Jean Paul Riopelle : Monument international
Arts visuels

Jean Paul Riopelle : Monument international

Le Musée du Québec a décidé de rendre un hommage permanent à JEAN PAUL RIOPELLE, en consacrant une salle entière à son oeuvre. Complexe, paradoxal, génial… Voici une esquisse du  personnage.

Le 17 mai dernier le Musée du Québec inaugurait en grande pompe une salle d’exposition entièrement consacrée à l’œuvre de Jean Paul Riopelle. Cet événement souligne le transfert de l’œuvre Hommage à Rosa Luxemburg du Casino de Hull au Musée du Québec. On se rappellera la controverse qu’avait soulevée le choix du Casino de Hull pour exposer l’une des œuvres les plus significatives de l’artiste. Un débat qui mettait en question le lieu lui-même, mais aussi l’emplacement assigné à l’œuvre, qu’il était pratiquement impossible de voir sans risquer un torticolis… Sécurité oblige. Aussi, par un tel geste, le Musée du Québec rend-il un hommage non équivoque à Jean Paul Riopelle.

Riopelle a marqué l’histoire de l’art contemporain, certes, mais aussi celle du Musée du Québec, qui a présenté plusieurs expositions importantes de son œuvre: celles de 1967 et 1980 puis, plus récemment, celle de 1995 consacrée à Hommage à Rosa Luxemburg, qui a connu un succès retentissant. On se rappellera également que l’ancienne prison des Plaines d’Abraham, qui abrite maintenant une section importante du Musée, devait à l’origine accueillir la fondation Jean-Paul-Riopelle. Ainsi, le Musée du Québec est sans doute, de tous les musées québécois, celui où une telle célébration de l’œuvre de Riopelle est la plus significative. Toutefois, si le nom de Jean Paul Riopelle résonne dans le monde entier depuis bientôt 50 ans, l’homme demeure mal connu. Complexe, paradoxal, génial… Que connaissons-nous vraiment de lui?

Personnage de légende
L’intérêt pour le personnage, figure mythique, déborde largement le milieu des arts visuels, comme en témoigne le nombre impressionnant d’ouvrages qui lui sont consacrés. Biographies, livres d’art, documentaires, cédérom… non seulement les projets fusent-ils, mais le public en redemande! Il est indéniable que l’artiste sort de l’ordinaire. Doté d’une capacité physique peu commune et d’une volonté extraordinaire, il est l’auteur d’un nombre impressionnant d’œuvres (plus de 5 000) touchant à un large éventail de médiums: peintures, sculptures, installations, estampes, dessins. Pourtant, ce n’est pas tant l’œuvre qui fascine le public mais bien le personnage. Énigmatique, sa vie tient du conte de fées. Il a connu et côtoyé les plus grands artistes de son temps: Samuel Becket, Antonin Artaud, André Breton, Sam Francis, Alexender Calder, Alberto Giacometti, Juan Miró, Joan Mitchell, et tant d’autres. Il a exposé dans les plus grandes galeries et les plus grands musées des Amériques et d’Europe. Il possède des maisons et des ateliers à faire rêver, une collection de voitures impressionnante, un voilier sur la Méditerranée. Il a mené la grande vie, la vie folle et effrénée, a fait la une des plus grands quotidiens et magazines du monde. À l’image des personnalités qu’il admire – Maurice Richard, Louis Cyr, La Bolduc -, Jean Paul Riopelle est devenu un héros populaire. Une figure énigmatique et authentique de notre patrimoine artistique, certes, mais aussi de notre paysage social.

Cet homme qui semblait infatigable a interrompu sa pratique artistique pour des raisons de santé en 1993. Miné par l’ostéoporose, il ne produira plus d’autres œuvres. Qu’importe, il en a fait beaucoup. Trop, diront certains! C’est que, c’est un secret de Polichinelle, Jean Paul Riopelle ne fait pas l’unanimité. Sa dernière production encore moins. Pour certains, les œuvres produites dans les années 1980 sont celles d’un artiste vieilli et usé. Il est vrai que déjà à cette époque l’ostéoporose avait commencé à l’incommoder sérieusement. Toutefois, ce serait bien mal le connaître que de penser qu’il ne trouva pas de solution pour diminuer les effets dévastateurs de la maladie sur son travail. Inventif, animé par un incroyable désir de poursuivre son œuvre, il ajuste son approche. Il cesse de peindre à l’huile en 1979 et adopte les techniques mixtes qui lui permettent de travailler sur une table en aplat. Graduellement, son geste perd en vélocité. Il opte alors pour des médiums mieux adaptés à sa situation, notamment la bombe aérosol, et pour des outils plus faciles à manier. La facture de ses œuvres change forcément. Bien des critiques regardent d’un œil suspicieux ces transformations. Peu d’entre eux prennent au sérieux son travail, composé de thématiques qui pourtant sont des plus révélatrices pour l’artiste. Il faut savoir que Riopelle est un homme bien particulier. Sous une allure désinvolte, il se cache un homme d’une grande érudition. Quand il débute une série ou aborde une thématique particulière, il en connaît tous les détails, les particularités et les nuances. Sa connaissance des oies, par exemple, est extraordinaire. Seulement, son langage devient de plus en plus l’expression d’un refus, celui des dogmes d’une société perdue dans ses lubies. Sous plusieurs aspects ses œuvres empruntent à l’art populaire, marquant une rupture avec les conventions esthétiques, les siennes propres d’abord et celles qu’ont établies les hautes sphères de l’art. Certaines de ces œuvres témoignent d’une manière non équivoque de sa lucidité.

En prenant cette direction, Riopelle avait tout à perdre. Il savait que depuis longtemps déjà les connaisseurs avaient perdu sa trace. Pour beaucoup d’experts sa plus formidable série restait celle des grandes mosaïques de 1954-1955. Imaginez: il avait alors à peine 30 ans! C’est le côté Rimbaud de l’affaire, pourrait-il dire. Seulement, contrairement à Rimbaud, Riopelle a continué! Il a créé et exploré des facettes de son métier comme peu d’artistes l’ont fait. Il a acquis une certaine maturité du regard, a appris à voir, à se compromettre.

L’essentiel, c’est la «Rosa»
Poussé par une pulsion incroyable, il conçoit son Hommage à Rosa Luxemburg, et les mêmes experts sont confondus. Toujours sceptiques, certains se font tirer l’oreille, ou plutôt les yeux. Non, Riopelle n’est pas mort! Celui que l’on conjuguait déjà au passé, que l’on croyait désormais incapable de grandes prouesses peint trois grandes fresques sur des toiles de plus de 15 mètres chacune. À 70 ans, rongé par une maladie dégénérative, il travaille jour et nuit, ordonnant comme un chef d’orchestre une danse frénétique ayant pour thèmes la vie et son inéluctable complice, la mort. À cette époque, la mort rôde et jette de plus en plus d’ombre sur son univers. Riopelle perd plusieurs de ses amis parmi les plus chers: Dominique Bozo, Joan Mitchell, Sam Francis… Depuis toujours, quand un ami meurt, Riopelle réagit d’une manière extrême. Il est touché droit au cœur. Avec l’âge, l’annonce de la disparition d’un de ses proches a un effet décuplé. Quand l’un des siens meurt, c’est une partie de lui-même qui s’éteint. Il s’efface peu à peu…

C’est ainsi qu’à la fin de 1992, le 1er novembre, lorsque Riopelle apprend la mort de Joan Mitchell, celle qui a partagé sa vie pendant près de 25 ans et dont il est séparé depuis 1979, il est poussé par l’urgence de peindre. Dans un atelier à peine plus grand qu’une chambre à coucher, aménagé au rez-de-chaussée de sa maison de l’Île aux Oies, Riopelle entreprend ce qui deviendra une immense fresque qu’il intitulera Hommage à Rosa Luxemburg. Quelques jours plus tôt, sa compagne, Huguette, lui avait offert en cadeau un rouleau de toile de 15 mètres. Étant donné l’étroitesse des lieux, Riopelle suspend d’un côté de sa table de travail le rouleau de toile et, de l’autre, il enroule la toile au fur et à mesure de son exécution. Il utilisera trois rouleaux de 15 mètres chacun pour la compléter.

Hommage à Rosa Luxemburg se révèle une œuvre titanesque si l’on considère à la fois la dimension de l’ouvrage et les difficultés inhérentes à son exécution, comme la condition physique de l’artiste dont l’ostéoporose rend les gestes difficiles, le fait de travailler sans jamais avoir de vue d’ensemble et, bien sûr, l’espace exigu de l’atelier. Testament artistique? Possible. Œuvre ultime, puisque Riopelle cessera de travailler peu après. Le savait-il? On peut certainement imaginer qu’il savait à tout le moins que le temps dédié au travail lui était dorénavant compté.

Riopelle entreprend cette œuvre d’envergure comme il a toujours travaillé, en répondant à une urgence, à une pulsion indéfinissable, à un cri strident surgi de l’intérieur. Si le décès de Joan Mitchell en est le déclencheur, l’œuvre s’enrichit au fil de son exécution et devient un hommage à l’amour, aux liens qui se nouent et se dénouent, à la mort, à ce grand cirque de la vie dont personne ne sort vivant. Une fresque dédiée à l’amour, à sa dimension cosmique, universelle. Une supplique aux départs qu’il déteste tant, aux liens qui se brisent, au temps qui fuit, le sien comme celui de ceux et celles qu’il a aimés. Au moment du décès de Joan Mitchell, son vieil ami Sam Francis agonise lui aussi: un autre lien vital se brise. Et puis la jeune fille de son ami Maurice Brière meurt des suites d’un accident de la route pendant la réalisation de l’œuvre. Il lui rendra hommage dans l’une des séquences, celle où l’on voit un des oiseaux volant vers le ciel, le cœur transpercé d’une flèche avec, à l’arrière, un cercle noir serti de motifs de couleur blanche. Si la facture de l’œuvre ne témoigne ni de la gestuelle d’antan ni de son rythme, elle en conserve cependant toute la rage et transporte dans la matière toute la lucidité de l’artiste.

Riopelle emploie abondamment la technique du cache. Il utilise, comme à son habitude, tout ce qui lui tombe sous la main et l’intègre à l’œuvre. Tout est englouti par le cyclone: clous, oiseaux, fougères, etc. Il utilise la bombe aérosol comme jadis la spatule. C’est à sa compagne Huguette que revient la tâche d’amasser les oiseaux, les petits rongeurs et les plantes dont se servira l’artiste pour ses caches. La présence du symbole, qui n’est pas nouvelle dans son œuvre, se manifeste dans Rosa Luxemburg de manière plus concrète. Cette ode à la vie, à la mort, à l’amour rappelle, à certains égards, l’œuvre de son ami Paul Rebeyrolle par ses chutes tragiques d’oiseaux blessés et le Paris sans fin de son ami Giacometti. L’ensemble est truffé de symboles, certains relativement identifiables, d’autres plus intimes. Le cercle, déjà présent dans plusieurs réalisations de cette période, devient important pour Riopelle. En plus d’être un élément de composition, il évoque l’espace, le lieu de la lutte, l’arène de l’existence. Mais quelle importance d’arriver à décoder l’œuvre point par point, séquence par séquence? Aucune! L’essentiel se situe ailleurs, dans l’esprit, dans l’essence du propos. Un propos qui s’exprime avec moins de pudeur mais où Riopelle, fidèle à son habitude, brouille les pistes. En premier lieu par le titre, Hommage à Rosa Luxemburg, une allusion directe à la militante socialiste allemande assassinée lors de l’insurrection spartakiste de janvier 1919. On peut aussi établir un lien avec le surnom que Riopelle aimait donner à Joan Mitchell: Rosa Bonheur ou Rosa Malheur, selon l’humeur. Mais Riopelle connaît très bien la vie de la militante allemande qui, de sa prison, faisait parvenir à ses proches des lettres traitant de la botanique, des nuages, de son chat – missives qui, en réalité, contenaient des propos codifiés destinés à la poursuite de la lutte sociale. Cette façon de faire correspond à celle qui a caractérisé Jean Paul Riopelle tout au long de sa production artistique. Comme Rosa Luxemburg, il aime brouiller les pistes, créant parfois l’illusion de l’une alors qu’il en emprunte une autre. L’œuvre est également tout à fait dans l’esprit du surréalisme si cher à l’artiste. En fait, si l’on y réfléchit bien, Rosa Luxemburg serait plutôt la métaphore de sa propre vie.

Les jours après
Après avoir peint cette œuvre colossale et quelques autres tableaux, diminué par son incapacité grandissante, il prend désormais ses distances d’avec le monde. Il accroche ses pinceaux! Son art n’étant plus qu’un souvenir, tout comme plusieurs de ses proches, il s’enferme dans un certain mutisme. D’aucuns le voient déjà rendre le dernier soupir. Encore là, Riopelle étonnera. Son désir de vivre, d’être là reste entier. Il persiste! Aujourd’hui, à l’aube de ses 77 ans, il n’attend pas les honneurs. Pas plus qu’il ne les attendait avant, même s’il a toujours apprécié que l’on s’intéresse à son travail; l’art a été toute sa vie, bien au-delà de ce que l’on pourrait imaginer. Toutefois, lui qui a connu le succès, voire la gloire, avait un projet, un rêve, celui d’une fondation. Ce rêve qu’il caressait depuis longtemps devait voir le jour dans la vieille prison des Plaines d’Abraham, à Québec, à l’abandon depuis plus de 20 ans. Un accord de principe intervient en ce sens en 1984. Le ministre des Affaires culturelles de l’époque, M. Clément Richard, annonce même son intention de louer ces locaux, à certaines conditions, pour la somme symbolique de 1 $ par année pour une période de 60 ans. Tout semble décidé. On a même déterminé la superficie allouée aux différentes activités de la future fondation. L’artiste souhaite que les personnes engagées dans le projet partagent sa passion et ses convictions et, surtout, qu’elles en respectent l’esprit: cette fondation sera un lieu d’échange entre artistes, un lieu de travail et de formation à l’image de ce qu’il a connu à Vence, à la fondation Maeght, à la fondation Miró de Barcelone, et à celle qu’anime son ami Sam Francis, à Los Angeles. Il veut contribuer à perpétuer la qualité de la formation dans le domaine des arts et métiers au Québec grâce à ses relations avec des artistes, des artisans et d’autres personnes qui œuvrent de différentes manières dans le domaine des arts visuels sur la scène internationale. Zao Wou-Ki, Paul Rebeyrolle, Sam Francis, Paolo Valors et Pierre Schneider sont associés au projet. Riopelle est persuadé que la qualité des échanges et des intervenants fera de ce centre un lieu unique, indispensable à la création d’une dynamique qu’il juge déficiente au Québec.

Riopelle consent à faire don à cette fondation d’un large éventail de ses œuvres, dont une cinquantaine de toiles couvrant toutes les époques de sa production, des huiles, des aquarelles, des encres, des techniques mixtes et la collection complète de son œuvre gravée, parfois même à plus d’un exemplaire. Mais au tout dernier moment, alors qu’il ne reste plus qu’à régler les modalités du financement et du fonctionnement, le projet d’une fondation à la Petite Bastille, comme on désigne depuis des années déjà la vieille prison de Québec, tombe à l’eau, la mésentente ayant surgi sur plus d’un front: fonctionnement, espace alloué, etc.

De l’avis de plusieurs, Jean Paul Riopelle n’a pas toujours aidé à ce que les pourparlers se déroulent suivant les désirs de certains des participants au projet. Mais voilà, il avait le sentiment légitime de pourvoir sa terre natale d’une structure unique en son genre: faire venir ici les gens les plus compétents du milieu et doter le Québec d’une institution de haut calibre destinée aux artistes d’ici, pour soutenir leurs efforts de développement comme nulle part ailleurs. Pour lui, il était donc absolument nécessaire que les différents intervenants partagent sa vision et qu’ils comprennent tous l’occasion unique qui leur était offerte en tant que collectivité. Dès le moment où il sent le contraire, Riopelle n’insiste pas… La fondation restera une idée, un rêve.

Une ombre au tableau
Ainsi, l’inauguration d’une salle consacrée à Jean Paul Riopelle au Musée du Québec constitue, d’une certaine manière, une façon pour l’institution de rattraper l’histoire même si, pour l’essentiel, cette initiative n’a rien à voir avec la grande idée de l’artiste. Au contraire, à l’époque où il était question de la fondation, le projet avait avorté justement parce que le Musée favorisait l’espace réservé aux expositions au détriment du volet lié aux échanges entre artistes.

Peut-on qualifier l’initiative du Musée de juste retour des choses? Pas vraiment. Bien sûr, ce que fait aujourd’hui le Musée du Québec est louable: il est trop rare que nos artistes occupent une place de choix dans nos musées. Seulement, les moyens mis en place par l’institution sont modestes. Trop modestes. De l’avis de plusieurs proches de l’artiste présents au vernissage le 17 mai dernier, l’espace qu’occupe la salle est trop exigu. La pièce maîtresse de l’exposition, Hommage à Rosa Luxemburg, semble recroquevillée; aucun recul n’est possible, ni vue d’ensemble puisque la troisième section est isolée des deux premières par un mur que l’on doit contourner pour y avoir accès. Les autorités du Musée expliquent la mise en place de l’œuvre par le fait qu’elles ont voulu respecter le défilement des séquences selon l’ordre de leur conception par l’artiste. Si l’idée en soi est défendable, les résultats restent décevants, la lecture imposée étant trop arbitraire. Riopelle n’a jamais travaillé avec une idée préconçue, ni avec une direction précise. Si à l’occasion il avait une idée de départ, celle-ci était toujours vague et son développement, essentiellement circonstanciel. Ainsi, pour Hommage à Rosa Luxemburg, il faut savoir que la conception en séquences, les outils utilisés et les motifs réalisés sont tributaires des lieux et des circonstances. Le résultat démontre davantage une exceptionnelle capacité d’adaptation qu’une volonté réelle d’édifier une narration précise. Enfin, on a le sentiment, en parcourant la salle, que les responsables de l’accrochage ont manqué d’espace. Comme nous l’avons mentionné plus haut, cette dernière est nettement trop petite pour les ambitions du Musée, du moins celles qu’exprime son directeur, John Porter.

Souvent absent aux vernissages des expositions consacrées à ses œuvres, Jean Paul Riopelle n’a pas encore visité la salle. Il le fera en privé cette semaine. Il nous est donc impossible de livrer ici ses impressions. Cependant, et sans trop présumer, sa réaction risque d’être plutôt froide. Pour lui, l’accrochage a toujours constitué un élément primordial. Il a toujours porté une attention toute particulière à la disposition de ses œuvres. Cette exposition ne relève pas le défi. Toutefois, l’artiste et ses proches sont unanimement heureux que Hommage à Rosa Luxemburg se trouve désormais au Musée du Québec. Personne ne pointe du doigt l’initiative de l’institution. Seulement, plusieurs émettent le souhait qu’il s’agisse d’une première étape de ce qui deviendra un jour un véritable hommage à Jean Paul Riopelle. Si le Musée manque d’espace, pourquoi ne pas songer à construire un pavillon réservé exclusivement à l’œuvre de l’artiste? Une solution assurément plus complexe, donc plus onéreuse, mais la seule capable de rendre la réelle mesure de l’œuvre. Et puis, l’occasion serait belle d’y greffer, du moins en partie, les idées chères à l’artiste en établissant un lieu d’échange qui favoriserait les liens et les rencontres entre artistes, mais aussi avec le public. L’œuvre entier de Riopelle, inestimable, constitue une richesse collective indéniable. Il reste encore beaucoup à dire, à voir et à découvrir. Saurons-nous un jour en saisir la valeur réelle et lui accorder enfin la place qu’il mérite?