Du compagnonnage : Artistes associés
En faisant dialoguer le travail de deux artistes qui s’intéressent au paysage et à ses strates, l’exposition Du compagnonnage tape dans le mille. Coup de cour!
Au Musée d’art contemporain, on est à l’ère de la coproduction. Après l’expo Déclics, réalisée avec le Musée de la civilisation de Québec, voici Du compagnonnage élaborée avec le Musée régional de Rimouski. Gilles Godmer (du MAC) et Carl Johnson (du MRR), dans une mise en abyme intéressante, ont poursuivi leur dialogue de commissaire en mettant en conversation le travail de deux artistes, Natalie Roy (artiste de Québec) et Denis Farley (photographe de Montréal). On peut se féliciter de ce type de collaboration entre musées. Cela permet de sortir du réseau muséal habituel et, comme le fait remarquer Marcel Brisebois (dans son avant-propos au catalogue), de réagir «à un certain discours opposant les grands musées aux petits musées, les musées régionaux aux musées montréalais». Le résultat de cette entreprise étant des plus fructueux, on ne peut que se réjouir d’une telle association.
Des deux expos, celle de Roy est certainement la plus spectaculaire. La nature y est représentée, littéralement, sens dessus dessous. Extraordinaires sont Les Dentelles de Montmirail, un ensemble de soutiens-gorge et de jupons placés derrière un panneau d’acrylique, créant ainsi un paysage montagneux: les formes du corps s’y font monts et vallons. Fabuleuse est À fleur de peau, élaborée de jupons mis en tas et composant des formes de roses. Dans cette dentelle et ces jupons, se lit un retour sur une intimité un peu ancienne, un rapport au passé qui n’est pas nécessairement triste ou effrayant (comme, par exemple, chez Louise Bourgeois). Amoroso: indication musicale de nuance, avec tendresse est très drôle. Un tissu tendu sur un cadre devient presque la peau d’un amant (ou d’une maîtresse) à caresser, mais en respectant certaines règles…
Au premier coup d’oil, les huit photos qu’expose Farley font un peu penser aux images de Jeff Wall. De plus, leur structure très imposante (ne serait-ce que par les formats ou par l’étendue de l’espace embrassé) se trouve désamorcée par un petit personnage répété inlassablement dans chaque image. Cet être (joué par l’artiste) habillé d’un costume à carreaux rouges et blancs a un petit côté arlequin, en plus d’évoquer des personnages peints par Malevitch. Il vient troubler le sérieux et la grandiloquence de ces immenses vues qui ressemblent, avec leur homme-étalon, presque à des relevés topographiques. Ces «paysages étalonnés», où l’artiste nous tourne le dos, sont comme des parodies de photos de voyage.
L’humour chez Farley tient donc, comme chez Roy, une place importante.
Jusqu’au 5 septembre
Au Musée d’art contemporain
De la peinture à la pierre
Proche de Goodridge Roberts et d’Alfred Pellan, Jacques de Tonnancour (qui a 82 ans) fut le rédacteur du manifeste Prisme d’yeux en 1948. Pour qui a visité l’Université de Montréal, ou le Planétarium, son travail n’est pas inconnu puisqu’il a réalisé en ces lieux d’importantes murales. Le Musée d’art contemporain lui consacre une rétrospective qui nous laisse malheureusement un peu sur notre faim. Ou du moins avec le sentiment que la conservatrice, Josée Bélisle, a donné trop de place à la période paysage, et pas assez aux tableaux «collages», «fossiles» et «écritures», réalisés à partir des années 60 et (de loin) bien plus originaux. À partir de cette époque, le travail de l’artiste constitue un apport significatif à l’art du Québec. On remarquera en particulier Le givre (1965), l’Épave (1975) ou bien Fossile à la libellule (1983). On aurait aimé voir davantage de ces peintures étranges et extraordinaires. Elles font penser à des images prises par des satellites, des téléscopes, ou des microscopes, voire à des panneaux tranchés dans la pierre. Ces ouvres-là sont d’une très grande richesse visuelle.
Par ailleurs, il est regrettable que le MAC ne publie un véritable catalogue de cette exposition, mais seulement un «livre-entretiens» signé Pierre Bourgie.
Jusqu’au 10 octobre
Au Musée d’art contemporain
Place à la relève
Cela s’annonce retentissant! C’est du moins ce que nous promet le titre de l’événement: L’art qui fait boum! Pour sa première édition, La triennale de la relève québécoise en arts visuels aura lieu en avril 2000 au marché Bonsecours. La sélection des artistes sera faite par un jury formé de quatre membres: Penny Cousineau (Université Concordia), Pierre Guimond (UQÀM), Louis Pelletier (Collection Loto-Québec), Anne-Marie Zeppetelli (artiste). Les artistes de toute discipline sont invités à soumettre leur candidature. Une des conditions d’admissibilité est d’avoir moins de dix ans de pratique professionnelle et d’être résidant du Québec depuis au moins un an. Date limite d’inscription: 1er novembre 1999. Information: (514) 270-4499. Faites parvenir vos dossiers à L’art qui fait boum! 300, rue Saint-Paul Est, Montréal, H2Y 1H2. Site Internet: www.artquifaitboum.qc.ca. Courriel: [email protected]