Jardin de momies : Les mystères de l'Égypte
Arts visuels

Jardin de momies : Les mystères de l’Égypte

Deux artistes prolifiques, dont la production a été abondamment diffusée ici et à l’étranger, exposent actuellement à l’Oil de poisson. JOAN FONTCUBERTA, originaire d’Espagne, et la Québécoise SYLVIE BUSSIÈRES se sont unis pour proposer un jardin de momies. Inégal.

Joan Fontcuberta a été étonné par les arbres que la Ville de Québec emballe chaque année pendant la saison hivernale, à la fois pour les protéger du froid et de la pollution. Des arbres qu’on pourrait croire emballés par l’artiste Cristo. Fontcuberta, lui, les a photographiés. Il a ensuite retravaillé ses clichés en infographie, ne laissant que l’arbre enveloppé flottant à l’horizontale sur un fond blanc. Cette série de six photographies d’arbres momifiés accompagne les sculptures de Sylvie Bussières, des sculptures représentant un bestiaire où oiseau, chien, phoque, griffon et lapin sont recouverts de bandelettes de coton blanc. Ce zoo de momies, ce sont les animaux magiques décrits dans le récit du notaire Tremblay (Chronique québécoise, 1984). Ils sont présentés sur ou bien à l’intérieur de différentes cages construites par l’artiste. On peut aussi lire un extrait du récit, source écrite des sculptures de Sylvie Bussières, ainsi qu’une photographie de la page du dictionnaire où on retrouve la définition de momie.
Les productions de ces deux artistes dialoguent autant par le sujet que par la facture qui contrastent et se confondent à la fois, mais elles ne parviennent toutefois pas à produire l’effet esthétique escompté. Bien qu’on ne cherche pas l’impact des oeuvres dans leur seule visibilité, ce n’est pas non plus du côté du concept et de l’idée que cette proposition parvient à ses fins. Le procédé consistant à présenter une variation sur un même thème, ici sur l’idée de momie, en montrant à la fois la définition du dictionnaire, un extrait d’un récit sur les momies, des sculptures momifiées et les photographies d’arbres emballés, qui a su être si éloquent et critique dans certaines oeuvres conceptuelles – on pense à One and Three Chairs, 1965, de Joseph Kosuth -, ne nous semble pas des plus efficaces ici. Nonobstant l’utilisation de ce procédé, le zoo momifié de Sylvie Bussières nous apparaît un peu répétitif et sans surprise. En fait, les photographies de Fontcuberta parviennent davanage à communiquer une réflexion sur la momification, cette tradition consistant à vouloir «vaincre la mort et gagner l’éternité». Une tradition qui perdure à sa façon dans notre environnement urbain.

Jusqu’au 26 mars
À l’Oil de poisson
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Bloc-notes
Odette Théberge et Pascale Poulin
La Galerie Estampe Plus a réuni, pour sa première exposition de l’année, deux peintres, Odette Théberge et Pascale Poulin. Après 30 ans de peinture à l’acrylique et de gravure, Odette Théberge a dû abandonner ces médiums à cause de leur toxicité et des effets sur sa santé. Cela lui a permis de faire une réflexion sur la technique: «Ça m’a ramenée au contenu qui peut se traduire simplement et être aussi intense qu’avec des techniques sophistiquées.» Pendant la dernière année, elle a dessiné abondamment au crayon. Elle s’est adonné au dessin d’observation, une «activité bénéfique», nous confiait-elle. Ces dessins de feuilles séchées de différentes formes et états, elle les considère comme des métaphores du corps. Elle les a mis en parallèle avec de petits pastels où dominent le geste et la couleur. Le résultat est sobre et raffiné. Quant à la peintre Pascale Poulin, elle présente des tableaux où de grands pans de bleus et de beiges se confrontent et évoquent des paysages marins. Certains très beaux tableaux de petits formats brillent plus que d’autres dans cet ensemble. Ces deux séries d’oeuvres témoignent du cheminement de deux artistes. Jusqu’au 30 mars, chez Estampe Plus.

Collectionneurs d’estampes actuelles
Pendant le mois de mars, Engramme propose un événement autour de l’estampe actuelle. L’exposition collective se déroulant actuellement comprend des estampes éditées chez Engramme pendant l’année 1998-1999. En tout, plus de 30 artistes exposent leurs productions et il y en a pour tous les goûts. Certaines se démarquent du lot, dont celles de Monique Pourtalès et une lithographie de Todd Munro, Wld Life Study, où on retrouve trois petites voitures grossièrement dessinées. Sans parler de Jeune fille, de Gilline Tran, un portrait fait de larges traits. Mais on pourrait toutes les nommer, tellement la cuvée des dernières saisons saura réjouir les amateurs d’estampes les plus exigeants. Engramme organise également le tirage d’un ensemble de gravures qui risque fort d’attirer les amateurs. Avis aux intéressés, plusieurs activités sont organisées pendant cette exposition. On présentera notamment la collection d’estampes de la Bibliothèque nationale du Québec lors d’une conférence le mardi 21 mars prochain. Collectionneurs d’estampes actuelles, jusqu’au 26 mars, chez Engramme.