Le Moyen-Nord: fragments d’un survol : Simulateur de volBloc-notes Locating lightLes Corps-architectures: le corps devenu lieu
Les installations de DANIEL CORBEIL nous font voir le monde à vol d’oiseau. Ces grandes maquettes de paysages sont aussi le lieu de réflexions sur la nature et la représentation. Exploration de territoires imaginaires.
Daniel Corbeil
réalise depuis une dizaine d’années des dispositifs traitant du simulacre. Des mises en scène dont les ficelles peuvent parfois demeurer cachées à l’oeil inattentif. Il a présenté ses oeuvres au Canada comme à l’étranger. En 1996, Daniel Corbeil proposait à L’Oil de poisson une sculpture-avion accompagnée d’une documentation photographique témoignant des prouesses de l’engin. On pouvait voir le faux appareil dans différentes situations. Il a réalisé d’autres séries d’oeuvres produites avec le Balénoptère, un immense dirigeable grandeur nature. Le ballon argenté sera d’ailleurs à L’Espace virtuel de Chicoutimi l’été prochain. La machine inutile incapable de voler est aussi le prétexte à de multiples simulations fort crédibles dont témoigne une série de photographies laissant souvent les spectateurs dans le doute.
La dernière production de Daniel Corbeil présentée au Lieu diffère de ses précédentes. Pour la première fois, il dévoile les artifices de ses simulacres et présente de grandes et imposantes maquettes de paysages installées à la verticale. Bois, cartons, morceaux de tapis, fragments végétaux et plastiques composent ces tableaux se déployant dans l’espace. Sorte d’installation photographique nécessitant un point de vue spécifique, elles donnent la sensation de survoler les paysages: nous sommes au-dessus des oiseaux, des nuages et des avions qui peuplent le ciel. On aperçoit aussi les rivières, les montagnes, les toits de vieux bâtiments, des troupeaux de minuscules vaches au loin. Mais ce n’est pas tout: le sol de ses maquettes est parsemé de ventilateurs qui se déclenchent selon notre volonté. Du coup, l’hélice de l’avion tourne. Dans une autre maquette, c’est l’oiseau mécanique qui bat des ailes ou bien c’est le Balénoptère miniature qui se gonfle d’air.
Une fois photographiées, ces maquettes simulent des vues aériennes fort crédibles. Ce que l’on peut vérifier, puisque Corbeil présente également une photographie d’une de ses maquettes. Par des moyens techniques simples alliant le bricolage et la récupération, il montre comment l’environnement est modifié par l’industrialisation. Mais surtout, il revisite les problèmes liés à la représentation. Dans ce monde où les nuages tiennent par des ficelles, où avion et oiseau sont alimentés par des fils électriques les reliant au sol, c’est la simulation et la construction de la représentation qui sont montrées. L’intérêt de cette proposition ne loge pas dans un jeu d’illusions résultant d’une performance mimétique et du savoir-faire de l’artiste, mais plutôt dans sa capacité à dégager la dimension artificielle de la représentation.
Jusqu’au 23 avril
Au Lieu
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Engramme reçoit l’artiste anglaise Janis Jefferies, directrice des études supérieures en textile au Goldsmiths College de l’Université de Londres. Depuis les années 1970, cette artiste se réapproprie les textiles «comme lieu de résistance à l’art dominant». C’est avec une approche féministe qu’elle investit ce matériau en voulant le revaloriser comme médium artistique. Les grands tissus imprimés qu’elle présente chez Engramme sont le résultat d’un travail de manipulation de photographies prises par l’artiste et d’images qu’elle s’approprie. Digitalisées, les images modifiées ont ensuite été imprimées sur les deux faces des grandes pièces de lin avec une imprimante adaptée aux textiles. Le rendu subtil de ses magnifiques impressions modifiées au gré de la lumière du jour se superposent aux vues et aux mouvements de la rue. Chez Engramme, jusqu’au 23 avril.
Les Corps-architectures: le corps devenu lieu
Vous avez sans doute déjà aperçu l’arbre sculpté de Patrick Michaël Lachance dans le parc St. Matthew’s de la rue Saint-Jean. Ce jeune sculpteur, qui terminait son bac en arts visuels à l’Université Laval en 1996, expose actuellement sa production récente à l’Annexe de la Galerie Madeleine Lacerte. Il utilise des procédés traditionnels, le bronze, le plâtre, le marbre ou le bois, ce qui est plutôt rare pour un jeune artiste. Figures et portraits de femmes composent son univers. Ces corps sont transpercés et ouverts par des motifs architecturaux, par des fenêtres en forme d’ogive. Quoique cette production demeure plutôt sage, avec la maîtrise qu’il développe des techniques doublée de ses recherches historiques sur les liens entre le corps et l’architecture, on peut s’attendre à beaucoup de la part de ce jeune sculpteur. À l’Annexe de la Galerie Madeleine-Lacerte, jusqu’au 10 avril.