Le Festin blanc : Dire entre les lignes

Artiste autodidacte et prolifique, LUC ARCHAMBAULT pratique la peinture depuis 25 ans, en plus de ses activités de céramiste et de galeriste. Il a produit récemment une ouvre au bénéfice de la fondation de la Maison revivre. Rencontre avec un personnage volubile et passionné.

Pour fêter son 20e anniversaire, la Maison revivre lançait une sérigraphie d’interprétation réalisée par Pierre Auger, d’après une ouvre du peintre et céramiste Luc Archambault. La Maison revivre, située sur la rue St-Vallier, est un organisme qui offre le gîte et le couvert. En plus d’accueillir des sans-abri et de distribuer des paniers de nourriture aux familles dans le besoin, la Maison revivre conseille et oriente les gens en difficulté vers les ressources du milieu. La vente des 160 exemplaires de la sérigraphie et de produits dérivés sur lesquels sont imprimés Le Festin blanc (carte postale, tapis à souris pour ordinateur) permettront à la maison de recueillir entre 10 000 et 25 000 $.

Luc Archambault explique: «On est venu me voir pour me demander un tableau. Je leur ai dit: >Je vais travailler quelques mois là-dessus et on verra ce que ça donne>.» Créer à partir de commande ne va pas de soi. Mais, manifestement, les résultats ont enchanté tout le monde. Le triptyque La Trilogie des vivants a été offert à la Maison revivre en septembre dernier. Le grand dessin à l’encre de Chine, au fusain et au pastel sur papier est désormais accroché au mur de la salle à manger. Le sérigraphe Pierre Auger a ensuite réalisé une estampe d’interprétation à partir d’un détail de ce dessin. Si vous connaissez déjà le travail de Luc Archambault, vous avez probablement en tête ses personnages accroupis exprimant à la fois la douleur et la force. L’estampe reprend ces personnages qui font la marque de commerce de la production récente de Luc Archambault. Mais, si vous observez attentivement, vous verrez qu’il s’agit surtout, comme dans la plupart des ouvres d’Archambault, d’une exploration de la matière et de la couleur: «Mon travail est tout en transparence. Le sérigraphe Pierre Auger a fait vraiment un travail de maître. Il y a 96 passages de couleur dans cette image, alors qu’en général, dans une sérigraphie, on en retrouve entre 15 et 20. Ce procédé est un des meilleurs pour reproduire une ouvre. Il se dégage une énergie de chaque couche de couleur.» Luc Archambault s’empresse de préciser avec ferveur: «En fait, contrairement à ce que certaines personnes pensent, la sérigraphie d’interprétation est une ouvre en soi. Elle est aussi valable que la sérigraphie de création. Si les arts d’interprétation sont inférieurs, ça voudrait aussi dire que Glenn Gould comme interprète n’est pas important!» La qualité du travail de sérigraphie de Pierre Auger est en effet indéniable. La production d’un fragment d’une ouvre comme La Trilogie des vivants était un défi pour le sérigraphe.

Pour Luc Archambault, la reproduction de ses ouvres tant par la sérigraphie que par les procédés d’imprimerie fait partie de son travail depuis longtemps. C’est pour diffuser son travail qu’il a créé, avec les gens d’affaires qui le supportent, L’Art Aussi, une société en commandite qui a produit la sérigraphie et tout le matériel pour cet événement. «Adolescent, j’ai découvert Picasso par les livres, par des reproductions! Je crois que la production d’ouvres d’art par la publication de livres ou par des cartes postales est une façon de donner un plus grand accès à l’art. Quant à l’estampe d’interprétation, elle permet à des gens d’acquérir des ouvres à bas prix.» On pourrait se demander si toute cette prolifération de reproductions ne transforme pas l’art en produit commercial? À cela, Luc Archambault répondra probablement que c’est plutôt une des façons de le démocratiser… En tout cas, les objectifs de la collaboration entre l’artiste et la Maison revivre sont atteints. Une ouvre égaie les espaces communautaires de la Maison revivre et les ventes des sérigraphies viendront garnir les coffres de l’organisme. Pour informations: Maison revivre, tél: 523-4343; Galerie d’un jour, 900, boul. Charest Est; www.Luc-Archambault.qc.ca.

Bloc-notes
Fabienne Lasserre, pour sa première exposition solo, a choisi de rédiger elle-même un texte sur sa création. «Mambo, nous dit-elle, provient du nom des prêtresses de vaudou et de la musique cubaine et mexicaine des années 50.» Or, Mambo est une exposition où est mis en parallèle le corps de la femme et divers objets à la fois de culte et de consommation. On trouve sur plusieurs photos la même poitrine et le même sexe féminin, mamelons et lèvres percés et décorés d’objets placés en relation avec les petits autels qui complètent chaque installation. L’artiste a commencé cette série au Mexique avec l’aide du modèle que l’on retrouve sous les traits d’une Shiva mexicaine aux multiples bras chargés de symboles reliés à la société mexicaine. Mambo est une ouvre débridée, qui galope d’un sujet à un autre, créant des ponts et des liens inopinés avec un sens de l’humour et de l’ironie bien appuyés. Au Lieu centre en art actuel, jusqu’au 23 mai.

Le doux mois de mai
Mai, c’est la fin des études pour plusieurs, dont les étudiants en arts visuels de l’Université Laval. Cette année, ils sont 31 qui terminent leur baccalauréat et nous prédisent que L’Invasion à venir, ce sera eux! Ils n’ont pas manqué d’imagination pour mousser leur vernissage, imprimant des posters pliés sous forme de mouches, qu’ils ont disséminés un peu partout, et entreprenant, à l’aide de leur matériel promotionnel aux allures de film de science-fiction des années 50, une campagne de relations de presse bien orchestrée. Leur exposition, qui réunit les meilleurs travaux des trois années d’études, se tient à l’édifice La Fabrique dans les locaux de cours réaménagés pour cette occasion. À l’édifice La Fabrique, jusqu’au 31 mai.