Poèmes barbares de Jean McEwen : La couleur du temps
Arts visuels

Poèmes barbares de Jean McEwen : La couleur du temps

La peinture lyrique et abstraite de Jean McEwen est par-dessus tout unique et très personnelle. Le sujet de ses tableaux? La couleur.

Quelques semaines après le début de l’exposition des tableaux de Jean McEwen en novembre dernier chez Madeleine Lacerte, l’artiste recevait, à 75 ans et après plus de quarante ans de carrière, le Prix Paul-Émile Borduas 1998. Comme vous le savez peut-être, après avoir goûté aux honneurs, McEwen décédait subitement au début de janvier dernier. A la demande générale, la galerie Madeleine Lacerte a prolongé l’exposition de la série de tableaux de McEwen Poèmes barbares.

Il y a souvent des événements déclencheurs et déterminants dans la vie. Pour Jean McEwen, c’est après avoir vu le film The Moon and Sixpence sur Paul Gauguin en 1946 qu’il envisagera pour la première fois de devenir peintre. Gauguin pratiquait la peinture tout en travaillant à la Bourse. Pendant 10 ans, il fut donc un peintre du dimanche.

Étudiant en pharmacie, d’abord intéressé par la poésie, Jean McEwen a dès lors entrevu la possibilité de peindre lui aussi. La carrière du jeune McEwen a bel et bien débuté en marge du milieu de l’art montréalais de l’époque. Il n’a fréquenté ni l’École des beaux-arts, ni l’École du meuble. Autodidacte, il a toutefois côtoyé Borduas de 1949 à 1951. Puis, il séjournera et exposera à Paris, où il fera la rencontre de Jean-Paul Riopelle et cie. Après avoir mené durant une vingtaine d’années deux carrières de front, il se consacrera définitivement à la peinture et, dès les années 60, il entamera une recherche picturale qui sera fort respectée.

La dizaine de tableaux à l’huile présentée chez Madeleine Lacerte fait partie d’une série de plus de quarante Poèmes barbares réalisés au cours des dernières années. Chacun des tableaux est formé de couches successives d’accumulation de peinture, souvent perceptibles. S’il y a une constante chez Jean McEwen, c’est ce rapport direct entre les doigts et ces grandes surfaces de couleurs séparées par une ligne organisant l’espace en deux plans verticaux. Pensons particulièrement aux pans d’orangés et de rouges percés de petites zones de bleu et de vert presque fluorescents. Ces tableaux gais et très colorés sont encore exposés pour quelques jours. Pour en savoir plus sur le travail de McEwen, la Galerie Simon Blais de Montréal et Les Éditions Les 400 coups ont publié un très beau catalogue dans lequel l’historienne de l’art Constance Nauber-Riser se penche sur la production récente de l’artiste.

Jusqu’au 22 février
A la galerie Madeleine Lacerte