Guy Le Querrec : Objectif jazz
Alors que toute la ville se met à l’air du jazz, la Galerie Mistral expose une série d’images de grands musiciens, prises sur le vif par Guy Le Querrec. De Miles Davis à Dizzy Gillespie, en passant par Charles Mingus.
Depuis son ouverture, il y a trois ans, la Galerie Mistral organise, au même moment que le Festival de Jazz, une expo photo dédiée à ce courant musical issu de la culture noire américaine. L’an dernier, l’événement était consacré aux femmes ayant marqué l’histoire de cet art. Cet été, le photographe Guy Le Querrec nous offre un regard intimiste sur ce genre de musique très prisé des Montréalais.
Cet artiste français a croqué, en noir et blanc, toutes les grandes vedettes du jazz. Parfois dans des moments assez privés. Cela donne une série d’images prises sur le vif dans des aéroports, des autobus mais aussi dans des chambres d’hôtels. Il a ainsi tiré le portrait de tous les grands noms: Miles Davis, Ray Charles, Carla Bley, Max Roach, Dizzy Gillespie, Charles Mingus, Michel Petrucciani… La crème de la crème!
Membre de la célèbre Agence Magnum, Le Querrec nous propose ici une série de photos documentaires bien réussies, dont quelques-unes fort originales, même si elles ne renouvellent pas le genre.
Dans la petite salle, une sélection de la collection de photos de la Galerie accompagne cette expo. Celle-ci est bien impressionnante et permettra aux amateurs de revoir des clichés de plusieurs photographes connus. À travers les tirages présentés, c’est à une courte histoire de ce médium que nous sommes conviés. Y sont présents: Atget, Saudek, Edgerton… Je retiens personnellement la superbe image de la danseuse et chorégraphe Martha Graham, saisie par l’objectif de Barbara Morgan. Une expo d’été qui se regarde avec plaisir.
Jusqu’au 22 juillet
À la Galerie Mistral
L’architecture comme éthique de vie
L’architecture permettrait de façonner les identités nationales. C’est ce qui sous-tend L’idée de la grande ville: l’architecture moderne d’Europe centrale, 1890-1937, présentée au Centre canadien d’architecture (CCA). C’est une bien belle hypothèse de réflexion. Et elle est démontrée avec grande précision. Après avoir vu cette epo, le projet de la Grande Bibliothèque, qui sera érigée au Quartier Latin, prend soudainement un autre sens…
En visitant les salles du CCA, nous comprenons comment l’architecture a pu participer, en effet, au rêve moderniste d’un projet collectif de rénovation sociale. Comme l’indique un texte explicatif figurant dans une des salles, les architectes ont été perçus comme «initiateurs d’un nouvel ordre social et éthique». Sans aller jusqu’à cette vision très utopique, en parcourant les salles du CCA, on se dit qu’il n’y a pas assez,d de nos jours, dans nos villes occidentales, de projets urbanistiques d’envergure qui rendraient nos vies quotidiennes un peu plus agréables.
Toutefois, cela reste un peu trop au niveau de la démonstration théorique. En ne plongeant pas assez dans l’architecture comme plaisir de vivre. Ceux qui s’intéressent déjà à l’art architectural se délecteront de la quantité d’information recueillie. Mais le public peu averti risque d’être beaucoup moins séduit; quoiqu’on se soit efforcé de la rendre plus agréable grâce à des extraits de films d’époque. Vous y verrez Vienne et Zagreb au début du siècle, Prague et Budapest dans les années 20 et 30. Dépaysement garanti.
Dans la salle Paul-Desmarais, tous les jeudis soir à 18 h (ainsi que du mardi au vendredi à 15 h, et les samedis et dimanches à 12 h 30 et 15 h), une série de films, ayant comme sujet l’Europe centrale et de l’Est, complète ce panorama architectural. Le 6 juillet sera projeté The Shop Around the Corner d’Ernst Lubitsch; le 13 juillet, c’est le Rosa Luxembourg de Margarethe von Trotta qui sera à l’affiche. Renseignements: (514) 939-7026 ou le site Web www.cca.qc.ca Jusqu’au 15 octobre
Au Centre canadien d’architecture
Fenêtre sur le monde
Après quelques années durant lesquelles elle a exploré une peinture à la limite de l’abstraction, l’artiste Sophie Lanctôt revient à une figuration dépouillée. Chez Éric Devlin, elle expose, en cemoment, cette charnière dans sa production.
Parmi les tableaux présentés, nous avons particulièrement aimé les quatre grands formats qui sont comme des vues à travers une fenêtre. On y perçoit une série d’espaces évanescents, avec une atmosphère fantomatique plus suggérée que décrite. Les deux grandes peintures rouges rehaussées de vert nous ont semblé extrêmement bien construites autant par la couleur que par la composition. Nous y décelons une certaine référence à la peinture de Giacometti. Mais, heureusement, cela tient plus d’un libre hommage que de la soumission aux modèles du maître. Nous avons été cependant un peu moins touché par les peintures – presque abstraites et parfois un peu trop simples – faisant penser à des champs parcourus par des barrières.
L’expo se termine officiellement demain, le 30 juin, mais le galeriste Éric Devlin recevra sur rendez-vous la semaine prochaine. Renseignements: (514) 866-6272.