Designland à l’UQAM : Lèche-vitrine
Avec Designland: panorama du design actuel à l’UQÀM, le public peut effectuer un rapide survol des tendances actuelles dans le merveilleux monde des créateurs des objets quotidiens. Opération Séduction.
Voilà une petite expo recelant quelques curiosités, mais qui, cependant, ne renversera, pas son spectateur. Avec Designland: panorama du design actuel à l’UQÀM, le visiteur pourra effectuer un rapide survol des tendances actuelles qui circulent dans les entreprises spécialisées en «esthétisation» des objets de notre quotidien. Malheureusement, on s’y sentira rapidement comme en train de faire du lèche-vitrine devant les dernières nouveautés de notre société de consommation. Séduction de tout bord tout côté.
Parmi les objets ayant attiré notre oeil, notons bien sûr le chien-robot Aibo, de Sony. Celui-ci retient dès l’entrée toute notre attention. Grâce à sa mémoire de 16 MB, à son détecteur de contact et de chaleur, ainsi qu’à son calculateur de distance, il «se déplace à quatre pattes, joue à la balle, fait le beau, suit son maître et modifie son comportement en fonction de l’expérience acquise». Affection non comprise. Malheureusement, le toutou mécanique est placé dans une vitrine. On aurait aimé le voir en action (autrement que dans un documentaire télé l’accompagnant) et pouvoir constater ses prouesses de visu. Notre regard glissera un peu plus loin sur les courbes très raffinées de la nouvelle Audi TT coupe quattro, du téléviseur Sony 36 pouces, du téléphone portable Nokia, du ibook d’Apple symbole de la «technologie sympathique», ou bien de la corbeille à papier Garbo. Plusieurs de ces pièces exposées ont déjà été contemplées cent fois. Comme il est écrit dans le communiqué de presse, cette expo réunit «bon nombre de ces objets de rêve que vous avez pu voir récemment dans diverses revues». Comme dans certaines publicités…
On sera plus franchement intrigué par Poaa, haltères de Philippe Starck ayant un petit côté Existenz. Presque de l’ordre de la prothèse pour les hanches, mais aussi dignes d’un croisement entre un végétal et un minéral. Comment ne pas adorer le travail de Starck qui est continuellement en train de se renouveler?
Tous les objets présentés n’ont cependant ps les qualités esthétiques de son travail. Certains évoquent encore trop les années 80, et le look «jouet pour enfants». Les couleurs vives et les formes géométriques simples règnent toujours. On se trouve bien loin de l’esthétique post-industrielle de Gaetano Pesce que l’amateur pouvait admirer à la fin de 98 au Musée des Arts décoratifs. On est plus proche de l’esthétique prônée par la très proprette revue Wallpaper que de l’attitude récupérationniste et un peu crado du magazine Nest. Notons tout de même la belle présentation de cette expo, et en particulier les hublots colorés qui donnent une atmosphère un peu étrange à l’ensemble. Pendant un instant, on aurait pu se croire dans un vaisseau spatial prêt à décoller vers de nouveaux horizons et non dans l’annexe d’un grand magasin.
Jusqu’au 27 février
Au Centre de design de l’UQÀM
La vérité toute nue?
Cela aurait pu s’intituler «Adam et Ève à l’ère de la technologie». Jean-Sébastien Denis et Julie Ouellet ont plutôt désigné leur autoreprésentation par le titre de Kamera Copula. Et on y parle en effet d’accouplement, de la caméra qui documente le lien symbolique entre deux êtres. On n’y verra cependant pas de photos de mariage avec poses et costumes à l’air endimanché. Le couple d’artistes s’y exhibe plus librement (mais en même temps d’une manière plus angoissée) sous toutes ses coutures. C’est, au pied de lettre, une mise à nu de son intimité. Malgré une présentation un peu inégale, quelques oeuvres retiennent l’attention. Mais peut-on pour autant dire, comme on peut le lire sur le carton de présentation, que «cette expérience où le couple devenu sujet et objet d’observation, n’est pas sans risque»?
On appréciera la projection vidéo, en accéléré, montrant les deux artistes debout nus qui semblent en attente d’un moment de vie plus intense. Ces Adam et Ève modernes, à cause des mouvements saccadés de leurs corps, font penser à un film muet de Buster Keaton…. Des moments d’interaction (et de surire) semblent ponctuer leur vie. C’est la pièce la plus réussie. Un montage photo de gros plans de parties de leurs corps, s’inspirant de Hockney (qui lui-même avait travaillé ainsi en hommage au cubisme de Picasso), n’est pas mal non plus. On a l’impression de prendre la place d’un amoureux qui scrute en détail pendant des heures le corps de l’autre.
On ne trouvera cependant pas assez éclaté ou pas assez construi le panneau de mur composé d’un collage d’images grattées et retouchées. Les images très foncées sur un autre panneau font, quant à elles, un peu trop penser à Angela Grauerholz. Néanmoins, c’est une expo à voir.
Jusqu’au 26 février
Espace Vidéographe
À signaler
– Roland Poulin rencontre son public au Musée d’art contemporain, le dimanche 13 février à 14 heures. L’entrée est gratuite, et le dialogue durera environ une heure. Rappelons que l’exposition de cet artiste hanté par la mort se poursuit jusqu’au 26 mars.
– Toujours au MAC, il ne faudra rater sous aucun prétexte une grande nouveauté: Le coeur de Mattingly. C’est le titre de la première pièce de théâtre du remarquable artiste multidisciplinaire Rober Racine. Elle sera présentée à la salle Beverley Webster-Rolph du Musée d’art contemporain du 1er au 4 mars, puis du 8 au 11 mars. L’éclipse solaire y tient un rôle important… Faudra-t-il apporter nos lunettes de soleil pour éviter l’éblouissement? Les billets sont déjà en vente au musée.
— Jusqu’à samedi, se poursuit à la Cinémathèque québécoise la présentation d’une sélection des meilleurs vidéos qui furent proposés dans le cadre du New York Video Festival en 1999. On y verra des oeuvres réalisées par Neil Goldberg, Les LeVeque, Christopher Wilcha, Kathy High…
— On est curieux de voir la performance de William Pope L. à la galerie VAV de l’Université Concordia (1395, René-Lévesque Ouest), vendredi le 11 février entre 12 h et 14 h. Cela s’intitule The Hole Inside the Space Inside Yves Klein’s Asshole… Après le film sur l’itérieur de la tête de John Malkovich, voici l’art qui pénètre le corps de l’artiste français Yves Klein! __
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