Arlene Shechet : Du spirituel dans l’art
Une certaine forme de spiritualité orientale, revisitée à la mode contemporaine, revient en force dans l’art contemporain. Après Mariko Mori et Irene F. Whittome, c’est au tour de l’artiste new-yorkaise Arlene Shechet d’aborder le spirituel avec sa dernière exposition.
L’artiste new-yorkaise Arlene Shechet, dont le travail fut porté à l’attention de René Blouin par Kiki Smith et Geneviève Cadieux, expose ces jours-ci chez le célèbre galeriste. La spiritualité est au rendez-vous. Sculptures de Bouddha et divinités hindous retravaillées avec des couches de plâtre et des couleurs vives trônent, impassibles aux outrages du temps. Malgré la simplicité de l’ensemble, la pureté de l’atmosphère ainsi crée nous a grandement séduit.
Nous aimons certes un peu moins la série de vases bleus (faits de papier et sur lesquels sont inscrits des plans de temples) posés sur un socle formé de leur double renversé. Même si cela est riche visuellement, ce n’est pas tout à fait nouveau. On pense bien sûr (entre autres) aux urnes de Thomas Schutte.
Il y a un intérêt très fort dans l’art contemporain pour une certaine forme de spiritualité orientale, revisitée à la mode contemporaine (comme chez la très branchée Mariko Mori, par exemple). Et c’est ici, dans l’esprit, cent fois mieux réussi que l’expo pseudo-méditative de Irene F. Whittome, au Centre Canadien d’Architecture, au début de 1999. On devra surveiller les développements sur la scène américaine du travail de cette artiste sur le berceau de qui de bonnes fées semblent s’être penchées.
Dans la petite salle, vous pourrez caresser du regard les peintures de François Lacasse, artiste ayant participé à plusieurs événements à la Galerie Jean-Claude Rochefort (dont un très remarqué solo en 96). Voilà un travail sur la texture d’un grand raffinement. Les acryliques et encres sur toile se font laque et matière onctueuse (on dirait par endroits du lait ou de la crème). Formellement, ça bouge aussi beaucoup. Le format rectangulaire devient par moments trapézoïdal, des tensions visuelles internes tirant ici et là les bords de ses peintures. Des trois grands tableaux qu’il expose, celui qui fait face à la porte d’entrée (Humeurs III) dénote un grand talent et se démarque nettement des deux autres, moins réussis, où des effes de splashing et de hachures sont plus faciles.
Jusqu’au 10 juin
À la Galerie René Blouin
Le retour des happenings
Les nocturnes de Post audio esthetic, à la Galerie Clark, sont les soirées branchées où il faut se montrer ces temps-ci à Montréal. Les vendredis et samedis (de 21 h à 1 h du matin), des artistes investissent, avec des performances corporelles et musicales, un espace conçu par Gennaro De Pasquale en collaboration avec Christian Miron et Antonin Sorel (pour la scénographie) ainsi qu’avec Jérôme Minière (pour les composantes sonores). Sans les interventions des artistes invités, l’espace qui ressemble à un magasin de disques n’est pas nécessairement emballant. Mais, la nuit venue…
L’automne dernier, nous avions beaucoup apprécié les soirées du Groupe Udo à la Galerie Clark. Pour notre grand plaisir, cette galerie semble très réceptive à ce renouveau des happenings. On espère que cette façon de faire donnera lieu à d’autres événements dans l’avenir. Cela change de l’habituelle idée d’une oeuvre figée dans le temps.
Des soirées sont prévues pour le vendredi 2 juin (avec, entre autres,Magalie Babin et Michel F. Côté, qui donneront une performance) et le 3 juin. Cela se poursuit les 16 et 17 juin. À ne pas manquer. Pour plus d’information, vous pouvez consulter le site de la Galerie Clark: www.cam.org/~clark.
Jusqu’au 17 juin
À la Galerie Clark
Pipilotti Rist: deux fois plutôt qu’une
Nous l’avons déjà écrit: pour sa première exposition, le conservateur de l’art contemporain au Musée des beaux-arts, Stéphane Aquin, a réussi un coup de maître. Celui de présenter Pipilotti Rist à Montréal alors qu’elle est en train de devenir l’une des vedettes du milieu de l’art international. L’artiste a signé des installations qui procurent un grand plaisir aux sens et à l’intelligence (ce qui, dans les expos vraiment réussies, va toujours de pai).
Il faut aussi aller expérimenter une autre installation vidéo que Rist a effectuée dans la petite salle de la Galerie Oboro. Certes, les monobandes qui y sont présentées le sont aussi au MBAM. Néanmoins, cela vaut une visite, puisque Rist a inventé pour cet espace une toute nouvelle installation avec une atmosphère très années 70. Elle a recréé une pièce d’un chalet avec une cheminée centrale descendant du plafond. On s’assoit sur des coussins ou des tapis, puis on choisit une vidéo. Cool. Nous vous conseillons en particulier
I’m not The Girl Who Misses Much qui reprend le refrain d’une chanson de John Lennon (Happiness Is a Warm Gun). Nous adorons. Bien qu’il date de 1986, c’est une des meilleures vidéos que nous ayons vues depuis plusieurs années.
Jusqu’au 11 juin
À la Galerie Oboro
Jusqu’au 6 août
Au Musée des beaux-arts de Montréal
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