Les expositions dans les musées : L’été des méga-événements
L’été en arts visuels à Montréal est assez prometteur. Si l’on se fie aux différents communiqués de presse, on peut s’attendre à un bel équilibre entre des thèmes grand public, faisant rêver tout un chacun, et de nouvelles approches intellectuelles pouvant raviver la curiosité du plus blasé des historiens de l’art. L’amateur comme le spécialiste se croiseront donc avec plaisir dans les musées.
Après plusieurs expositions décevantes au Musée des beaux-arts (René Derouin, Monet à Giverny, À la découverte de Goodridge Roberts), on attend beaucoup du méga-événement Cosmos, qui débutera le 17 juin. Le sous-titre en est Du romantisme à l’avant-garde, 1801-2001, rien de moins. C’est tout un programme. On aura droit à un parcours imposant puisque le MBA a réuni 380 ouvres sous la direction Jean Clair, qui avait déjà été le commissaire des importantes expos Les Années 20 et L’Europe symboliste. À travers ce vaste mandat, le Musée tentera de cerner la fascination que l’espace inconnu exerce sur l’occident «depuis la conquête de l’Amérique et du Grand Nord, au XIXe siècle, jusqu’à celle, contemporaine, du système solaire». Comme à son habitude, le MBA tentera d’attirer les foules en décloisonnant le domaine habituel des arts. On pourra voir des tableaux d’artistes très connus (comme par exemple Route avec un cyprès et un ciel étoilé de Van Gogh) ainsi que des artefacts plus propres aux musées de la civilisation ou des sciences (comme des vêtements de la collection «cosmique» de Schiaparelli, des photos prises par les sondes Surveyor ou encore le premier prototype de combinaison spatiale).
Au Musée d’art contemporain, c’est à un autre type de dépaysement qu’on nous convie. Il s’agit d’un voyage dans le temps, nostalgie comprise. Déclics, Art et Société trace le portrait du Québec des années 60 et 70. Il était temps que l’on consacre un grand événement à cette époque décisive de l’histoire du Québec autant pour les arts que pour la politique et la société en général. Cette exposition, qui vient juste de débuter, a été montée en collaboration avec le Musée de la civilisation. Il faudra donc se rendre à Québec si l’on veut avoir une vision plus globale de cette ère révolutionnaire. On en reparle, avec grand plaisir, dès la semaine prochaine. Toujours au MAC, dans la même perspective de relecture de l’histoire de l’art du Québec, à partir du 17 juin, une rétrospective d’une quarantaine de tableaux permettra d’avoir une bonne vue d’ensemble des cinquante ans de production de l’artiste Jacques de Tonnancour.
Puisque l’heure est à la collaboration entre institutions muséales, le Centre Canadien d’Architecture et le Musée des Arts décoratifs de Montréal ont eu la bonne idée de présenter en même temps deux facettes du travail de l’architecte, mais aussi concepteur de verrerie, Carlo Scarpa (voir texte en arts visuels).
Au Centre d’histoire de Montréal se poursuit, jusqu’au 6 septembre, la présentation des clichés d’Alan B. Stone. On vous en a déjà dit tout le bien qu’on en pensait. C’est un photographe à découvrir.
Au Musée Stewart, au fort de l’île Sainte-Hélène, Napoléon Bonaparte est à l’honneur. Le Musée nous promet d’entrer «dans l’intimité du personnage» en traçant le portrait «des femmes qu’il a aimées: sa mère, puis Désirée Clary, qu’il n’épousera pas, et ses deux impératrices». On aura aussi droit à toutes les reliques de l’empereur: son berceau, son sabre de la campagne d’Égypte,et même son masque mortuaire. Il y aura aussi de la place pour quelques ouvres d’art et même des tableaux d’histoire puisque, tout de même, Napoléon commanda à des artistes importants un nombre extraordinaire de toiles (à des fins de propagande). Le vainqueur d’Austerlitz attirera-t-il vraiment les foules? C’est à voir.
À l’extérieur de Montréal, on compte aussi sur de grandes expositions avec des noms connus pour attirer le public. Tous ne sont cependant pas aussi convaincants.
À Ottawa, quelques tableaux de Van Gogh, réalisés durant sa convalescence à l’asile de Saint-Rémy-de-Provence, serviront d’appât, dès le 11 juin. Il faut espérer que ce sera plus consistant que l’exposition Monet au MBA. Une rétrospective d’Honoré Daumier, avec plus de 300 pièces, sera aussi à l’affiche. Daumier fut un fabuleux caricaturiste, mais également un dessinateur, un peintre, un sculpteur grandiose. On attend donc avec impatience cette présentation; en espérant que le travail de cet artiste engagé ne soit pas présenté d’une manière trop aseptisée.
Au Musée de Québec, on compte beaucoup sur quelques grands noms qui ont déjà fait recette. Plus de 90 gravures (rares) des impressionnistes Degas et Pissarro seront présentées dès le 17 juin. Les 129 ouvres du très intéressant peintre Jean Dallaire captiveront certainement moins l’imaginaire collectif. Néanmoins, il s’agit d’un travail qui mérite d’être reconsidéré.