ArTboretum : Jardin d’ébène
La Maison Hamel-Bruneau invite à chaque deux ans des artistes à intervenir dans ses jardins. Cette biennale en art actuel est doublée de concerts, de conférences, de projections de films se déroulant pendant tout l’été. Scènes champêtres.
Pour cette édition de la biennale, le commissaire Guy Sioui-Durand a réuni quatre artistes, Yvan Binet, Louis Fortier, Lucie Robert et Sonia Robertson. Pendant une semaine, ils ont créé des oeuvres in situ. En plus des installations extérieures dispersées dans le jardin, on peut voir une exposition d’oeuvres des artistes dans les espaces intérieurs de la maison, en plus de deux tableaux de Marc-Aurèle Fortin chez qui, comme on le sait, l’arbre était un motif important. «Arboretum» est devenu ArTboretum sous la plume volubile de Guy Sioui-Durand, un terme qui se veut plus qu’un néologisme savant. Comme l’écrit le commissaire, les arbres «\possèdent en eux le temps cyclique des hommes. Garants de l’écosystème, ils sont aussi la source des mythologies, rituels, fables, et conceptions scientifiques à tous les âges…». Cette approche de la nature est doublée d’une volonté de «réfléchir les significations existentielles de l’art, de rééquilibrer l’éthique de nos rapports avec l’environnement…». C’est dans cette perspective que les quatre artistes ont été invités à s’inspirer des arbres du jardin.
Yvan Binet présente une immense photographie fragmentée en grands panneaux appuyés aux arbres. Depuis quelques années, cet artiste trafique l’horizon par le biais de manipulations photographiques. Cette fois, il a réalisé un portrait de sa mère assise au pied d’un grand arbre et a fait basculer l’image à l’horizontal. Les interventions photographiques dans l’environnement comportent des difficultés particulières d’intégration. Si elles ne sont pas totalement résolues ici, les photographies d’Yvan Binet présentées à l’intérieur convainquent davantage. Tantôt, elles confondent l’image de l’arbre à l’objet lui-même, tantôt elles se jouent des lignes de l’eau et de celles de l’écorce. Quant à Louis Fortier, il a suspendu aux arbres des centaines de petites têtes moulées, semblables à des pommes d’or. Golden Dolly réfère à la fois à l’ancien verger occupant jadis les terres environnan la maison, de même qu’aux mutations actuelles produites par le clonage. Une question en opération dans le travail de cet artiste, autant par le procédé même de moulage (duplication) que dans la monstruosité et la peur que le clonage évoque; en témoignent aussi les pièces présentées à l’intérieur de la maison.
L’installation La Femme en pot, de Lucie Robert, est l’oeuvre la plus monumentale de la biennale. Cette artiste, bien connue pour son travail interdisciplinaire, ses dessins et ses sculptures, a construit un immense pot au pied d’un des grands arbres. L’installation de structure de métal et de moustiquaire est aussi simple que percutante et tout à fait intégrée à l’environnement. Il faut souligner la présence des très beaux dessins de Lucie Robert présentés à l’intérieur de la maison L’installation sonore Prière de l’artiste autochtone Sonia Robertson est l’intervention la plus mystérieuse d’ArTboretum. Par un dispositif de petits fils et de haut-parleurs, l’artiste nous transmet la voix d’un érable jusqu’à l’intérieur de la maison par de longs colliers faits de 40 000 perles. La «voix» de l’arbre se confond à d’autres sons provenant de petits haut-parleurs incrustés dans l’arbre. «L’art éphémère, comme le précise Guy Sioui-Durand, donne une grande importance au processus de création et aux relations avec le site et le public.» L’exposition ArTboretum semble atteindre ces objectifs. D’autant plus que les quatre artistes ont quitté avec regret ce lieu champêtre, en nous laissant pour tout l’été d’heureux résultats, des pièces qui rendent compte autant de plusieurs approches artistiques que des multiples façons d’envisager les arbres qui nous entourent.
Jusqu’au 20 août 2000
À la Maison Hamel-Bruneau
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Éco Art
Décidément, les événements artistiques extérieurs se multiplient, pour le plus grand plaisir du public et des artistes. Éco Art, organisé par Paule Genest et Luc Bourdages en colaboration avec L’Autre Caserne de Limoilou et l’Office franco-québécois pour la jeunesse présente les interventions éphémères de huit artistes au Domaine Maizerets. Chantal Bouchard, Mathieu Carpentier, Jean-Robert Drouillard, Peio Elicery, Marianne Fourcaudot, Sébastien Roy, Caroline Savard et Nancy Saint-Hilaire y ont fait leurs premières expériences d’intervention environnementale. Le groupe se rendra du 16 au 31 juillet dans la région de Bordeaux et une équipe française fera un saut au Québec en 2001. Jusqu’au 2 juillet, au Domaine Maizeret, 2000, boul. Montmorency.