Dominique Sarrazin : Choix de figure
Arts visuels

Dominique Sarrazin : Choix de figure

Après 15 ans d’exploration de la peinture abstraite, la peintre DOMINIQUE SARRAZIN, originaire de Québec, a radicalement changé de cap. Elle est de retour à la Galerie Madeleine Lacerte où elle propose un ensemble de tableaux figuratifs. Risqué.

Pas facile de peindre aujourd’hui. Que les propositions des artistes soient abstraites ou figuratives, elles doivent se démarquer dans un monde où l’image règne et ne cesse de se multiplier. En outre, il nous apparaît difficile d’aborder la peinture simplement comme le lieu positif de l’expression personnelle ou comme celui d’une représentation du monde. L’exposition des oeuvres de Dominique Sarrazin chez Madeleine Lacerte n’est pas sans soulever aussi des questions quant au choix des sujets et à leur pertinence. Des problèmes qui se posent dès lors que nous sommes en présence de compositions narratives. Dominique Sarrazin est une peintre talentueuse et expérimentée, dont le travail a été présenté à plusieurs reprises à Québec à la Galerie Madeleine Lacerte et à Montréal, notamment chez Graff. Sa peinture est fort appréciée. Alors que plusieurs des artistes modernes commencèrent d’abord par faire de la figuration (enseignement académique oblige) pour ensuite s’en «libérer» et tendre vers l’abstraction, signe des temps, Dominique Sarrazin, qui n’est pas la seule à s’intéresser à nouveau à la figure, fait le chemin inverse: «Avec derrière moi plus de 15 années de production abstraite, j’avais la ferme conviction d’avoir complété un premier cycle.» Le changement est radical.

La production figurative actuelle de Sarrazin possède les mêmes qualités plastiques que sa peinture abstraite. Ces tableaux témoignent d’une grande maîtrise du médium acrylique doublée d’une rare sensibilité aux nuances et à la matérialité de la peinture. C’est du côté de l’iconographie que le bât blesse. Peuplés de scènes familiales et d’enfants, ces tableaux récents sont teintés d’un sentimentalisme pas toujours convaincant. Certains se rapprochent davantage de l’illustration. Bien que quelques tableaux soient vraiment plus réussis, comme Un air de famille, dont les grandes surfaces de couleurs dominent la composition, ils se présentent le plus souvent comme des scènes intimes à l’instar des photographies de famille et autres souvenirs personnels. Ici, la représentation est considérée comme un témoin du réel, sans que ne soit prise quelque distance. Cela dit, si on parvient à oublier l’iconographie doucereuse, les larges coups de pinceaux apparents, les pans de couleurs presque palpables et la qualité du travail plastique refont surface. Pour Dominique Sarrazin, ce passage -± son travail est évidemment encore appelé à se transformer – lui ouvre de nouveaux horizons: «Il me semble disposer de manière à explorer pour les 20 prochaines années», écrit-elle. À suivre.
Jusqu’au 10 mars
Galerie Madeleine Lacerte
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Bloc-notes
À voir à L’Autre Galerie

Il faut absolument voir les tableaux du peintre autodidacte Richard Guillemette à L’Autre Galerie. Pictogrammes ou cellules évoquant parfois des images fractales, les formes aux couleurs vives, lumineuses et transparentes composent ses séries de petits tableaux. Des peintures d’une étonnante actualité. Mis à part les petits textes qui accompagnent les peintures et ne nous apparaissent pas nécessaires, les tableaux suffisant amplement, la production picturale de ce peintre mérite l’attention. Richard Guillemette à L’Autre Galerie de Limoilou, 325, 5e Rue, jusqu’au 19 mars.

Destruction de l’art
Le dernier numéro de la revue d’art actuel Inter, la seule revue d’art publiée à Québec, vient tout juste de paraître. Cette revue diffusée au Québec et en Europe participe non seulement à des questionnements sur les limites de l’art, mais aussi à une large diffusion de l’art actuel, notamment celui qui se fait ici. Ce dernier numéro propose un dossier sur la destruction de l’art, destruction du mythe, du sens, autodestruction. On retrouvera entre autres des détails sur les actions de l’artiste français Pierre Pinoncelli, dont la plus emblématique est sans doute celle où il a uriné dans la Fontaine (1917) de Marcel Duchamp lors d’une exposition à Nîmes en 1993. À lire notamment une entrevue extraite d’un ouvrage de Daniele Roussel avec Michel Onfray sur l’actionnisme viennois. La couverture noire de ce dernier numéro est d’une sobriété qui saura calmer les plus réservés en matière de mise en page. Même si cette dernière reste toujours aussi dense et éclectique, la revue Inter est de plus en plus lisible….

Vernissage
La Galerie Rouje reçoit l’artiste Christine Palmiéri jusqu’au 26 mars. Le vernissage de Mues de mémoire 4 et fabliaux ainsi que le lancement du livre Portrait d’un regard: Devant la fin des auteurs Bernard Noël et Pierre Ouellet aura lieu samedi le 4 mars de 14h à 16h en présence de l’artiste et des auteurs.