Galerie improvisée : Présentation informelle
Six artistes réunis de façon informelle dans un lieu inhabituel. Une exposition sans prétention, qui révèle quelques belles surprises.
Sous l’impulsion de l’artiste Yvette Chabot, cinq peintres et un sculpteur de Québec ont joint leurs efforts et leurs œuvres et mis sur pied une Galerie improvisée. D’emblée, le titre gentil de l’exposition lui confère un caractère informel, sans prétention, comme si on voulait souligner le fait que les participants cherchent davantage à faire voir leurs travaux récents qu’à imposer une personnalité et une manière fortes. Dès nos premiers pas dans la grande salle de l’ancien collège Bellevue transformée en galerie, on comprend également qu’un thème aussi général convient parfaitement à cette exposition où chaque artiste explore une esthétique qui lui est propre.à
La locomotive de cette exposition, c’est bien sûr Yvette Chabot, dont les œuvres ont été exposées en France récemment. Sa sympathique série «futuriste», où elle liait mythologie et informatique (les corps de ses personnages y sont affublés de circuits imprimés, de boutons et autres résidus de gadgets électroniques), y a d’ailleurs connu beaucoup de succès.
Dans la Galerie improvisée, Yvette Chabot a choisi de présenter des toiles beaucoup plus sages desquelles se dégage une grande sérénité. Elle privilégie les teintes pastel, affirmant sans détour l’aspect décoratif des œuvres. Ses personnages aux visages effilés et respirant le bien-être évoquent inévitablement une certaine imagerie New Age et on n’hésite pas longtemps avant de qualifier le couple de sa Danse au laser «d’anges cosmiques».
Sœur de la première, Madeleine Chabot n’a pas la même assurance, mais les œuvres exposées témoignent d’une recherche plus audacieuse. On sent une volonté de faire beau, mais ses agencements flous de papiers de soie et ses peintures vont au-delà du collage agréable. Les références récurrentes au livre (les titres incluent souvent des mots tels tome, page, chapitre, etc.) incitent à lire ses œuvres comme une envie de montrer la mémoire et le souvenir.
Il y a également beaucoup de non-dit dans les tableaux lisses et pleins d’arrière-pensées de Louise Bélanger. Comme emprisonnées à l’avant-plan, ses femmes inquiètes assistent, impuissantes, à la désagrégation d’un monde. Dans la plupart des cas, sa palette et son sens de la mise en scène (des villes qui tombent, des pièces d’échec) compensent avantageusement pour une touche peu expressive. Le collage expérimenté dans Faire face indique une voie à explorer.
Avec Vincent Bergeron, qui expose pour la toute première fois, on plonge carrément dans la métaphysique. Le jeune peintre, qui avoue aimer les mathématiques, propose des compositions abstraites où ce sont la matière et le mouvement qui sont mis en scène. Labyrinthe de feu, l’un des tableaux les plus réussis de l’exposition, frappe l’œil et l’imagination avec son rendu laqué et les éclats lumineux qui tentent de se frayer un chemin dans un champ d’un rouge sombre. Malgré ses vingt ans, Vincent Bergeron habite l’espace de ses toiles avec une finesse qui manque à Marc Desgagnés. Hormis son superbe Hommage au silence, qui évoque la rencontre de Mondrian et Kandinsky, M. Desgagnés offre surtout des tableaux sans direction.
Les 4 et 5 décembre
À l’ancien collège Bellevue
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Bloc-notes
Cabaret d’artistes à L’œil de poisson
La Firme des quatre jeudis composée d’Éric Couture, de Pierre Gaulin, de Normand Daneau et de Stéphane Caron occupent l’espace de L’œil de poisson jusqu’au 19 décembre. On a voulu y recréer l’insouciance des années 1957 à 1967, décennie de l’émergence du Québec dans la modernité. «Un temps où on croyait encore au futur!» dixit un des membres de la firme. Ironique et dérisoire, le cabaret propose des soirées «sérieuses» avec les conférenciers Professeur Tournesol et Andrée Daigle, des soirées de musique et des projections de documentaires sur la jeunesse des années 1957 à 1967 présentées par Antitube. On y diffusera aussi en direct l’émission Génération K sur les ondes de Radio Basse-Ville. Enfin, entre les soirées de danse sociale et celles de jeux de société, on pourra voir des œuvres réunies par Pierre Gaulin, notamment celles de David Naylor, BGL et Yves Bellavance. Animation du mercredi au samedi. Jusqu’au 19 décembre.
Nathalie Côté
Conférence sur Berczy et Leduc
Pour ceux qui aiment entendre les historiens d’art et autres spécialistes, les conférences du Musée du Québec peuvent combler les plus avides de connaissance sur l’art. Le dimanche 5 décembre à 14h, Michèle Grandbois, conservatrice de l’art moderne, et Mario Béland, conservateur de l’art ancien, feront part de leurs analyses de quelques œuvres du peintre du XVIIIe siècle William Berczy et de celle de Fernand Leduc, La dernière campagne de Napoléon de 1946. Entrée libre.