Bertrand CarrièreLes Images-Temps : Les temps sont flous
Le travail du photographe BERTRAND CARRI+RE est lié depuis de nombreuses années au cinéma. Photographe de plateau reconnu, professeur de photographie, avec Les Images-Temps il se lance dans un projet où la virtuosité et l’expertise technique laissent place à une démarche artistique poétique sur le temps et la durée.«Mon parcours a toujours été lié au cinéma, annonce d’entrée de jeu Bertrand Carrière. Avec Les Images-Temps, je me suis demandé comment aller plus loin.» La réponse est venue d’un défi technique que s’est lancé Carrière. «Je cherchais dans ce projet à me rapprocher des premiers essais cinématographiques». Un ami lui a alors donné une caméra 16 mm à manivelle qu’il a utilisée pour créer des séries de photos horizontales qu’on peut lire de gauche à droite. Comme ces bandes, composées de minuscules photos, pouvaient être lassantes pour le spectateur, et pour retrouver l’essence d’une ouvre photographique plus classique, l’artiste a prélevé de certaines séries des photogrammes (soit une image tirée de la bande-film) qui ont été agrandis pour obtenir des plans fixes. Les deux types d’ouvres _ les séries et les plans fixes _ constituent en quelque sorte le constat de la réflexion de Bertrand Carrière sur le temps et la durée. D’une part, les bandes décomposent un moment infiniment court en une série d’images en apparence semblables, mais toutes différentes, qui questionnent la durée, et d’autre part les gros plans marquent un moment d’arrêt du temps sur une image, soulignant son unicité. «Traiter du temps, me dit Bertrand Carrière, c’est traiter de quelque chose d’intimement lié à moi, à ma vie.» Vous ne vous étonnerez donc pas que la plupart des prises de vue aient été réalisées à la campagne, dans l’entourage immédiat de l’artiste. Quoique le terme le rebute un peu, il suggère lui-même la dimension conceptuelle de ce travail dont «l’idée était de laisser le projet suivre son cours sans préméditation… » Le résultat est très près des expérimentations de Man Ray, ce qui ne déplaît pas du tout à Carrière.
Techniquement, cette série d’ouvres s’éloigne de ce que Carrière a fait dans ses précédents projets photographiques. Non seulement la perte de définition qu’entraîne le passage du 16 mm à un négatif grand format, puis à une impression papier, n’embête pas le photographe, mais il présume qu’elle permet au spectateur «de se détacher du réel, du concret et d’évoquer un lieu plus symbolique». Pour bien saisir chaque ouvre selon son format, il vous faudra vous déplacer et c’est ainsi que s’ajouteront aux notions de temps et de durée les dimensions du rapproché et de l’éloigné.
Jusqu’au 21 mars
Chez Vu
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