Instatique : L'usage du temps
Arts visuels

Instatique : L’usage du temps

Folie/Culture lançait récemment son sixième numéro sur le thème de l’instabilité. L’organisme a demandé au poète et sculpteur PIERRE HAMELIN de travailler sur cette question. Un sujet tout désigné pour cet artiste de l’assemblage  improbable.

Crânes d’animaux suspendus, ossements plantés dans des pots à fleur, vieille chaise rouillée accrochée au mur, fragments d’objets trouvés: voilà les différents matériaux qu’utilise Pierre Hamelin. Il s’est servi de ce qu’il avait sous la main certes, comme cette plante qu’il a volontairement laissé sécher pendant des semaines, d’objets accumulés depuis des années dans son atelier étroit, mais de bien d’autres choses encore. Notamment, ces moules servant de fausses carcasses de chevreuil pour les empailleurs d’animaux qu’il a installées par terre. Parfois morbides, ses assemblages oscillent entre le vivant et l’inanimé. Malgré le foisonnement d’objets que propose Pierre Hamelin, ses sculptures sont plutôt dépouillées. «Je veux que ce soit simple, précise-t-il, la simplicité implique beaucoup de recherche. J’élimine tout ce qui pourrait donner un côté anecdotique à mes sculptures.»

Pas de prouesse technique donc, mais des assemblages réfléchis et singuliers résultant d’une abondante production, dont on ne voit aujourd’hui qu’une infime partie. Une production dominée par un intérêt pour la préservation et la création d’altérations. Pierre Hamelin utilise des matériaux usés, souvent imparfaits et marqués par la vie. «Afin de préserver les marques du temps, dit-il, je mets parfois du fixatif pour localiser la poussière.» Ce qu’écrivait Danielle April en 1991 à propos des sculptures de Pierre Hamelin s’avère donc toujours aussi juste: «En général, l’imperfection rend les choses et les êtres plus accessibles. La perfection a l’étrange pouvoir d’isoler.» Avec ses assemblages apparemment simples, le sculpteur donne une seconde vie à des objets rejetés, pour la plupart exclus du marché de l’utile. S’il y a une instabilité dans les sculptures troublantes de Pierre Hamelin, ce n’est pas tant dans un quelconque déséquilibre des objets dans l’espace que dans les détournements de sens et de fonction qu’il leur fait subir.

Cahier de Folie/Culture
Reconnus pour leurs présentations pour le moins particulières, les cahiers de Folie/Culture rivalisent encore une fois d’originalité. Le contenant du sixième numéro se présente comme un sac de pain blanc dans lequel alternent des tranches de pain et de poésie. Textes, dessins et divers montages photographiques réalisés par une vingtaine de personnes font probablement de ce cahier un des plus instables qu’ait produit Folie/Culture.

Jusqu’au 14 novembre
À la Galerie Rouje
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Bloc-notes
Performance sonore de Vivenza
Le Lieu est un des endroits à Québec où se retrouve régulièrement une faune cosmopolite d’artistes. Du 4 au 14 novembre, on y reçoit un artiste de Grenoble, Vivenza, théoricien et praticien du «bruitisme». Rendez-vous à l’inauguration de son exposition, ce jeudi 4 novembre à 20 h, au Lieu. À ne pas manquer également, un concert sonore et visuel du même artiste, le samedi 5 novembre, à la Caserne Dalhousie, à compter de 20 h. En première partie, le groupe Eltractor, associé à Avatar, fera une intervention multimédia.

Expos en vrac
Plus que quelques jours pour voir l’exposition itinérante du collectif Presse Papier de Trois-Rivières. Les vingt ans de Presse Papier souligne la production intense et inventive de deux décennies de gravures trifluviennes. Jusqu’au 7 novembre, chez Engramme. Pendant que le collectif de Presse Papier occupe l’espace d’Engramme, les membres d’Engramme exposent à la Galerie Trompe-l’oeil du cégep de Sainte-Foy. Matière à impression regroupe les oeuvres d’une vingtaine d’artistes. À voir jusqu’au 10 novembre. Si vous passez sur la rue Saint-Vallier, faites un arrêt au café L’Impasse des 2 anges. On y présente des photographies de Gilles Bérubé. Ce photographe a présenté ses clichés en Amérique latine, au Mexique, en France et ici. Bêtes de scènes regroupe des portraits d’artistes pris pour la plupart lors du Festival d’été de Québec et du Festival de jazz de Montréal. Vous prendrez un café en compagnie de Jane Birkin, Pauline Julien, Léo Ferré ou Arthur H. Jusqu’au 15 novembre.

Conférence sur Rops
Le Musée du Québec présente cet automne une série de conférences sur l’oeuvre de Félicien Rops. Une spécialiste de Rops, Hélène Védrine, coauteur de la monographie sur l’artiste, prononcera une conférence sur l’esthétique de la décadence de l’artiste belge. Mettant en parallèle les arts plastiques et la littérature, Hélène Védrine traitera de l’érotisme et du bizarre dans l’oeuvre de Rops. Le mercredi 10 novembre, à 19h30, au Musée du Québec. Entrée libre.