Enchantés par les petits portraits de la société québécoise, à la fois tendres et ironiques, que CLÉMENCE DESROCHERS brosse avec les mots, nous découvrirons que cette femme d’esprit fait aussi parler les images lorsqu’elle s’adonne au dessin et au collage.
Quelques minutes avant de discuter avec la célèbre monologuiste, une petite inquiétude surgit: et si la comédienne de Grujot et Délicat, ou plus récemment l’animatrice des Petits Bonheurs, s’avérait être autre au téléphone… Rassurez-vous, Clémence Desrochers, tout en parlant de son exposition Les cadres sont vraiment beaux!, s’est révélée telle que nous nous l’imaginions, c’est-à-dire sympathique et chaleureuse. Dans l’émission Les Petits Bonheurs de Clémence, nous avons pu la voir tenter maladroitement de bricoler avec ses chroniqueurs, puis jouer de philosophie optimiste devant les résultats de ses efforts. «Je ne fais pas semblant, dit-elle pleine de conviction, je suis malhabile… Je dessine comme une enfant appliquée qui défonce la feuille de papier! Toi, est-ce que tu dessines?», demande-t-elle à brûle-pourpoint. Je réponds que oui, enfin un peu, puis je dois ajouter devant ses questions qu’il nous faut discuter d’elle, non pas de moi! «Oui, oui, fait-elle, amusée, je vais tout te dire ça.»
L’enfance est au cour de cette série de 38 dessins et collages. L’enfance, mais tout particulièrement le souvenir figé qu’on en garde et qui persiste lorsqu’on y rêve en feuilletant nos vieux albums de photos. Clémence ajoute à ce propos: «La photo était toujours un événement chez nous. Eh! quand on sortait le Kodak…» Elle a donc choisi de travailler à partir de photos, souvent des clichés qu’elle a puisés dans ses albums de famille ou qui lui ont été prêtés par des amis. Elle ne tente pas de copier ses modèles, mais plutôt de les interpréter à sa manière. Par un échange épistolaire de photos de famille, elle a développé une grande amitié avec un écrivain de la Beauce, René Jacob, qui est devenu au fil de leur correspondance un fidèle collectionneur. «René possède quinze de mes dessins et il en a réservé un de cette série… Je lui ai même fait un immense collage», précise-t-elle, attendrie.
Dans cette exposition, nous pourrons aussi voir des collages réalisés à partir d’albums de Tintin et de Bécassine, deux personnages qui riment incontestablement avec enfance. Clémence a aussi créé une ouvre à partir du texte de son père (le poète Albert Desrochers), Je suis un homme déchu. Le verbe étant un incontournable pour notre poète monologuiste, elle a rédigé quelques textes qui accompagnent ses dessins. Elle lit alors un petit poème écrit pour l’ouvre intitulée Retour de l’école. «Je suis une écolière sur un chemin étroit…» Elle termine sa lecture et ajoute spontanément: «C’est beau, hein?» Bien sûr que c’est beau, Clémence. Là-dessus, je l’ai libéré, pour qu’elle retourne à son univers où tourbillonnent crayons, papier, ciseaux, des fleurs assoiffées et son chat Félix, qui lui sert de modèle…
Du 20 au 31 mai
À la galerie du YMCA
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