De Renoir à Picasso : Chefs-d’oeuvre du Musée de l’Orangerie
Des tableaux de Cézanne, Matisse et Picasso, on ne se lassera jamais. L’exposition des chefs-d’oeuvre du Musée de l’Orangerie en est la preuve. Autant les initiés que les curieux y trouveront leur compte.
L’exposition De Renoir à Picasso: chefs-d’oeuvre du Musée de l’Orangerie regroupe 80 tableaux de la collection Walter-Guillaume. Une collection constituée pendant la première moitié du XXe siècle par le marchand d’art Paul Guillaume (1891-1934) et poursuivie par sa veuve, remariée à l’architecte Jean Walter, qui la céda aux musées français à partir de 1966. Sur le rôle de cette femme, on en apprendra peu, même s’il a été déterminant, autant dans le choix des oeuvres que dans la fortune de la collection. Aujourd’hui, le Musée de l’Orangerie, profitant du répit provoqué par la rénovation de ses bâtiments, fait voyager sa collection comprenant des tableaux de plusieurs grands noms de la peinture française: Renoir, Monet, Cézanne, Rousseau, Matisse, Modigliani, Soutine, Laurencin, Utrillo, Derain et Picasso. Encore une autre exposition sur la peinture de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, me direz-vous? On semble, en effet, ne pas se lasser d’étudier et de faire voyager l’art de cette fin de siècle. On le sait, ces artistes attirent les foules et on ne s’étonnera pas que cette exposition y réussisse à nouveau.
Même si on connaît déjà plusieurs oeuvres de ces peintres, qu’on a pu en voir dans différents musées, l’exposition du Musée des Beaux-Arts parvient quand même à maintenir notre intérêt. La présentation des oeuvres est chronologique et claire; absolument conventionnelle, mais des plus efficaces. En fait, on ne se lasse pas de voir et de revoir les tableaux de ces grands peintres. Que ce soit les constructions exceptionnelles de Paul Cézanne (1839-1906), ses natures mortes, ses superbes paysages et ses portraits, ou bien les tableaux d’Henri Matisse (1869-1954), chez qui il est toujours fascinant de contaster que la couleur «est l’objet même de la peinture» comme le souligne la publication du Musée. Quel plaisir de contaster à nouveau comment chez Matisse, un même coup de pinceau devient tantôt un sourire, tantôt comme un motif de tapisserie.
La collection réserve plusieurs bonsmoments, comme la présence de grands tableaux d’Henri Rousseau (dit le Douanier) (1844-1910), ce peintre autodidacte, qui a su facilement se soustraire aux conventions artistiques provoquant ainsi l’admiration des peintres cubistes. Enfin, une des surprises de cette exposition est sans doute la peinture de Chaïm Soutine (1893-1943), qu’on a rarement l’occasion de voir ici. On se réjouit de la découverte de ses tableaux aux larges traits vifs, expressifs et tourmentés, comme Le Village de 1923. Des tableaux à mille lieues de la gentillesse des baigneuses d’un Renoir! Au fil des 80 tableaux, notre attention s’est arrêtée aux oeuvres où l’importance des sujets s’amenuise pour laisser voir la peinture elle-même, le dessin, la couleur ou la composition. Un intérêt propre à la peinture moderne, apparemment partagé par les collectionneurs Walter et Guillaume, dont les 80 tableaux présentés en ce moment au Musée des Beaux-Arts témoignent.
Jusqu’au 15 octobre
Au Musée des Beaux-Arts de Montréal
Bloc-notes
1900, Art nouveau
Nous vous avons à peine glissé quelques mots sur l’exposition 1900, Art nouveau se déroulant pendant tout l’été au Domaine Cataraqui. Et pourtant, c’est une des destinations estivales des plus intéressantes. Le style «art nouveau» est avant tout un style appliqué aux arts décoratifs et s’inspire des formes végétales et géométriques. On en retrouve les influences dans l’architecture, la décoration, l’illustration. Le terme «art nouveau» reprend le nom d’un magasin ouvert par Siegfried Bing en 1896. Si en France et en Angleterre on le désignait ainsi, en Allemagne, c’est la revue Jugend (Jeunesse) qui donna son nom au mouvement Jugendstill.
Quant aux années 1900, on s’en doute, elles furent effervescentes. C’est l’heure de l’émergence de grands projets industriels comme le rappelle la documentation photographique présentée dans les salles du Domaine. C’est à cette époque que l’on a consruit la Tour Eiffel, qu’a eu lieu l’Exposition universelle à Paris et aussi… les péripéties de la construction du Pont de Québec. C’est aussi l’époque des magnifiques créations architecturales de Gaudi à Barcelone. En plus de la documentation visuelle attestant des influences de l’art nouveau à l’égard des productions industrielles, l’exposition regroupe plusieurs affiches, des tableaux, des vêtements, des bijoux et des vitraux. En tout, une centaine d’objets répartis dans les huit salles du Domaine. À voir jusqu’au 4 septembre prochain.