Robert Pelletier : Photos synthèse
Le photographe Robert Pelletier (1954-1991) disparaissait prématurément il y a presque 10 ans. Il a laissé une œuvre photographique résultant d’un regard attentif et ludique autant sur la vie que sur l’art photographique. Le centre Vu lui rend hommage.
Les photographies de Robert Pelletier renvoient avec une acuité presque bouleversante au «ça a été» de Roland Barthes tel qu’il l’écrivait dans son essai La Chambre claire, paradoxe troublant d’une présence à la fois absence. Ses œuvres rappellent toute la capacité qu’a la photographie d’être témoin, preuve et trace de moments passés et révolus, tout en étant aussi le lieu possible d’un retour critique sur elle-même. Robert Pelletier a su tirer profit des qualités réflexives de ce médium, sans être une fraction de seconde didactique. Cet hommage au photographe montréalais trop tôt disparu se double d’une publication d’une grande qualité. On y propose quelques textes d’intimes et de collaborateurs, notamment des commissaires de l’exposition, Michel Campeau et Bertrand Carrière (aussi photographes) ainsi que de son amie Diane Giguère. Les commissaires soulignent comment Robert Pelletier «a su garder intacte la capacité d’exprimer du non-dit et de l’indicible, en puisant son inspiration dans le banal et l’ordinaire». Plus loin, on peut lire que chez ce photographe «l’objet devient beau, précisément lorsqu’il est photographié, et donc transformé par son passage à l’image».
Avec ses quelque 120 photographies, l’exposition, d’abord présentée cet automne chez Vox à Montréal pendant le mois de la photo, est une première rétrospective de l’œuvre de Robert Pelletier. On y retrouve la plupart de ses photographies. Notamment la série Autoportraits au réveil de 1983 où pendant un mois, ayant installé sa caméra au pied de son lit, Robert Pelletier se photographiait systématiquement dès son réveil. «Chaque matin devient une fenêtre où j’improvise selon les humeurs matinales… Avec ces images, je me mets à nu», écrivait Robert Pelletier en 1983. Dans cette trentaine d’images, les jours se succèdent, semblables et pourtant différents. Il y avait chez ce photographe un intérêt particulier pour la série et la collection, autant pour la collection de «matins» comme dans ces Autoportraits au réveil, que pour celle d’objets trouvés. Dans Gants: le chercheur de trésor, ce sont des gants perdus séparés de leur double qui ont été photographiés à plat sur un fond noir. «Ainsi, perdu dans la rue, disait-il en 1988, un gant est en liberté car il est privé de sa fonction. En le trouvant, je le transforme en objet de collection.» Des objets trouvés, il en photographiera jusqu’à la fin des années 1980: des chaussures, boîtes à lunch et autres objets écrasés devant l’objectif de la caméra. Toujours ramenés au caractère bi-dimensionnel du médium photographique. Les derniers clichés de Robert Pelletier, intitulés Paysages de Belgique et réalisés en 1990, sont aussi présentés. Inédites, ces images sortent de l’intimité et des mises en scène intérieures. On y voit par exemple le bras tendu du photographe au bout duquel une minuscule paire de chaussures sert d’étalon pour mesurer le sentier devant lui. Des photographies parsemées de trouvailles formelles ingénieuses et simples à la fois.
Du 26 novembre au 19 décembre
Chez Vu
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Bloc-notes
Varium et Mutabile: terre humaine
Un groupe de 11 artistes étudiant à l’École des arts visuels propose une très belle exposition à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval. Ils ont réalisé des œuvres à partir de leurs réflexions sur la présence humaine sur terre. «Être sur terre, c’est exister; vivre sur terre, c’est chercher du sens», précise-t-on dans le communiqué. Un thème qu’ils ont pour la plupart réussi à transcender. On peut y voir des dessins, des photographies, de la vidéo, des sculptures et d’autres assemblages d’un grand intérêt. Jusqu’au 19 décembre.
Tables d’artistes
La fin de session approche et les étudiants en arts plastiques du cégep Sainte-Foy ont eux aussi des œuvres à montrer. Vous pourrez les voir lors du vernissage le mardi 14 décembre prochain dès 17h à la Galerie Trompe-l’œil. L’exposition regroupe pas moins de 80 tables de bois, d’acier, intégrant aussi de la céramique. Tables d’artistes se poursuit jusqu’au 19 décembre.
Concert, cinéma et conférence
Shagalaï, le cabaret préhippie de l’œil de poisson où se côtoient musique yé-yé, joie de vivre et manifestations culturelles multiples, se poursuit de plus belle. À voir le 9 décembre à 19h30, trois films sur la jeunesse présentés par Antitube: Rouli-roulant et À tout prendre de Claude Jutra et Geneviève de Michel Brault. Le vendredi 10 décembre à compter de 20h, le musicien Mathieu Doyon et le publicitaire Simon Rivest proposent une soirée musicale avec D.J.’s et cie. Une rencontre entre la musique des années 1960 et le techno, nous promet-on. À ne pas manquer également, le mercredi 15 décembre à 20h, une conférence fort à propos d’Andrée Daigle sur les liens entre la notion de «souvenir écran» (empruntée à la psychanalyse) et le kitsch. Entrée libre.