Paterson Ewen
Lors de la rétrospective de son travail au Musée d’art contemporain, au printemps 97, on avait pu saisir l’ampleur et la qualité de son oeuvre s’étalant sur cinq décennies. Paterson Ewen est de retour! Il présente à la Galerie René Blouin des peintures et une série d’oeuvres sur papier. Né en 1925 à Montréal, et vivant à London en Ontario depuis 1968, Ewen est sans nul doute l’un des peintres canadiens les plus importants de notre époque. Artiste qui a toujours refusé la pression du marché et des modes, il a, dit-on, arrêté, en 1963, de faire des monochromes car il les trouvait trop décoratifs et parce qu’ils se vendaient trop bien… À la Galerie René Blouin, jusqu’au 2 octobre.
Stéphane Gilot
C’est avec grand intérêt que nous attendons la prochaine installation de Stéphane Gilot, jeune artiste qui, depuis quelques années, a toujours su trouver les moyens pour surprendre ses spectateurs. En 1997 et en 1998, il a investi avec démesure les centres d’art Dare-dare et Skol pour y bâtir des environnements architecturaux impressionnants qui transformaient totalement l’espace de ces galeries au point de ne plus nous permettre de les reconnaître. Lors de Peinture peinture, il a construit E(A)ntre, dévers où un mur incliné évoquait la pratique de l’escalade. Saura-t-il avec sa plus récente oeuvre nous tenir encore suspendus à ses parois imposantes, et ainsi poursuivre son ascension dans le milieu de l’art? Dès le 28 août à la Galerie Lilian Rodriguez.
Le Mois de la Photo
Comme tous les deux ans, septembre sera le mois de la photo à Montréal. Dans le cadre de sa sixième édition, le MPM – seul événement photographique d’envergure au Canada – réunira rien de moins que la majorité des galeries et maisons de la culture de la ville. Un thème cette année réunira plusieurs expositions: le souci du document. Au Marché Bonsecours seront présentées les remarquables images de la Hollandaise Rineke Dijkstra; et L’Évocation où sera affiché (entre autres) le travail du toujours extraordinaire Alain Paiement. À ces deux expos s’ajoutent celles de Joan Fontcuberta (à Occurrence), de Richard Billingham et Anna Fox (à la Galerie des arts du Centre Saidye Bronfman), de Lynne Cohen (à la Galerie Christiane Chassay). Durant tout le mois de septembre.
François Girard
On a bien hâte de découvrir ce que le cinéaste François Girard a élaboré cet été durant sa résidence au Musée d’art contemporain. Succédant à Marie Chouinard (qui, l’an dernier, avait profité de cette occasion pour réaliser une rétrospective de ses solos), cet artiste – qui a déjà conçu trois installations vidéo et qui a une pratique dans le domaine des arts visuels depuis près de quinze ans – a imaginé une création multimédia intitulée La Paresse, «mère de tous les vices». Cette oeuvre – nous promet le texte de présentation – sera une exploration de l’analogie entre l’écran de cinéma et le tableau. À voir. Dès le 2 septembre au Musée d’art contemporain.
Holly King
Toujours dans le cadre du Mois de la photo, au Musée des beaux-arts de Montréal, la présentation des photographies de Holly King. L’exposition intitulée Territoires de l’imaginaire provient du Musée canadien de la photographie contemporaine, à Ottawa. Une vingtaine de pièces grand format (dont cinq inédites) nous permettront d’entrer dans l’univers fictionnel très particulier de cette artiste. Ses paysages sont en fait des clichés de petites maquettes qu’elle fabrique elle-même. L’éclairage, parfois dramatique, et l’agrandissement, souvent à des dimensions monumentales, plongent ses compositions dans une atmosphère étrange, voire inquiétante, où le spectateur a le sentiment de perdre toute notion d’échelle. Au Musée des beaux-arts de Montréal, dès le 23 septembre.
Le groupe UDO
On surveillera attentivement cet automne les activités (subversives?) du Groupe Udo. En janvier 98, ce regroupement d’artistes (dont le nombre change à chaque activité) avait occupé un Burger King pendant 24 heures, afin d’y entreprendre toute une série d’activités contrecarrant «l’organisation économique insipide et normalisante?». Cela consistait, par exemple, à «manger un whopper en 45 minutes au ralenti devant un métronome»!!! Udo prépare Le Salon de l’Agglomérat, qui se propose de copier la structure du Salon de l’Auto. On nous promet différents kiosques, événements, et même une mascotte. Cela risque d’être dépaysant – Du 7 au 31 octobre, à la Galerie Clark.
L’art moderne mexicain, 1900-1950
Les musées, en Occident, se penchent rarement sur l’art produit en dehors de l’Europe et de l’Amérique du Nord (pour ne pas dire des États-Unis). Le Musée des beaux-arts nous fait sortir de ces limites habituelles pour se pencher sur L’art moderne mexicain de 1900 à 1950. Ce sera une belle occasion de voir des oeuvres de peintres renommés et même légendaires, comme Diego Rivera ou Frida Kahlo, mais aussi de découvrir des artistes inconnus au Canada. C’est la première fois depuis 1943, qu’un musée canadien consacre une expo à cet art! C’est dire l’importance de l’événement. À partir du 4 novembre, au Musée des beaux-arts de Montréal.
Roland Poulin
Voilà cinq ans, le Musée des beaux-arts d’Ottawa avait élaboré une mémorable rétrospective du travail de Roland Poulin. Le Musée d’art contemporain arrivera-t-il à nous séduire autant avec sa présentation des oeuvres du sculpteur québécois? Le MAC exposera des pièces tirées de sa collection permanente de cet artiste qui, depuis près de trente ans, poursuit une recherche des plus originales. Jusqu’au milieu des années 80, il a utilisé dans un esprit minimaliste du ciment comme matériau de base; mais, depuis, il élabore des structures de bois qui évoquent des sarcophages ou des croix et qui font toujours référence à la mort. Troublant. À partir du 5 novembre, au Musée d’art contemporain.
Evergon
Le travail d’Evergon, l’un des plus grands photographes contemporains, est empreint d’homoérotisme. Au mois de mai dernier, les habitués du Sky Pub ont pu le constater de visu puisque l’artiste y présentait des exemples de sa série de Ramboys (s’inspirant de Pan, dieu de la puissance sexuelle). On pouvait aussi y voir cinq exemples des Manscapes, clichés pas tout à fait documentaires, représentant les lieux de rendez-vous, plus ou moins illicites, des hommes gais à travers l’Occident. Cette fois-ci, on retrouvera la suite de cette série dérourante montrant des espaces désertés par les corps nus, et les visages d’éphèbes qui ont souvent été un des éléments de séduction des images d’Evergon. À la galerie Jocelyne Aumont Trois Points, dès le 13 novembre.
Oeuvre d’impertinence
Maintenant que l’avant-garde est morte, les artistes peuvent-ils encore produire des oeuvres irrévérencieuses? C’est le pari que tient le Musée d’art contemporain avec oeuvre d’impertinence, une expo qui nous permettra de faire le saut dans le prochain millénaire. On a vraiment hâte de voir les créations des 25 artistes choisis. Le spectateur pourra comparer la production de plusieurs vedettes des années 80 et 90 reconnus sur la scène internationale (Félix Gonzalez-Torres, Ilya et Emilia Kabakov, Martin Kippenberger, Peter Land, Tony Oursler, Charles Ray, Andrea Zittel), avec les créations de nos artistes canadiens et québécois (Kim Adams, Alain Benoît, Jean-Pierre Gauthier, Manon Labrecque). Du 26 novembre 1999 au 23 avril 2000, au Musée d’art contemporain.