Marian Dale Scott : Une femme sous influence
Arts visuels

Marian Dale Scott : Une femme sous influence

Avec l’exposition Marian Dale Scott, 1906-1993: pionnière de l’art moderne, le Musée du Québec et la conservatrice ESTHER TRÉPANIER participent à l’écriture de l’histoire de l’art du  Québec.

On dit souvent de la peintre Marian Dale Scott qu’elle a subi les influences des courants de son temps. Elle est un peu comme un microcosme de l’histoire de l’art moderne. Elle a puisé autant dans la facture du Groupe des sept, dans l’art européen, américain, dans l’automatisme; elle s’est inspirée des arts primitifs, de l’art chrétien autant que de la peinture plasticienne. Sa peinture est en effet extrêmement variée. C’est ce que l’on constate en voyant les quelque 70 oeuvres présentées au Musée. On constate également que Marian Dale Scott a réalisé une oeuvre respectable, dont certaines pièces peuvent encore retenir notre attention. Elle fait partie des premières femmes peintres «professionnelles» au pays et demeure, dans ce sens, une pionnière dont la contribution trouvera sûrement sa place dans l’histoire. Comme le souligne le directeur du Musée du Québec John R. Porter dans la préface à la monographie consacrée à l’artiste et publiée dans le cadre de la rétrospective: «La présentation de l’oeuvre de Scott démontre que notre institution ne se cantonne pas que dans la mise en valeur des grands noms de notre histoire de l’art. […] Il y a des artistes peut-être moins prestigieux mais dont le travail nous permet de mieux comprendre et d’approfondir l’univers des formes, et de témoigner de la complexité de l’art et de la vie.» Cette artiste, à qui on rend hommage aujourd’hui, n’est pas la seule dont le travail a eu peu de rayonnement. C’est ce que nous rappelle la conservatrice de l’exposition et historienne de l’art, Esther Trépanier, en écrivant: «Elle partage en cela le sort de nombreux artistes, hommes et femmes, de ce pays, où l’histoire de l’art est une discipline jeune qui s’est d’abord intéressée aux figures "fondatrices" les plus déterminantes.»
Marian Dale Scott, anglophone montréalaise aux origines bourgeoises, en quête de liberté, nourrissait des idéaux de gauche et de justice sociale. Son implication dans la Ligue antifasciste dans les années 1930, sa sympathie à la cause natinaliste des Québécois sont autant d’implications et de convictions qui font d’elle une femme audacieuse. On la qualifie de pionnière de l’art moderne, aussi parce qu’elle a contribué, dans sa pratique picturale à laquelle elle consacrera sa vie, à l’affranchissement de l’art des limites nationales. L’ouverture aux différents courants qui la caractérisent était aussi synonyme d’ouverture sur le monde: New York et l’Europe dont elle visite les galeries et les musées. Pour cette première rétrospective, le Musée du Québec présente plusieurs oeuvres de jeunesse de l’artiste, surtout des paysages. On y retrouve aussi des tableaux montrant l’univers urbain, les escaliers montréalais, le tramway ou des représentations de travailleurs dans une facture géométrique et schématisée. Des représentations rares dans la peinture des années 1940 au Québec. Comme le souligne Esther Trépanier, les pièces réalisées pendant les années 1930 et 1940 «constituent sans doute sa contribution la plus originale à l’art du Québec et du Canada». L’exposition présente aussi des oeuvres influencées par l’automatisme et des tableaux aux contours imprécis à l’image de la peinture «hard edge», des pièces plasticiennes des années 1960 jusqu’aux dernières toiles réalisées au début des années 1990. À l’occasion de l’exposition, la publication de l’ouvrage de l’historienne Esther Trépanier, aussi amie de l’artiste, met la peinture de Scott en perspective, traçant du coup un pan peu étudié de l’histoire de l’art: celui des femmes. Elle puise autant dans la réception de ses _oeuvres (articles de journaux et archives) que dans les témoignages des proches de l’artiste, dans son journal intime, ses notes et ses réflexions sur sa peinture. On pourrait déplorer l’importance accordée à la donnée biographique, mais cela ne saurait suffire à nous priver du plaisir de la lecture de cette monographie qui rend tout à fait justice à l’oeuvre de cette artiste.

Jusqu’au 4 septembre
Au Musée du Québec
Voir calendrier Arts visuels

Rencontre avec Esther Trépanier
Le 3 mai, à 19h30


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Plus que quelques jours pour voir l’installation de Nancy Couture dans la petite galerie de L’Oil de poisson. La jeune artiste a construit un décor de papier, pouvant rappeler à certains l’ancienne émission dominicale pour enfants, La Bible en papier. Près d’une vierge multicolore, une fenêtre donne accès à un autre espace que seule notre curiosité nous permet de découvrir. Une installation de bricolages de papiers couleur, correspondant aux tout premiers exercices scolaires en arts plastiques, qui n’est pas sans ébranler les conceptions de l’art… les plus communes. Jusqu’au 30 avril.