Une statuette taillée dans le marbre d’où s’élève une tige de bois et de métal au bout de laquelle flotte une plume rose, une figurine blanche incisée en son centre et comblée de sulfate de cuivre (une poudre bleue cristalline), de tous petits collages et d’autres dessins à l’encaustique. Abondante et généreuse. C’est ainsi qu’on peut décrire la production récente de David Moore présentée à la galerie Madeleine Lacerte. Depuis longtemps, le travail de cet artiste est dominé par la figure. "La figure humaine est un véhicule pour essayer de passer des choses", rappelle David Moore. Il tente toujours d’atteindre une simplicité, une schématisation qui parvienne à exprimer l’essentiel. Une force particulière que l’on retrouve dans le dessin d’Henri Matisse, dont David Moore est un grand admirateur: "parce qu’il avait la capacité de faire une ligne vivante…" précise-t-il. Le travail récent que propose le sculpteur, à la fois simple et complexe, mais toujours juste, ne peut être que le résultat d’années de réflexion sur l’art et sur les actes mêmes que pose l’artiste.
Cette exposition témoigne des changements récents dans sa production, tant à l’égard du contenu que des matériaux utilisés. "J’adore les petits dessins plus près de la spontanéité parce que c’est le premier contact avant qu’on élabore le sujet." David Moore est professeur de dessin à l’Université Concordia et partage son temps entre le Québec et la Grèce. Il est connu pour son travail de sculpture sur bois, composé principalement de figures humaines. "Quand on évolue, il n’y a pas de garantie qu’on continue à faire la même chose!" lance-t-il. Si on peut voir quelques sculptures de bois, enduites de cire colorée, ce sont surtout les statuettes de marbre qui incarnent davantage un changement. La figure humaine, quant à elle, est toujours présente. On l’aura deviné, David Moore a saisi les qualités lumineuses du marbre pendant ses séjours en Grèce. Il utilise ce matériau pour sa transparence. "Avant, mon travail était plus solennel, plus sérieux, posé. Mes choses récentes sont plus légères." Plus intimes aussi, et plus intérieures. "[…] dans l’art contemporain, rappelle-t-il, il y a de la place pour des mythes qui traversent le temps."
Chaque pièce a sa propre cosmologie: "Celui-là [ce dessin], c’est un animal qui arrive et voit la ville. Il est consterné de voir ce qu’il y a là…" Pour David Moore, le dessin est aussi "une description de l’émotion". Ceux de la série des fonds orangés sont imprégnés de la lumière méditerranéenne. Ils expriment tantôt le réconfort, tantôt la colère; un couple trop lié qui s’étouffe, un danseur. David Moore parle avec éloquence de son travail et de l’art. Des sujets sur lesquels il s’est souvent penché. Cela, sans jamais que le discours n’envahisse l’oeuvre. "Il y a deux côtés à l’art, précise-t-il, un affectif, et l’autre intellectuel. L’art, c’est le va-et-vient entre plusieurs façons d’aborder un sujet […]. Pour moi, poursuit-il, l’artiste, c’est quelqu’un à qui la société donne le droit de parler des choses qui ne sont pas explicites. On vit dans une société de revues glacées. Derrière tout cela, il y a des tas de choses qui ne sont presque pas touchées…" En voici quelques-unes.
Jusqu’au 15 novembre
À la galerie Madeleine Lacerte
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Bloc-notes
Lancement
Avec les récits poétiques Légendes, Herménégilde Chiasson inaugure la collection Image Amie publiée par les éditions J’ai vu. Lors d’une résidence de création au centre de photographie Vu, en août dernier, l’écrivain, cinéaste et artiste en arts visuels acadien a rencontré huit photographes d’ici. C’est à partir des rencontres avec les artistes et leurs oeuvres qu’il a écrit ces récits. L’ouvrage comprend des photographies de Richard Baillargeon, André Barrette, Ivan Binet, Nathalie Caron, Paul Lacroix, Denis Thibeault, Joanne Tremblay et Giorgia Volpe. Le lancement a lieu le mercredi 15 novembre 2000 à compter de 17 h, au bistro L’Abraham-Martin.
Ô Narcisse, ma soeur…
C’est dans la salle 1 que le Musée du Québec accueille une intallation, consacrée à l’art actuel, de l’artiste montréalaise Lorraine Fontaine. Des structures de métal la composent. Sur certaines, des peaux d’animaux sont tendues, tantôt traversées par un jet de peinture, tantôt fixées par une tige de métal. D’autres structures intègrent des fragments d’architecture. Une série de photographies complète l’installation. Avec ce travail, Lorraine Fontaine revisite le mythe de Narcisse. Le catalogue en parle abondamment. Cependant, cette installation, qu’on devrait davantage envisager dans sa matérialité propre, comme un objet du monde, nous est apparue envahie, voire submergée par les discours en amont et en aval de l’oeuvre. Au Musée du Québec, jusqu’en janvier 2001.