Le groupe des quatre : Figure de style
Après un premier arrêt montréalais à la Maison de la Culture Côte-des-neiges, l’exposition Des ombres portées fait une escale à Québec à la Galerie Estampe-Plus. Itinérance des images ou comment revisiter la figuration en peinture.
Des ombres portées regroupe les ouvres de Paul Béliveau, Martin Bureau, Dominique Gaucher et Rafael Sottolichio. Quatre peintres talentueux qui utilisent tous la photographie comme point de départ pour leur pratique picturale. Paul Béliveau est bien connu à Québec et peint depuis une vingtaine d’années. Il reproduit des fragments d’images provenant de l’histoire de l’art, de la photo ou de l’architecture. Originaire du Lac-Saint-Jean, Martin Bureau a reçu sa formation à l’UQAM et à Laval. Il peint à partir de ses propres photographies prises notamment dans les musées. On l’a vu cet automne en solo à la Galerie du Cégep de Sainte-Foy. Le Montréalais Dominique Gaucher est autodidacte et a surtout réalisé des tableaux de grands formats pour le cinéma et les arts de la scène. Les toiles qu’il présente sont des variations sur la figure humaine. Quant à Rafael Sottolichio, originaire du Chili, depuis ses études en arts plastiques à l’UQAM, il construit et invente des paysages et joue avec la technique du trompe-l’oil.
Ces peintres ont en commun une peinture qu’on pourrait qualifier de néo-figurative. «Néo» parce qu’il s’agit d’une figuration différente de la figuration traditionnelle. Elle est faite d’images peintes juxtaposées et parfois superposées de citations et de clins d’oil à l’histoire de l’art. Ces peintres abordent la représentation comme une construction. Martin Bureau, aussi commissaire de l’exposition, explique comment leur peinture se distancie des préceptes de la peinture moderne. Devenue aujourd’hui la nouvelle tradition, elle excluait à la fois le sujet, la narration et affirmait la spécificité du médium: «(…) nous concevons la peinture comme un moyen, un langage et non une finalité.» La voie qu’explorent Paul Béliveau, Martin Bureau, Dominique Gaucher et Rafael Sottolichio, consiste à se réapproprier la figuration par le biais d’une réflexion sur les rapports entre l’image photographique et la peinture. Résultat? La performance technique et les agencements de motifs sont séduisants et esthétiquement percutants. Certaines ouvres provoquent un effet ironique et suscitent une réflexion critique sur l’histoire de l’art. Assurément, ces quatre peintres ont le mérite de questionner la représentation et de démontrer ce que peut faire la peinture et ce que ne fait pas la photographie.
Jusqu’au 19 mars prochain
Galerie Estampe-Plus
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