Musée du Québec : Acquisitions 1990-2000
La Collection du Musée du Québec propose un retour sur les 10 dernières années d’acquisitions d’oeuvres d’art du musée. Une histoire de l’art du Québec.
«Quand on parle de collection, on parle aussi de passion», affirme le directeur du Musée du Québec, John Porter, on ne peut plus fier de présenter au public une sélection d’oeuvres puisées dans les acquisitions des 10 dernières années. De l’art ancien aux arts graphiques, en passant par la photographie, le design et l’art moderne, sans oublier la grande salle réservée à l’art contemporain, le parcours historique que propose le Musée du Québec nous rafraîchit vigoureusement la mémoire. Mais cette exposition a les défauts de ses qualités. Un tel panorama ne peut que passer sous silence certains enjeux. Le déroulement linéaire d’oeuvres se succédant dans le temps n’est pas sans provoquer un certain nivellement des oeuvres les unes par rapport aux autres. Cependant, cette exposition demeure essentielle et arrive à point. La grande majorité des 5 000 oeuvres acquises par le musée au cours des 10 dernières années proviennent de dons et d’achats auprès d’artistes et de collectionneurs. La récente politique d’acquisition du musée a été dominée par la volonté de combler les lacunes de sa collection. On a acquis davantage de tableaux postautomatistes, d’oeuvres de femmes, d’artistes juifs et d’anglophones montréalais. Des artistes jusqu’alors peu représentés dans la collection. Qui s’en plaindrait?
Une sélection de trois cents oeuvres sur ces quelques milliers occupent les cimaises du musée de la Grande Allée. Dans la salle 2 sont regroupées des oeuvres de l’art moderne (de 1900 à 1960). Les peintres automatistes s’y retrouvent, bien sûr, les Gauvreau, Borduas, Ferron et compagnie qu’il est toujours bon de fréquenter. Mais aussi, des tableaux d’Albert Dumouchel et de Jean-Paul Lemieux: des oeuvres d’artistes très connus et d’autres à découvrir, comme les sculptures de Robert Tait McKenzie. Une petite salle est aussi consacrée à l’art ancien, englobant des oeuvres réalisées des «origines» à 1900. Cette petite section rassemble des sculptures et des peintures du XIXe siècle: des oeuvres de jeunesse d’Antoine Plamondon (une copie du Titien exécutée au Louvre dans les années 1820), des oeuvres de Suzor-Côté, d’Ozias Leduc et aussi de Robert Clow Todd.
La plus grande salle est consacrée à l’art contemporain (de 1960 à nos jours). Une salle magnifique. On y retrouve de grands moments des quatre dernières décennies: des tableaux de Serge Lemoyne et de Guido Molinari, des sculptures de Martha Townsend, des parties d’installations de Dominique Blain. Sans parler des photographies de Myriam Laplante, des dessins de Rober Racine et de la sculpture Duo-O-Bleu de Daudelin. Une salle est aussi consacrée aux arts décoratifs et au design. Une trentaine d’objets, d’affiches et de meubles sont présentés sur un immense plateau, dont la torche officielle des Jeux olympiques de 1976 réalisée par Michel Dallaire. Dans la section des arts graphiques, les dessins et estampes de Marc-Aurèle Fortin côtoient ceux de Riopelle et de Roland Poulin. La collection photographique, que le musée a développée les 10 dernières années, est représentée notamment par Clara Gutsche, Michel Campeau, Donigan Cumming et Serge Tousignant. Si l’heure est au bilan, le musée prend aussi le bateau avec cette exposition, sans mettre l’accent sur la rhétorique millénariste, en proposant une sélection de deux siècles de création qui a aussi le mérite d’éclairer la production d’aujourd’hui.
Jusqu’au 2 avril 2000
Au Musée du Québec
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