Arts visuels

Manifestation internationale d’art de Québec : Faire décor

Organisée par l’Oil de poisson, sous la supervision de Stéphane Carron et de la commissaire Andrée Daigle, cette première édition de la Manifestation internationale d’art de Québec «vise à établir une plate-forme en vue de favoriser la diffusion du travail des artistes d’ici, de faire éclater le cadre habituel des centres d’artistes et de rejoindre un plus large public». L’organisation veut ainsi attirer les regards d’ici et d’ailleurs sur la vie artistique de Québec. Cette manifestation s’intègre à un paysage local de l’art contemporain qui compte déjà deux événements internationaux d’une envergure non négligeable. Elle vient en effet joindre les rangs de la Rencontre internationale d’art performance du Lieu qui réunit, depuis 1984, des artistes de divers pays et les Rencontres internationales en arts visuels de La Chambre blanche regroupant depuis 1998 des artistes de l’installation in situ. La spécificité de ce nouvel événement international? Son intérêt pour de multiples formes d’arts visuels, autant pour la vidéo, la photographie, que pour la peinture et la sculpture, en passant par le design et le cinéma.

C’est sous le thème de l’ornementation qu’ont été invités les artistes à participer à cette première édition. Un thème qui permet un questionnement autant sur l’art que sur nos «conduites quotidiennes» (vêtements, objets ou espaces). Contrairement au décoratif «gratuit et futile» – et dont se méfie à juste titre l’univers de l’art – l’ornementation a ceci de particulier qu’elle participe à une recherche de sens. C’est justement cette quête de sens qui est au centre de la réflexion de la commissaire. Comme l’écrit Andrée Daigle: «Historiquement, l’ornementation entretient un rapport étroit avec la symbolisation. Elle dérive des sacrifices rituels, de la dépense qui fait office d’offrande et de gloire, de la représentation dans l’espace public ou du marquage symbolique du corps.» L’ornementation, à la fois inutile et signifiante, c’est aussi «toute forme ajoutée à une structure» On comprendra que ce thème peut embrasser plusieurs productions artistiques actuelles.

Les lieux investis, de même que les artistes participants, promettent une tournée fort intéressante, dont voici un aperçu. Du côté des invités étrangers, soulignons la présence des Français Jorge Orta (au Musée du Québec) et Frédéric Ollereau, du Belge Vim Delvoye (un des incontournables de l’événement) et de la Londonnienne Sharon Kivland. Les pièces de l’artiste Spring Hurlbut, un travail sur l’architecture qui éclaire particulièrement le thème de cette première édition, sont présentées à l’Oil de poisson. Avec «la pollution comme ornementation», le collectif BGL s’amarre sur la rivière Saint-Charles. Trois églises sont aussi investies par Johan Creten, Claudie Gagnon, Laura Vickerson et Carl Bouchard. Un des lieux principaux de la manifestation, trois vastes étages de l’édifice Mozart situé sur la rue Saint-Joseph, accueille les oeuvres d’une vingtaine d’artistes, notamment celles d’Yvonne Lammerich, de Nathalie Lafortune, de Richard Purdy, de David Naylor, de Carole Baillargeon et d’Isabelle Laverdière. On pourra voir les montages fous de Florent Veilleux à bibliothèque Gabrielle-Roy et les tapisseries de Marcel Marois à la Galerie des arts visuels. Nous en reparlerons…

Du 1er septembre au 15 octobre
En différents lieux

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Bloc-notes
Même les cigales dormaient

Les éditions J’ai VU, une nouvelle maison d’édition s’intéressant à la photographie, viennent tout juste de publier une monographie du photographe et cinéaste Michel Lamothe. Photographe sans caméra, Lamothe utilise depuis 20 ans le sténopé (boîte noire rudimentaire et artisanale, sans lentille) ainsi que des photogrammes de films grandis. Même les cigales dormaient nous plonge dans l’univers poétique de Lamothe. Préfacée ar Marie-Lucie Crépeau, cette monographie comprend aussi deux très beaux textes de Philippe Dubois (l’auteur de L’Acte photographique) et de Martha Langford. Même les cigales dormaient, de Michel Lamothe, Éditions J’ai VU, 2000, 96 p.

Botaniste en herbe
À moins d’être mordu de botanique, l’exposition Pages d’un herbier, présentée depuis un moment à la Villa Bagatelle, ne comble pas toutes les attentes. Bien que la sélection de quelque 70 spécimens de l’Herbier Louis-Marie de l’Université Laval soit, en elle-même, digne d’intérêt et les textes fort instructifs, l’iconographie scientifique qui l’accompagne déçoit. On y présente des reproductions des dessins et des gravures inspirés des fragiles pages de l’herbier; des reproductions qui n’ont évidemment pas les qualités des origiaux. Bref, puisqu’il est question ici d’arts visuels, on avoue être resté sérieusement sur notre faim. Jusqu’au 1er octobre à la Villa Bagatelle.