Arpenter le paysage : Échelle humaine
Le centre de photographie Vu présente une série de paysages de DENIS FARLEY: huit grandes photographies couleur de ports, de mines et de carrières, dans lesquelles le photographe se met lui-même en scène. L’humain y devient la mesure de toute chose.
Denis Farley est bien connu pour ses photographies, ses installations, ses performances ainsi que pour son travail de reproduction photographique d’ouvres d’art. Il a présenté récemment une série de paysages au Musée régional de Rimouski en duo avec l’artiste Nathalie Roy. Depuis trois ans, il poursuit une recherche sur les rapports d’échelle et de proportions. Tout a commencé pendant un voyage dans les Pyrénées. C’est là qu’il a entrepris la réalisation de photographies en s’intégrant lui-même dans le paysage. Pour l’occasion, Denis Farley a confectionné un costume à carreaux rouges et blancs: «J’ai conçu [ce costume] afin qu’il suggère à la fois l’échelle du géomètre et une borne quelconque que l’on aperçoit au loin.» Tels les géographes utilisant dans leurs photographies des étalons pour estimer les dimensions, celui de Denis Farley permet d’envisager l’immensité des paysages. Comme il écrit dans le feuillet accompagnant l’exposition: «D’une certaine manière, il s’agit de suggérer les actes de mesure de l’individu afin qu’il puisse mieux prendre conscience de ce qui l’entoure.» L’étalon rouge et blanc révèle non seulement l’étendue des vastes espaces photographiés, mais également leurs formes et leurs couleurs. Cet instrument de mesure met aussi en valeur les variations géologiques dans des photographies comme Mine abandonnée près de Black Lake de 1997 et Carrière d’ardoise près de Lourdes, prise dans les Pyrénées en 1996.
Denis Farley investit des paysages naturels ou industriels, la plupart du temps modifiés par l’intervention humaine: mine, carrière, champ, port ou centrale électrique. Ce travail de photographie nécessite aussi un parcours physique des lieux. Les randonnées d’exploration dans les mines et les carrières pourraient être considérées comme la part de «performance» dans la réalisation des ouvres. En outre, on perçoit dans cette série de paysages toute l’expérience et la réflexion de Denis Farley sur la photographie. En s’intégrant dans les photographies (systématiquement de dos), il nous oblige en quelque sorte à prendre sa place derrière la caméra et à la considérer avec une certaine distance. Ainsi, en plus d’un jeu entre l’échelle humaine et le paysage, ces photographies mettent l’accent sur le point de vue du photographe. Un point de vue qui se confond avec le nôtre… À voir absolument.
Jusqu’au 2 mai
Chez Vu
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