Une expérience de l’art du siècle : La marche du siècle
Le Musée d’art de Joliette nous convie à une histoire de l’art du vingtième siècle suivant un parcours chronologique qui accorde une large place à la photographie. Un intelligent panorama.
Depuis l’arrivée de France Gascon à sa direction, en 1994, le Musée d’art de Joliette nous a proposé plusieurs très bonnes expositions: Raymonde April, Clara Gutsche, La Caméra dans l’ombre, Peter Krausz… La dernière en date, intitulée Une expérience de l’art du siècle, ne fait pas exception. Voilà une expo qui a du panache et même de l’ambition. Car c’est tout simplement à une histoire de l’art du siècle passé que nous sommes conviés! Cent oeuvres – une par année – º composent un intelligent parcours de cette époque mouvementée.
Certes, puisque maintenant le XXe siècle est achevé, l’heure est au bilan. Mais le Musée d’art de Joliette avait-il dans ses collections de quoi dresser un portrait assez juste du siècle de toutes les expérimentations? Eh bien, oui! Certes, le point de vue proposé est surtout centré sur l’art québécois. Mais c’est tant mieux. Ce genre de panorama historique devient une expérience intéressante lorsqu’il est constitué à partir d’une perspective particulière.
Et non pas en réitérant nécessairement la conventionnelle liste de grands noms internationaux que l’on retrouve de toute façon dans tous les principaux musées d’art moderne et contemporain des grandes villes occidentales. De plus, notre époque est à la réappropriation, à la fin des grands discours. L’an dernier, Michel de Broin, chez Skol, avec des moyens assez simples mais visuellement très riches, nous avait déjà montré comment il était possible et passionnant de constituer un résumé très personnel de l’aventure de l’art au XXe siècle.
Néanmoins, même si le point de vue principal est majoritairement québécois et canadien, le spectateur pourra tout de même réaliser que notre culture n’était pas déphasée par rapport au reste du monde. En étant, de plus, souvent originale dans sa vision des grandes questions esthétiques et sociales de notre ère. Les pièces d’artistes plus internationaux, qui ponctuent çà et là le parcours, permettent des comparaisons plus souvent qu’autrement avantageuses pour nos artites. Et cela en particulier depuis la Seconde Guerre mondiale. Ainsi Guido Molinari voisine avec Frank Stella; Betty Goodwin et Jana Sterbak côtoient Kiki Smith.
Pour un musée régional, le Musée de Joliette possède une collection plus que satisfaisante avec plusieurs curiosités. Notons en particulier la qualité de ses avoirs en photographie. On y retrouve Gabor Szilasi, John Max, Diane Arbus, Evergon, Angela Grauerholz, Weegee, Pierre Boogaerts, Bill Vazan, Roberto Pellegrinuzzi…
La richesse de cette expo réside aussi dans le choix de grands thèmes qui viennent interrompre et compléter, par une autre centaine de pièces, ce parcours chronologique. Bien sûr, on y parle de l’industrialisation, de la vie urbaine, mais aussi – questions fondamentales pour le XXe siècle – de la sexualité, du corps humain et de la représentation de ce qui échappe au visible…
Voilà donc un intelligent panorama de l’art du siècle écoulé. C’est une bonne idée que l’on doit encore à la directrice du Musée et qui a été élaborée avec brio par la conservatrice Anne-Marie Ninacs.
Pour compléter votre visite, nous vous suggérons de consulter le site Internet créé pour l’occasion: http://collections.ic.gc.ca/millenaire/
Il est tout simplement extraordinaire. Vous pouvez y voir une grande quantité d’oeuvres ainsi que les textes de présentation.
Jusqu’au 1er octobre
Musée d’art de Joliette
Voir calendrier Arts visuels
À signaler
Vous vous demandez quel est l’artiste qui a réalisé l’immense monolithe érigé dans le parc La Fontaine? (Olivier Debré) Ou celui qui a conçu la série de grands drapeaux rayés au coin Sherbrooke et avenue du Parc-La Fontaine? (Daniel Buren) Avec Cobalt Art Public, vous pouvez en apprendre plus sur l’art dans notre milieu urbain. Cet organisme réalise à travers la ville unesérie de visites guidées intitulée Le génie du lieu. Belle initiative!
Car Montréal est malgré tout une ville riche en art par rapport à l’ensemble du Canada. Depuis la sculpture publique (la première au pays) de Nelson, érigée en 1809 sur la place Jacques-Cartier, la ville de Montréal s’est dotée de près de 90 oeuvres d’art public! Et toutes n’ont pas subit le triste sort de Mémoire ardente de Gilbert Boyer (qui fut déplacée du Vieux-Montréal sans trop de ménagement) ou des pièces de Mousseau replacées à la va-vite (et parfois sens dessus dessous) après des travaux dans le métro Peel.
Cobalt Art Public propose quatre circuits pédestres: parc La Fontaine, Place des Arts / Complexe Desjardins, Vieux Montréal, Mont-Royal. Vous y verrez des réalisations de Pierre Granche, Marcelle Ferron, Françoise Sullivan, Michel Goulet… Cela coûte 10 $ par personne (5 $ si vous êtes détenteur de la carte Accès-Montréal). Les visites se font les dimanches à partir de 14 heures.
Jusqu’au 3 septembre.
Renseignements: (514) 526-6251.