B.E.M. (Bruits électromagnétiques) : Ondes de choc
Le Lieu présente actuellement B.E.M. (Bruits électromagnétiques) de l’artiste beauceron MICHEL SÉVIGNY. Coupoles artisanales et tableaux résultants de micro-explosions occupent l’espace. Quand les ondes électromagnétiques s’incarnent dans la matière.
Michel Sévigny a réalisé depuis une dizaine d’années plusieurs sculptures sonores environnementales aussi ingénieuses qu’étonnantes. Des sculptures dont les qualités formelles sont tributaires des contraintes imposées par les phénomènes qu’il tente de capter. Qu’il s’agisse du vent ou de d’autres bruits produits par l’activité humaine, Michel Sévigny tente de les saisir et de les incarner dans la matière. Il a déjà capté le bruit de pas des passants dans la sculpture sonore installée depuis 1997 au cégep Lévis-Lauzon, celui des voitures sur la route dans Vagues et Voitures en 1996, les vibrations produites par les voies ferrées dans Train-télégraphe et l’effet du vent remuant des assiettes suspendues près du manoir Taschereau à Sainte-Marie-de-Beauce. Sans oublier Esker sonore, réalisée au Symposium de la sculpture de 1997 à Amos et constituée de deux immenses coupoles de tuyaux de P.V.C. à l’intérieur desquelles le bruit de milliers de sacs à glaçons secoués par le vent rappelait celui de la fonte des glaciers.
La production récente de Sévigny présentée au Lieu a été cette fois guidée par la volonté de matérialiser les ondes électromagnétiques émises par les réseaux médiatiques. Pour Michel Sévigny, «expérimenter par le toucher ces magmas d’ondes médiatiques est comparable à vouloir palper des phénomènes sonores denses tel le bruit.» Il a donc littéralement fait exploser des objets représentant l’univers médiatique (télévision, lasers et cassettes vidéo). Trois séries d’objets dont on retrouve les débris dans trois tableaux. «La symbiose entre le bruit et la matière, explique-t-il, c’est lors de l’éclatement. C’est un mariage entre le sonore et le plastique.» On identifie bien les résidus de l’explosion composant les tableaux: morceaux de fils, éléments de pyrotechnie en éclats, amas de couleurs et restes de téléviseurs. Sur deux autres petits tableaux, l’éclatement des couleurs sur la surface résulte cette fois d’un explosif équivalant à l’addition des décibels produits par le bruit de trois arbres et ceux de deux chutes d’eau situés près de la tour de télécommunications de Saint-Séverin-de-Beauce!
«Les médias fragmentent le monde et ses images, précise-t-il. Je fais éclater ces symboles à mon tour.» Cependant, comme on pourrait s’y attendre, Michel Sévigny ne rejette pas la technologie. Il tente plutôt de comprendre, par le processus de destruction/construction, cette nouvelle sensibilité que suppose l’omniprésence des champs (bruits) électromagnétiques a priori imperceptibles. Autant ces tableaux que les deux sculptures sonores, qu’il qualifie lui-même de capteurs d’ondes médiatiques, nous apparaissent extrêmement riches, tant pour leurs qualités plastiques que pour leurs significations possibles. À voir absolument.
Jusqu’au 6 février
Au Lieu
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Bloc-notes
Entretiens. Marcel Jean et David Naylor
Marcel Jean et David Naylor, tous deux professeurs en arts visuels à l’Université Laval, viennent de publier Entretiens. Paru aux Éditions Nota Bene à l’automne 1999, le petit ouvrage réunit trois jours de conversations d’atelier suivies de photographies d’une exposition de leurs sculptures présentées à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval à l’hiver 1998. Les deux sculpteurs y discutent de leurs différents rapports aux matériaux, à l’objet, aux sens; ce qui distingue leurs travaux respectifs, ce qui les rassemble. Bien qu’on s’y perde parfois, ils font des réflexions fort intéressantes et on ne pourra surtout pas leur reprocher d’être superficiels. Marcel Jean donne la réplique avec érudition à un David Naylor attentif. Éd. Nota Bene, 1999, 88 p.
25 ans d’estampe à Québec
Engramme lançait récemment une publication soulignant 25 ans de gravure à Québec. Vingt-cinq années de création en estampe de 1972 à 1997. En plus de faire un retour sur l’exposition anniversaire des oeuvres produites en duo par les membres d’Engramme et celles de Francine Simonin, l’ouvrage comprend une réflexion de Nicole Malenfant sur l’esthétique de la gravure. On y retrouve également l’histoire d’Engramme abondamment illustrée par des photographies d’archives. Éd. Le Sabord, 1999, 127 p.
Le Son des images
Si vous avez vu les expositions de photographies chez Vu de septembre 1998 à mai 1999, vous pouvez maintenant les… entendre. Cette idée originale, on la doit à Marie-Lucie Crépeau du Centre de diffusion et de production de la photographie. Le coffret Le Son des images comprend 13 feuillets d’artistes publiés lors des expositions et un laser où on retrouve une vingtaine de morceaux inspirés des photographies exposées. Énigmatique. Vu, 1999, 108 p.