Métissages : Impact d'unions
Arts visuels

Métissages : Impact d’unions

Au Musée de la civilisation, l’artiste multidisciplinaire ROBERT LEPAGE se fait muséologue et nous livre une exposition sur le métissage. L’état des croisements du culturel au  biologique.

Quand le Musée de la civilisation a proposé à Robert Lepage de réaliser une exposition sur le métissage, ce thème évoquait surtout, pour l’homme de théâtre, la mondialisation de la culture, le métissage des différents arts. Cependant, ses recherches l’ont amené à considérer les effets invisibles et moins manifestes de ce phénomène: de l’identité culturelle à la transgenèse et la xénogreffe, en passant par le racisme. «C’est une exposition impressionniste et poétique», précise-t-il. Ne voulant pas faire l’éloge du métissage, quoiqu’il lui apparaisse inévitable, Robert Lepage désirait surtout agir comme déclencheur: «J’ai voulu mettre les gens devant les faits accomplis. On est forcé d’échanger, de se métisser…» Des exemples parmi tant d’autres? Les échanges de matière organique, la transplantation d’organes animaux sur l’humain ou le sang transfusé identifié par un code à barres, sans aucune précision sur sa provenance…
L’équipe d’Ex Machina de Robert Lepage s’est notamment entourée du groupe d’architectes de l’Atelier In situ (Annie Lebel, Geneviève L’Heureux et Stéphane Pratte), ainsi que de deux artistes des arts visuels, Claudie Gagnon et Ivon Bellavance. Le groupe d’architectes a élaboré deux imposants monuments de bois, la Tour de Babel et le Théâtre anatomique, et c’est autour d’eux que s’articule l’exposition. À l’intérieur d’une salle plongée dans une noirceur théâtrale, on découvre d’abord Les Cabinets de curiosités de Claudie Gagnon, ces petits musées où s’accumulaient jadis les trouvailles des collectionneurs. On reconnaît la signature de l’artiste: des objets de verre, précieux et bizarres, et de multiples assemblages hétéroclites et colorés sont classés dans de grandes armoires formant un couloir de découvertes. Quant à la forêt d’Ivon Bellavance, elle ne passe pas inaperçue. De grandes formes verticales sont tissées de différents fils. De l’Arbre de la fécondité à l’Arbre des prémonitions, 14 arbres témoignent du savoir-faire remarquable de l’rtiste. Puis, Le Mur de la calligraphie, évoquant le métissage des langues, et Les Stèles de chiffres complètent le tableau. Des deux imposantes structures que constituent la Tour de Babel, faisant référence aux différents métissages culturels, et le Théâtre anatomique, c’est cette dernière qui a retenu notre attention. On s’y retrouve, par le biais de projections vidéo, en compagnie du comédien partageant ses considérations sur la dissection et le siège de l’âme… C’est là d’ailleurs que s’exprime avec le plus d’éloquence la réflexion de Robert Lepage sur le métissage. Autour de cet amphithéâtre, on peut observer, sous verre, des organes d’animaux et d’humains; des cerveaux et des coeurs.
Le métissage est abordé actuellement dans plusieurs expositions et événements. Sa dimension biologique est au coeur de Bio-fictions d’Irene E. Whittome actuellement en cours au Musée du Québec. Ce sera aussi le thème du prochain Symposium international de la nouvelle peinture de Baie-Saint-Paul et celui d’une exposition sur la relève au Musée régional de Rimouski, pour ne nommer que ces quelques événements. En livrant une réflexion embrassant à la fois les champs culturels et biologiques, l’exposition Métissages du Musée de la civilisation nous rappelle que l’impureté dans l’art, identifiée comme une expression du postmodernisme, se répand désormais, dans de multiples lieux encore récemment insoupçonnés.

Jusqu’au 3 septembre 2001
Au Musée de la civilisation

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Bloc-notes
Le Regard de l’ours
L’exposition d’une vingtaine d’oeuvres de Claude Pelletier est un des beaux moments du printemps à la Galerie Linda Verge. Sa maîtrise du pastel, un médium qu’il expérimente depuis une dizaine d’années, ne fait aucun doute. Mais il y a plus. Les couches superposées de pastels sec et gras occupent les grandes surfaces avec une attention à la fois pour l’image et pour la composition. Dans cette dernière production, plus épurée que les précédentes, o se retrouve entre ciel et terre où de rares arbres ponctuent les horizons; les tableaux deviennent des espaces où l’oeil oscille constamment entre les formes abstraites, les effets de matière et la référence au paysage. À voir à la Galerie Linda Verge, jusqu’au 26 mai.

Portes ouvertes
L’organisme Folie-Culture, voué à la sensibilisation et à l’information sur la santé mentale, fondait, il y a un an, des ateliers de création pour les personnes ayant ou ayant eu des problèmes de santé mentale. On fête, ces jours-ci, le premier anniversaire des ateliers en exposant la production de la vingtaine de personnes qui y ont participé. Il s’agit davantage d’un lieu de création que d’art thérapie. L’atelier est d’ailleurs supervisé par un groupe d’artistes composé de Jacky Chassé, Gabriel Lalonde, Paryse Martin et Giorgia Volpe. Le vernissage a lieu ce jeudi 11 mai à 17h. L’exposition se poursuit jusqu’au 21 mai. Au Complexe Méduse, 541, rue Saint-Vallier Est, 4e étage.