Georges St-Pierre ou l’inquiétude en peinture : La bohème
Si vous connaissez la peinture de Georges St-Pierre (1927-1985) et la personnalité légendaire de l’artiste, vous serez ravi de voir et de revoir ses tableaux exposés à L’Impasse des 2 anges. S’il vous est parfaitement inconnu, alors vous ferez probablement une des belles découvertes de la saison.
Marie-Émilie St-Pierre, fille unique du peintre et serveuse à L’Impasse des 2 anges, ainsi que Damien Rousseau, propriétaire du lieu, ont concocté cet événement en hommage à St-Pierre. À la vingtaine de tableaux provenant de collections privées, de galeries et de membres de la famille de l’artiste, se sont ajoutées, depuis le début de l’exposition, plusieurs oeuvres appartenant à des amateurs d’un peu partout. En tout, une quarantaine de tableaux seront présentés en rotation jusqu’en janvier prochain. Ce sont surtout des portraits expressifs aux couleurs vives réalisés entre 1950 et la fin des années 1970. Des autoportraits et des portraits d’amis, de membres de la famille et de gens que St-Pierre rencontrait dans les tavernes ou dans la rue. Ce peintre, né à Chicoutimi en 1927, a passé une grande partie de sa vie dans la région de Québec. Une vie de bohème mouvementée et précaire où les tableaux s’échangeaient pour quelques bières (il faut bien perpétuer le mythe…) Il a beaucoup exposé et fait couler pas mal d’encre. En 1985, la maladie l’emportait. Malgré tout, il n’a jamais cessé de peindre.
On ne pouvait imaginer un lieu plus approprié pour une exposition des tableaux de Georges St-Pierre. Ce personnage devenu légendaire, habitué des bistros et de la bohème du Vieux-Québec des années 1960, fréquentait les Gilles Vigneault et Marie-Claire Blais à L’Arlequin ou au Petit-Champlain. St-Pierre était ce qu’on peut appeler un artiste marginal et marginalisé. Il a été refusé trois fois aux Beaux-arts et a tenté en vain de se lier aux artistes du Refus global; apparemment, ni l’Académie ni les automatistes ne lui ont ouvert leurs portes. Indépendant et autodidacte par la force des choses, sa peinture a été identifiée par certains critiques de l’époque comme se rapprochant des tendances misérabilistes européennes de la figuration d’après-guerre où l’inquiétude et l’angoisse, voire la souffrance, stimulent la création et s’incarnent dans la représentation de la figure humaine. En outre, St-Pierre avait aussi sa propre définition: «La subgrondation misérabiliste n’est pas une école littéraire ou artistique, c’est un état, un mode de vie, celui des petits vieux du Quartier latin, des femmes appuyées à leur fenêtre pour commérer et des enfants sales qui jouent dans la rue.» Il précisera là-dessus: «Il s’agit de vivre pleinement la misère humaine et de l’exprimer.» Voilà un hommage à l’image de l’artiste: modeste et sans prétention. Un hommage qui a le mérite de nous faire connaître un peintre en marge des courants dominants de la deuxième moitié du XXe siècle et dont plusieurs tableaux nous interpellent encore.
Jusqu’au 15 janvier 2000
À L’Impasse des 2 anges
Bloc-notes
Concours PassArt: Passage 1999-2000
Le Centre d’exposition de Rouyn-Noranda organise un concours national pour la conception d’une estampe ayant pour thème le passage à l’an 2000. L’artiste sélectionné recevra une somme de 2 000 $ et les coûts de production de l’estampe seront défrayés par l’organisation. Bref, pour ceux et celles que le thème inspire, vous avez jusqu’au 1er janvier prochain pour soumettre un bon à tirer ou un croquis. Les 2 000 artistes sélectionnés feront partie d’une exposition qui aura lieu du 3 mai au 13 septembre 2000 à Rouyn-Noranda. Pour plus d’information, contactez sans frais le 1 888 957-1999.
Lucienne Cornet à la Galerie Rouje
Décidément, la programmation de la Galerie Rouje nous réserve des surprises. Cette fois-ci, on y présente les oeuvres de Lucienne Cornet dont le travail sera sans doute encore fort apprécié. Elle propose de grands dessins sur papier. Épurés, aériens et tout en transparence. À voir jusqu’au 9 janvier prochain.
Clin d’oeil érotique
Pigeant ici et là dans l’histoire de l’art des images à connotation érotique, une douzaine d’artistes invités à la Galerie Estampe Plus exposent leurs amalgames. Collage, peinture, gravure, infographie et joaillerie sont à l’honneur. Vous pourrez voir les propositions de Myriam Bardoul, Bonnie Baxter, Paul Béliveau, Élaine Boily, Pierre Chénier, Élène Gamache, Dominic Gaucher, Elisabeth Mathieu, Marc-Antoine Nadeau, Lili Richard et Danièle Rochon. Jusqu’au 19 décembre.
142 piccoli tesori
Engramme présente actuellement une exposition collective d’estampes de petits formats. Cent-quarante-deux petits trésors d’impression, comme le titre l’indique, réalisés par les membres actifs et associés d’Engramme. Une vingtaine d’artistes participent à l’exposition. À voir jusqu’au 19 décembre.