Edward Pien : Noir sur blanc
Dans une installation composée essentiellement de dessins, l’artiste torontois EDWARD PIEN propose des fresques peuplées de figures mutantes et monstrueuses. Les traits fugitifs d’encre noir s’étendent sur de magnifiques surfaces de papier blanc. Lieux de dualité.
L’artiste torontois d’origine chinoise Edward Pien réalise depuis le début des années 1990 des installations constituées d’accumulations et d’assemblages de dessins. Son travail a notamment été présenté chez Oboro à Montréal en 1998. On pourra bientôt le voir au Centre Expression de Saint-Hyacinthe et lors d’une exposition collective au Drawing Center de New York. Sa feuille de route va de Victoria à Taïwan en passant par quatre années d’enseignement au Emily Carr Institute of Art and Design. À L’Oil de poisson, il présente actuellement une grande fresque suspendue dans l’espace et des ensembles de dessins épinglés au mur. Comme dans ses oeuvres précédentes, Pien continue son travail sur les variations d’échelles.
Dans A Mixing of Dreams, on peut identifier le modèle réduit qu’on retrouve agrandi dans les assemblages de papier épinglés au mur. Alors qu’il propose habituellement des mosaïques où chaque feuille de papier participe à la composition, pour la première fois Edward Pien a réalisé un dessin sur une grande surface d’une dimension imposante. Deux immenses fresques de papier sont suspendues côte à côte dans l’espace. L’artiste a su tirer profit des qualités du papier et de sa transparence en dessinant de chaque côté des compositions. Cette grande fresque s’avère d’ailleurs remarquable.
Si on y regarde de près, la première impression esthétique s’estompe pour laisser la place à une sorte d’inquiétude, voire à une certaine répulsion face à cette imagerie où de mystérieuses figures s’enchevêtrent, où des formes humaines et animales se superposent. Les dessins d’Edward Pien mettent souvent en scène des figures équivoques et mutantes, certaines amputées et presque toujours empreintes d’ambiguïtés sexuelles. Cette dernière installation ne fait pas exception à cet égard. La manière de dessiner d’Edward Pien se distingue autant du métier propre à la tradition chinoise que de celui de la tradition occidentale de l’art, ni représentation académique ni geste longuement médité. Ces figures demeuren très évocatrices et expressives. En fait, l’efficacité de cette dernière installation réside probablement dans la rencontre inattendue entre l’opacité monstrueuse de l’image et l’effet d’ensemble épuré, presque zen, des compositions dans l’espace.
Jusqu’au 30 avril
À L’Oil de poisson
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Bloc-notes
Têtes et autres figures
Avec les derniers collages de l’artiste montréalais Thomas Corriveau exposés chez Vu, on est en présence d’une proposition se situant à la frontière de la peinture, de la photographie et de la sculpture. Quoique ce soit d’abord une réflexion sur la peinture qui alimente depuis longtemps le travail de cet artiste: «Les éclats d’image, écrit-il, font l’effet de touches peintes et donnent à l’ensemble une densité faisant obstacle à la transparence du médium photographique.» Thomas Corriveau pratique avec la rigueur du géomètre un nomadisme du médium. Les photographies découpées et collées sur des morceaux d’aluminium et de bois deviennent des représentations fragmentées. Les pans de photographies, presque abstraites, sont alternés par des zones peintes. Malgré cette déconstruction, les portraits resurgissent dans ces tableaux dont la géométrie se prolonge au-delà de la limite des oeuvres. Chez Vu, jusqu’au 23 avril.
Baume de Tanya Morand
Tanya Morand expose ses oeuvres depuis 1983 de Montréal à Alma en passant par Kingston. Sa dernière production surprendra probablement ceux et celles qui connaissent son travail. Moins carnavalesques et festivaliers d’habitude, et plus intimes, ses derniers tableaux sont de petits portraits où se superposent des figures humaines et des fragments de plantes imbibés de couches de peinture à l’huile et de cire. Le résultat fait honneur à la richesse et aux possibilités de l’encaustique. À la Galerie Rouje, jusqu’au 16 avril.
Ataka 3
La Galerie d’art du Trait-Carré présente actuellement les tableaux de Denis Jacques, Freulne et Richard Goudreau, Trois cavaliers solitaires, comme ils se sont nommés. Ces peintres revendiquent plus de place pour la (plutôt leur?) peinture figurative. Les tableaux exposés sont léchés et proches de la facture des peintures de style pompier du XIXe siècle, mais sans la contrainte des sujets académiques du temps. On y retrouve notamment un chat devant une pleine lune et autres représentations dont le côté kitsch constitue sans doute l’intérêt principal. À la Galerie du Trait-Carré, jusqu’au 16 avril.