Sophie T. RauchLa Comédie humaine : Cas de figures
SOPHIE T. RAUCH a étudié de nombreuses années en Autriche et en Italie et compte parmi ses professeurs un maître de la trans-avant-garde italienne, Sandro Chia. Une ouvre de contrastes, qui allie une technique millénaire, celle de la détrempe à l’ouf, à une recherche formelle contemporaine.
Avec l’exposition La Comédie humaine, présentée à la galerie Madeleine Lacerte, Sophie T. Rauch a voulu cerner quelques icônes de notre époque.
Si on pensait aux icônes d’aujourd’hui, aux représentations humaines idéales, quelles seraient-elles? «Peut-être ces filles en maillot rouge que l’on voit dans Alerte à Malibu, dit Sophie. Pas que je m’intéresse particulièrement à cette émission, ajoute-t-elle, mais il est troublant de voir à quel point cette image est partout.» Les éléments figuratifs de ses toiles sont parfois puisés à même l’histoire de l’art ou tout simplement empruntés à des clichés photographiques tirés de magazines. Dans plusieurs ouvres, les éléments figuratifs sont soulignés par des pointillés quasi lumineux qui mettent en relief le rapport intérieur/extérieur des formes.
Le thème général de la série présentée à la galerie Lacerte est le portrait. L’image de la baigneuse moderne se retrouve dans plusieurs ouvres dont Sea of Equations, Gates of Jericho, ou uniquement évoquée par son maillot, comme dans The Silence of the Limbs. «Les baigneuses sont un thème récurrent dans l’histoire de l’art, me dit Sophie T. Rauch, avec l’eau, qui peut symboliser l’inconscient.» Les procédés de citation, de double-énonciation (le titre qui redéfinit notre perception de l’ouvre) ou de collage rapprochent cette ouvre de l’esprit américain des peintres de la postmodernité, parmi lesquels on peut citer Mark Tansey. Sophie sourit à cette association: «J’aime bien l’idée d’une certaine impertinence américaine, par exemple, Giotto (peintre italien du XIIIe siècle) rencontre Garbage.» Elle me montre sa toile intitulée Back to the Future, un clin d’oil à la culture américaine qui présente le paradoxe de l’évolution technologique par un portrait d’enfant du XIXe siècle superposé à un fond de machine. Remettant toujours sa démarche dans un contexte historique elle ajoute: «Plusieurs courants artistiques du début du siècle, dont le cubisme, sont nés de ce choc entre l’humain et la machine…»
Sophie travaille présentement à une série inspirée de la génétique, ce qui enrichit sa réflexion sur notre société où «nous vivons ce que j’appellerais une culture de prothèses, on ajoute un bout ici un autre là…». Peut-être bien, néanmoins La Comédie humaine est une de ces expositions de peinture dont la profondeur de la recherche esthétique et l’intelligence de la réflexion hanteront le visiteur un bon moment.
Jusqu’au 20 avril
À la galerie Madeleine Lacerte
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