300 mots/seconde : L'essence du mot
Arts visuels

300 mots/seconde : L’essence du mot

Engramme présente 300 mots/seconde, une installation «littéraire» de CATHERINE POIRIER. Avec cette installation presque immatérielle, elle parvient à nous faire partager son intérêt pour la typographie et la forme propre aux lettres et aux mots.

L’installation 300 mots/seconde de Catherine Poirier constitue la poursuite d’une recherche entamée depuis ses études en communication graphique et en arts visuels à l’Université Laval. Elle a photocopié, découpé et collé des phrases et des mots sur de grands papiers translucides. Ces fragments de textes couvrent les fenêtres de la galerie d’Engramme. La nuit venue, l’espace devient une boîte lumineuse visible de la rue.

Les mots sont la matière première de son installation. Et pas n’importe lesquels. Ce sont des bouts de phrases, des mots et des lettres tirés d’un roman inédit qu’elle a écrit: «Je veux impliquer le corps et les sens dans la lecture du mot. Je cherche des extraits susceptibles de donner une sorte de vertige, des extraits qui évoquent aussi des images.» Sorties de leur contexte habituel, les phrases sont là autant pour être vues que pour leur signification. Pour Catherine Poirier, il s’agit «d’un va-et-vient entre le sens et la forme». Imprimées et agrandies, les phrases tournoient et deviennent les motifs de grands dessins.

L’utilisation de mots comme matériel de base est très répandue dans l’art actuel. On se souvient, entre autres, que l’artiste Robert Racine a fait plusieurs ouvres à partir des mots du dictionnaire découpés et recontextualisés. Ann Hamilton, qu’on a pu voir récemment au Musée d’art contemporain de Montréal, a aussi découpé des phrases pour ensuite les enrouler comme des balles de laine. Pour Catherine Poirier, «le mélange des disciplines et l’utilisation des mots en arts visuels est une des façons d’arriver à faire quelque chose de nouveau». Cette installation de Catherine Poirier entretient aussi un rapport particulier avec la technologie. Bien que la transformation de ses phrases soit réalisée par ordinateur, la dimension technologique de son installation s’éclipse devant le travail plus artisanal de découpage et d’assemblage du papier. En fait, cette installation se situe à la fois près et loin de la technologie. «Si le travail effectué par ordinateur tend à disparaître, tant mieux!, dit-elle. On reproche souvent au travail fait par ordinateur d’être trop axé sur la forme et pas assez sur le contenu.» Dans 300 mots/seconde, l’ordinateur est utilisé comme un simple outil, dont on soupçonne à peine la présence. La finalité du travail est ailleurs.

Jusqu’au 18 avril

Chez Engramme
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