le temps, une très belle exposition collective regroupant quatre artistes du Québec et une artiste du Brésil: ROSAURA GUZMAN CLUNES, LOREN WILLIAMS, ISABELLE AUBIN, BENOIT PONTBRIAND et GIORGIA VOLPE. Cinq artistes et autant de variations sur l’acte photographique.

Avec toutes les images qui nous entourent, photos publicitaires, documentaires ou journalistiques, nous avons développé une certaine habitude au langage photographique. Même si ces images se présentent souvent comme des témoins de la réalité, nous savons qu’elles sont aussi récits et fictions. Les photographies présentées chez Vu ont ceci en commun qu’elles assument cet aspect fictif du médium. La photographie s’intéresse donc au réel, mais comme le suggère le titre Prendre le temps, elle est surtout un acte, une action. En effet, la photographie n’est pas seulement une représentation, elle est également le témoin d’un temps capturé, ce fameux moment du déclic où coexistent le photographe, la caméra et le sujet photographié.

Rosaura Guzman Clunes, artiste d’origine chilienne travaillant à Montréal, présente trois diptyques. Elle a repris et transformé des clichés de son enfance, croqués par son père photographe, en les doublant d’images d’Épinal provenant de casse-tête d’animaux. Ces souvenirs, pourtant très personnels, nous rappellent étrangement les nôtres. Heureusement, le résultat n’a rien de trop nostalgique. Loren Williams, artiste originaire de la Colombie-Britannique et travaillant aussi à Montréal, traite également du souvenir. Cette fois, l’image est approchée avec une certaine ironie. Loren Williams met en scène de vieux objets et en fait des documents d’une collection fictive. Quant à Isabelle Aubin de Québec, elle a réalisé une installation de grandes photographies en s’intéressant aux parentés formelles de différents objets (pelles, fourches, vadrouille, etc.). Ces Moments de labeur sont le prétexte à un jeu sur les possibilités du médium photographique. Dans les photographies du Montréalais Benoît Pontbriand, l’équilibre précaire des objets photographiés renvoie à la capacité propre à la photographie d’arrêter le temps. On retrouvera des préoccupations communes chez Giorgia Volpe. En effet, l’artiste brésilienne présente une série d’autoportraits où elle est complètement recouverte de mousse à savon. Seule la photographie peut permettre de fixer des bulles et leur donner, malgré leur caractère éphémère, une sorte de permanence. Prendre le temps, c’est aussi prendre le temps de regarder ces ouvres et elles vous donneront assurément matière à réflexion…

Jusqu’au 14 février