Installation vidéoEnrique Bravo : Bande à part
Cet hiver, trois artistes occupent à tour de rôle l’espace du Lieu. Leur point commun? Ils ont à leur disposition quinze moniteurs de télévision et trois magnétoscopes.
L’idée mijotait depuis un certain temps au Lieu. Offrir à des artistes la possibilité de créer une installation vidéo en leur fournissant le matériel comme point de départ. Cette contrainte formelle est une occasion exceptionnelle, voire inédite pour les créateurs. En effet, il est plutôt rare pour des vidéastes d’avoir autant de moniteurs à leur disposition. Chacun utilisera donc le matériel à sa guise en ajoutant ou en soustrayant divers éléments.
Le Lieu a choisi trois artistes dont les conceptions de la vidéo sont très différentes, histoire de stimuler les débats. En mars, James Partaik de Québec, dont l’approche est plutôt conceptuelle, proposera son installation. Quelques semaines avant, l’artiste Sylvette Babin, d’origine gaspésienne et vivant à Montréal, présentera sa réflexion sur la position du corps dans l’espace en mettant en relation la vidéo avec l’environnement. Enfin depuis la fin de janvier, on peut voir l’installation du vidéaste mexicain, Enrique Bravo. Le vidéo que ce dernier présente est basée sur un scénario.Vous pourrez le constater; Bravo maîtrise bien la technique et sa bande en est la démonstration.
En entrant dans l’espace du Lieu où se trouve l’installation Cirls, ne vous fiez pas trop à la première impression que vous fera la bande de Bravo. A première vue, cette vidéo narrative, entrecoupée d’animations par ordinateur et de gros plans d’eau ou d’éléments architecturaux, a quelque chose de presque naïf. Pourtant, la boucle de quinze minutes mérite qu’on la visionne jusqu’au bout, ne serait-ce que pour en apprécier les qualités sonores. Cirls, c’est littéralement l’histoire d’une fuite (ou d’une poursuite?) dans laquelle un personnage féminin en robe blanche translucide parcourt forêts et ruines. Ce personnage se retrouvera, dans la deuxième partie du vidéo, ni plus ni moins à l’intérieur et dans l’univers d’un ordinateur. On pourrait y voir l’expression de la dualité entre nature et culture. Mais, tout cela laisse perplexe. Heureusement, et c’est là que réside l’intérêt de l’installation, la bande est diffusée dans les quinze moniteurs simultanément. Car c’est justement dans la multiplication des images et dans l’interaction des moniteurs entre eux que loge le sens de l’installation. D’ailleurs, une des particularités du travail d’installation est d’instaurer un dialogue entre différents médiums ou divers éléments. Dans ce sens, l’installation de Bravo obtient un certain impact. Surveillez pendant les prochains mois ce cycle d’expérimentations vidéographiques au Lieu.
Jusqu’au 21 février
Au Lieu