Riopelle : Hommage permanent
L’inauguration d’une salle permanente consacrée à JEAN-PAUL RIOPELLE est un hommage du Musée du Québec rendu à l’artiste québécois le plus connu sur la scène internationale. Elle coïncide aussi avec le retour de l’imposante fresque L’Hommage à Rosa Luxemburg (1992).
Une salle du Musée du Québec est désormais destinée en permanence au peintre Jean-Paul Riopelle, dont on exposera tour à tour les tableaux, les gravures et les sculptures, offrant un lieu d’observation et de réflexion sur son oeuvre. Ce sera aussi un lieu d’expositions d’artistes contemporains du peintre québécois. De la production de l’artiste qui compte, au total, quelques milliers de pièces, le Musée du Québec en possède plus de 250, des «oeuvres phares représentatives», réalisées de 1944 à 1992. En plus de la fresque L’Hommage à Rosa Luxemburg, il faut compter aussi la présence de la récente acquisition Poussière de soleil (1954), une huile sur toile, où une forme blanche éclate au centre de ce grand tableau peint à Paris dans la période d’ascension fulgurante du peintre. L’achat de cette peinture, qui appartenait encore récemment à Riopelle, a été possible grâce à une aide financière spéciale du ministère de la Culture et des Communications du Québec. Une oeuvre de plus qui permet d’embrasser toutes les périodes de la carrière de cet artiste. Les visiteurs, d’ici et de l’étranger, pourront ainsi découvrir et apprécier le travail de l’artiste grâce à cette nouvelle salle. Mais pour la direction du musée, cela représente aussi un juste retour des choses. En effet, au milieu des années 1980, le peintre avait voulu créer une fondation Riopelle et l’installer dans l’ancienne prison, un des bâtiments maintenant intégrés au musée. Un projet qui n’a jamais vu le jour… À cet égard, John R. Porter considère qu’une salle permanente consacrée à Riopelle «constitue une sorte d’aboutissement, voire un geste de rattrapage qui nous permet de rendre un hommage permanent au plus célèbre de nos artistes sur la scène internationale et au plus généreux donateur de l’histoire de notre institution».
L’inauguration de cet espace coïncide aussi avec le retour du casino de Hull, de la fresque de 40 mètres, la plus imposante toile de Riopelle, L’Hommage à Rosa Luxemburg (1992), presque entièrement peinte à la ombe aérosol, peuplée d’empreintes d’oies et d’objets divers. Certains d’entre vous l’ont déjà vue puisqu’elle a été exposée au Musée du Québec en 1996. Elle a aussi été vue à Paris et au Musée des Beaux-Arts de Montréal avant d’atterrir au fameux casino. Son retour s’accompagne de la réédition d’un catalogue publié en 1996, lors de sa première présentation au Musée du Québec, et dont les dimensions inhabituelles correspondent à l’ampleur de la peinture. On peut y lire un essai éclairant de l’historien d’art François-Marc Gagnon, agrémenté par de remarquables reproductions. L’historien de l’art y livre une genèse formelle de l’oeuvre et introduit les nombreux noms propres liés à l’oeuvre, notamment l’incontournable référence à la militante communiste de la fin du XIXe siècle Rosa Luxemburg et celle à la peintre Joan Mitchell, compagne de Riopelle pendant 25 ans, dont le décès en 1992 a provoqué la réalisation de cette grande fresque. Enfin, à la lumière de cet essai, la fréquentation de L’Hommage à Rosa Luxemburg, entourée de tableaux, de sculptures et d’estampes survolant toute la carrière de l’artiste, saura sûrement alimenter de nouvelles analyses. Même si le seul plaisir de voir toutes ces oeuvres réunies justifiera amplement les détours par la Salle Riopelle.
Le conservateur de l’art contemporain, Michel Martin, fera une visite causerie de l’exposition Riopelle, le mercredi 24 mai, à 19h30. Entrée libre.
Bloc-notes
Demi-Veille
L’exposition qui se déroule actuellement chez Vu réunit le travail de six jeunes artistes. Kristine Friedmann présente des photographies réalisées pendant un séjour en Grèce. Quant à Sylvie Gosselin, Suzanne Grégoire et Lynn St-Germain, elles proposent de très petites photographies de différents paysages. Les propositions de Pascale Fleury et d’Alain Lefort nous sont apparues davantage à l’écart des conventions photographiques. Peuplée de photos personnelles à découvrir dans un bric-à-brac allant de la able de bois à la cabane d’oiseaux, l’installation de Pascale Fleury est un joyeux livre d’artiste déployé dans l’espace. Quant à la série de grands formats d’Alain Lefort, ce sont des prises de vue du ciel, mais nullement reconnaissables. Ces compositions émergent des poussières, des accidents et des moindres apparitions sur le papier pendant leur manipulation en laboratoire. Avec Alain Lefort la photographie devient matière plus que représentation. Demi-Veille, chez Vu jusqu’au 28 mai.
L’art postal au Lieu
L’événement festif Réparation de poésie parrainé par le collectif du même nom et par Jean-Claude Gagnon revient pour une 11e édition. Depuis les années 1970, le mail art, cet art nomade et marginal, livré sur un bout de papier et voyageant librement, attire des adeptes. Fort de ses contacts internationaux, Jean-Claude Gagnon expose tout ce qu’il reçoit par la poste. Le meilleur et le pire s’y côtoient dans un all over de lettres, de cartes postales et d’objets provenants de son vaste réseau: d’ici, bien sûr, d’Argentine, de France, de Russie, en passant par l’Australie. L’événement se prolonge à Inverness, dans les Bois-Francs, le 10 juin, lors d’un atelier ouvert à toutes les personnes intéressées à produire sur place une pièce alliant nature et poésie… Pour plus d’info, contactez Le Lieu. Réparation de poésie, jusqu’au 28 mai prochain.