Festival du film sur l’art : Le tour du monde en six jours
Bon an, mal an, le Festival du film sur l’art accueille chaque année un public fidèle qui veut percer le mystère de la création artistique. Sous le signe de la «rébellion», sa 17e édition propose 150 films provenant de vingt-cinq pays.Bon an, mal an, le Festival des films sur l’art (FIFA) accueille un peu plus de dix mille visiteurs. Il faut dire que le public, qui souvent se plaint de l’hermétisme de l’art (en particulier contemporain), y trouve son compte. Durant six jours, du 9 au 14 mars, il aura accès à cent cinquante films et vidéos réalisés dans vingt-cinq pays, traitant de sujets extrêmement divers, mais dans lesquels, grâce à l’image et à la parole, on tente toujours de faire partager le plaisir (intellectuel et émotionnel) que procure l’art.
En conférence de presse, la semaine dernière, le directeur et fondateur du festival, René Rozon, expliquait que cette année la rébellion est le fil conducteur qui unit plusieurs des films présentés. Il faut se méfier de l’utilisation d’une telle étiquette (parfois galvaudée) pour décrire les artistes – parmi lesquels Rozon a bizarrement inclus le très sage écrivain Julien Green qui, rappelons-le, pensait aller en enfer pour avoir eu des relations homosexuelles! Cependant, on attend avec impatience certains films qui, effectivement, nous parleront d’artistes qui se démarquent.
On ira voir le film sur l’Américaine Nan Goldin, qui a photographié durant des années des amis (avec les hauts et les bas de leurs vies), des travestis, des prostituées… La fabuleuse artiste multidisciplinaire Sophie Calle, qui s’inspire du travail du détective (par exemple, elle s’est fait embaucher dans un hôtel pour photographier les chambres des clients), attirera aussi l’attention grâce au film de Jean-Pierre Krief.
Toujours côté photo, Vile Bodies: Naked d’Edmund Coulthard présente la vision, sans tabou, qu’ont certains artistes du corps. Il faudra surveiller, pour ceux qui ont l’estomac solide, Body Art de Daniel Wiles. Piercing, mutilations et autres pratiques à la limite du sadomasochisme, à faire frissonner (de plaisir?), font partie du menu. On pourra y examiner les recherches sur le corps entreprises par des artistes contemporains tels qu’Orlan ou Ron Athey. Dans l’esprit provocateur, Young British Artist de Susan Shaw promet aussi beaucoup. On y discute de cette nouvelle génération qui a créé des remous au Royaume-Uni, en particulier lors de la très médiatisée exposition Sensation, en 1997. Il faudra aussi voir Étant donné, Richard Baquié, sur les sculptures et installations de cet artiste mort en 1996, et la série de vidéos de Jochen Gerz.
Et s’il vous reste du temps, ne ratez pas La Belle et le Maillot, une histoire des révolutions de l’identité féminine en utilisant le maillot de bain comme témoin privilégié; ainsi que Cutting up rough sur le couturier Alexander McQueen.
Le FIFA s’ouvrira par la projection, au Musée des beaux-arts, le 9 mars, d’Inspirations du Britannique Michael Apted (qui a tourné en 1994 Nell, avec Jodie Foster et qui réalise ces jours-ci le dernier James Bond). On pourra y voir le peintre Roy Lichtenstein, le musicien David Bowie, le chorégraphe Édouard Lock, la danseuse Louise Lecavalier, l’architecte Tadao Ando…
Certes, on peut reprocher au film sur l’art d’être paradoxalement un genre un peu trop sage du point de vue de la forme. Les ouvres et les artistes, dont il rend compte, questionnent (souvent) les limites (historiques et matérielles) de leurs médiums d’une manière plus explicite.
Mais on ira absolument au FIFA, car c’est une occasion unique de voir certains films qui ne sortiront jamais en salles et qui, malheureusement, ne seront pas non plus (à quelques exceptions près) achetés par les chaînes de télévision. Ces ouvres sont pourtant des outils extraordinaires pour rendre l’art plus accessible à un large public.
Du 9 au 14 mars
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