Biennale du dessin, de l’estampe et du papier-mati : Matière à réflexion
En plus de deux expositions se déroulant à Alma et à Jonquière, la Biennale, c’est aussi un catalogue, un colloque à venir en février 2000, sans oublier l’exposition parallèle Substances et circonstance à la galerie de l’Atelier d’estampe Sagamie à Alma. Il y a plusieurs activités dont l’objectif premier est la diffusion du dessin (au sens large), de l’estampe et d’ouvres sur papier. L’Exposition concours constitue le volet principal avec ses vingt-sept participants sélectionnés sur quelque deux cent quarante-trois dossiers et ses quatre mentions d’honneur. Ce qui rallie la rigoureuse sélection du jury, composé de Martin Boisseau, Michel Groleau et Paul Lussier, demeure la qualité et la diversité des ouvres. Les artistes utilisent de nombreux procédés, de l’assemblage aux rayons X, en passant par l’infographie. Selon l’historienne de l’art Francine Paul, en plus des récurrences dans l’organisation de l’espace, dans les formats, dans les couleurs et la présence de figures utilisées sans souci de réalisme, «les artistes retenus à la Biennale insistent majoritairement sur les difficultés à établir des relations solides, continues entre les différentes composantes de la société. La dislocation, l’incomplétude témoignent de l’impasse des communications humaines en cette fin de siècle vécue, dans la fragilité des êtres, comme un repli sur soi». Nonobstant la rhétorique sur la fin du millénaire, au demeurant déjà surannée (tout va tellement vite de nos jours!), dans son excellent texte, Francine Paul en arrive à la conclusion que la promesse de communication liée à la prolifération des réseaux s’avère une illusion, surtout en ce qui concerne les relations humaines. Ce qui n’est pas faux.
Et les gagnants sont..
L’Exposition concours de la Biennale a évidemment sa distribution de prix auxquels se joignent des bourses. Le prix de la Collection Loto-Québec a été attribué à l’artiste de Québec Lauréat Marois pour sa série Les Carrés noirs. Marois n’en est pas à ses premiers prix. Depuis une trentaine d’années, il joue un rôle actif dans le monde de l’art autant par son ouvre que par son enseignement dans les universités de Québec et de Chicoutimi. C’est à Gilles Morissette que revient le prix Alcan avec une installation de cônes de papier-matière suspendus aux murs. Le Prix de la ville d’Alma a été attribué à Philippe Valois pour son polyptyque Bien à vous, composé de vignettes accompagnées de commentaires volontairement détonnants. L’artiste d’Alma Sébastien Dion a remporté le prix Télé-Québec Jeune carrière, avec des estampes numériques réalisées d’après une image sadomasochiste hackée sur Internet. Cette exposition rassemble aussi des ouvres du talentueux Marc Séguin, qu’on pourra voir cet automne à Québec, et de Josette Trépanier, un assemblage conceptuel et efficace de Michel de Broin, un triptyque poétique de Lucie Robert, et deux «collagraphies» de François Chevalier, pour ne nommer qu’eux. Sans aucun doute, la plupart des ouvres méritent toute notre attention.
La Biennale présente également, pour la première fois cette année, une exposition élaborée par un commissaire. Michel Groleau a réuni sept artistes, dont Louise Mercure et François Morelli. Il nous livre une réflexion sur L’Incontournable présence de l’hybridité, titre évoquant la diversité autant du contenu que de la forme chez les artistes actuels. On s’en voudrait de ne pas signaler l’exposition parallèle Substances et circonstance. Cette exposition est une sorte de biennale off présentée à la galerie de l’Atelier d’estampe Sagamie à Alma, réunissant des artistes travaillant les nouvelles technologies de l’image imprimée. Si vos escapades estivales vous mènent jusqu’au Lac-St-Jean, n’hésitez pas à aller voir ces trois expositions. Sinon, le catalogue, autant par les reproductions que par les textes, rend justice aux ouvres.
Bloc-notes
Le béton: flexible?
Malgré sa réputation, le béton n’est pas que grisaille. L’exposition Le béton, un patrimoine? se déroulant depuis le début de l’été au Centre d’interprétation de la vie urbaine en fait la preuve. En plus de la présentation historique et technique, réalisée par le Centre de recherche interuniversitaire sur le béton (GRIB), La Chambre blanche propose des installations conçues en lien avec ce matériau. Autant pour ce qu’il évoque que pour ses propriétés. Après l’intervention de Caroline Gagné, Florent Cousineau a créé une ouvre monumentale à partir de béton flexible. Ce matériau utilisé en construction est ici habilement détourné de son usage commun. Ponctuée de feuilles de béton, une véritable chute s’écoule du haut de la tour. À voir… avec votre parapluie! Jusqu’au 5 septembre, au Centre d’interprétation de la vie urbaine.