Pierre Ardouvin – Écho : Les fables de la fontaine
Si vous aimez les artistes qui vous font plonger dans des univers inattendus, l’installation Écho de PIERRE ARDOUVIN saura vous surprendre. À la fois simple et efficace.
Pierre Ardouvin
ne fabrique pas, il assemble. Il ne transforme pas la matière, mais il s’approprie les objets communs et habituels qu’il confronte; des images qui n’ont ni finalité ni qualité artistique a priori. Ces images et ces objets, il les détourne, non sans une dose d’ironie. Dans l’espace de L’Oil de poisson, l’artiste français a installé une piscine hors terre remplie d’eau. Au fond du bassin de plastique turquoise, il a déposé six jets d’eau, des petites fontaines éclairées par des spots aquatiques. Un système de pompe permet la circulation de l’eau. Au-dessus, un plafond suspendu à deux mètres du sol, tel un écran, intercepte les mouvements de la lumière générés par les fontaines. Au fond de la salle, une autre projection, celle-là vidéo, montre des séquences d’explosions, schématiques et répétitives, provenant d’un dessin animé pour enfants.
Lors de sa première visite à Québec, Pierre Ardouvin a survolé la ville en avion et il a été frappé par la quantité de petites piscines de jardin peuplant les arrière-cours de bungalows. «La piscine, souligne l’artiste, on peut la considérer comme l’archétype du bonheur, au même titre que la voiture.» Sortie de son contexte habituel et déplacée dans un espace intérieur, elle devient habitée d’une autre réalité. À la fois risible et tragique. Depuis une dizaine d’années, le travail de Pierre Ardouvin convoque différents registres de sensations et de perceptions. Dans l’installation Écho, l’espace est transformé par le plafond suspendu et s’offre difficilement à une contemplation quelconque. En outre, cette installation mobilise, comme la plupart des pièces de cet artiste, à la fois la mémoire collective et individuelle. Ni strictement conceptuelles ni exclusivement formelles, on pourrait qualifier ces associations de… poétiques.
D’une intervention à l’autre, Pierre Ardouvin parvient, sans jamais chercher la formule, à étonner, voire à troubler en utilisant des objets et des matériaux souvent connus et banals. Même s’il s’approprie les objet usinés et que ses propositions s’apparentent à des «ready-mades aidés», elles n’ont pas leur radicalisme. Selon lui, «on est moins, actuellement, préoccupé par le statut de l’oeuvre ou par le statut de l’artiste. Cela fait désormais partie de la tradition de l’art contemporain.» En fait, le travail de Pierre Ardouvin contribue non pas spécifiquement à intégrer de nouveaux objets et de nouvelles images dans le champ de l’art, mais à imposer des déplacements et des associations incongrues, chargées de sens, qui transcendent la stricte matérialité des objets. Si la scène française de l’art contemporain est actuellement en effervescence, comme nous le précisait Pierre Ardouvin, il semble en être un des représentants dont il ne faudrait pas négliger le passage à Québec.
Jusqu’au 9 juillet
À L’Oil de poisson
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Bloc-notes
Traversée du siècle, traversée du fleuve
Si vous vous rendez bientôt à Lévis, il faut faire un petit détour à la Galerie Louise-Carrier où on présente l’exposition Traversée du siècle regroupant une sélection de la collection du Mouvement Desjardins. Un des premiers événements de cette envergure se déroulant à Lévis, siège sociale de l’entreprise.
Une quarantaine d’artistes sont représentés dans ce parcours du siècle où on retrouve plusieurs «grands noms» de l’histoire de l’art québécois. Mise à part la disparition de deux tableaux de Krieghoff et de Riopelle dérobés lors d’un vol le 6 juin dernier, l’exposition présente des pièces de Suzor-Côté, Cosgrove, des oeuvres d’artistes inuits; mais aussi les Borduas, Pellan, Dumouchel, McEwen et Simonin.
Ces oeuvres ont été rarement présentées au grand public, étant d’abord acquises dans le but «d’animer les aires de travail» chez Desjardins. Dès 1980, l’ensemble a été reconnu comme une collection d’entreprise qui compte désormais plus de 500 oeuvres. L’exposition itinérante soulignant le 100e anniversaire du Mouvement coopératif sera présentée à Jonquière et à Mntréal pour revenir ensuite au Domaine Cataraqui. À la Galerie Louise-Carrier, jusqu’au 3 septembre.
Du jeu et des interdits
Pierre Gaulin expose actuellement des pièces réalisées autour d’une réflexion sur la fascination qu’exerçaient les animaux au temps des grottes de Lascaux et celle, plus contemporaine, que suscite l’automobile. Des dessins d’êtres hybrides, mi-voiture, mi-animal, recouvrent une partie des murs de la galerie. Le jeu sur les traces de mains, comme on en retrouve dans l’art rupestre, découpées dans des feutres teintés de rouge, d’ocre et de jaune, réitère la dualité entre l’animal et la machine. À la Galerie Rouje, jusqu’au 25 juin prochain.